Présidentielle en Egypte : à quel pourcentage Al Sissi sera plébiscité ?

Sans concurrent de poids, son second bail au Palais El Orouba du Caire est assuré d’avance. Après avoir écarté de la course tous les candidats qui ambitionnaient de lui barrer la route, il ne reste plus à Abdel Fattah Al Sissi qu’à « légitimer » son second mandat par les urnes avec le vote qui s’ouvre ce lundi 26 mars pendant trois jours. A défaut de suspense, la seule donnée que scrutent les observateurs reste le taux de participation de ce plébiscite forcé.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

L'on aurait pu épargner aux quelques électeurs égyptiens -parfois appâtés avec des denrées pour se déplacer- de se rendre aux urnes, du 26 au 28 mars, pour « choisir » leur président. Dans une élection dont le résultat est connu d'avance, la seule surprise qui peut émerger des urnes reste le taux de participation.

Abdel Fattah ou Al Sissi, l'alternative d'un simulacre électoral

En attendant, le simulacre électoral doit avoir bien lieu pour contenter une communauté internationale amorphe face à la dérive autoritaire du régime d'un pays qui a connu, il y a sept ans, une révolution dans le sillage du « Printemps arabe ». Pour la présidentielle qui s'ouvre aujourd'hui, une seule alternative est laissée aux électeurs égyptiens. Choisir entre le président sortant Abdel Fattah Al Sissi, entré par effraction en 2012 avant d'être élu au Palais deux années plus tard, et son admirateur devenu opposant provisoire, sans poids sur les enjeux de cette élection paramétrée pour la victoire du premier.

Avec le spectre d'une « nouvelle Libye » agitée en épouvantail, le président égyptien n'a pas hésité à décréter une guerre contre les terroristes du Sinaï pour anticiper les réprimandes des puissances « démocratisantes » sur le processus « électoral ». Silence par exemple de la France, « pays des droits de l'Homme », premier fournisseur d'armes de l'Egypte.

Candidats mis hors jeu, Al Sissi vers la "présidence à vie"

Avec l'aval des sécurocrates et avec une justice parfois aux ordres, les candidats d'une opposition qui voulait faire bloc, ont tour à tour été écartés sous les motifs les plus fallacieux. L'avocat Khaled Ali, déjà candidat en 2012, le colonel Ahmed Konsowa, Mohamed Annouar Al Saddate, Ahmed Chafik et le général Sami Hafez Annan ont tous été mis sur la touche pour le match électoral quand ils ne sont pas désisté d'eux-mêmes sous la pression des redoutables services de sécurités ou d'une menace judiciaire.

Seul face à Moussa Mustafa Moussa, un soutien de la première heure de sa politique, Abdel Fattah Al Sissi s'achemine vers un second mandat. C'est avec un taux de participation de 47% -en baisse de 4%- qu'il a raflé les près de 97% des 25 millions d'électeurs. Les observateurs les plus avertis laissent entendre qu'une participation moins importante signifierait un désaveu de la politique et peut-être même de la personnalité du général-président.

Mais nul doute que celui qui menace déjà ses compatriotes qui se risqueraient à une « Révolution Bis », a déjà pris les devants pour s'assurer une confortable « légitimité » des urnes. Cette dernière sera nécessaire pour un président à qui, en dépit de ses dénégations, on prête la tentation de modifier la constitution et s'assurer un troisième mandat. Une porte aménagée pour le Pharaon Al Sissi vers la présidence à vie.

Ibrahima Bayo Jr.

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