Ouganda : l'enlisement de la dette inquiète la Banque centrale

La Banque centrale ougandaise vient d’alerter le gouvernement sur son niveau d’endettement et les risques liés à la hausse des coûts d’entretien d’une ardoise de 15,1 milliards de dollars, dont les deux tiers ont été contractés à l’international. Kampala pourrait se retrouver en situation de défaut de paiement, alors que sa croissance économique est loin d’avoir progressé entre 2016 et 2017.
(Crédits : DR)

La situation de la dette ougandaise inquiète de plus en plus. En effet, les dettes de Kampala ont presque triplée ces trois dernières années, pour atteindre plus de 50% du PIB. Une situation qui fait craindre aux autorités ougandaises le scénario de défaut de paiement, vu que selon la Banque centrale près de deux tiers de ces emprunts sont externes.

La dette dépasse 50% du PIB

Le régulateur bancaire a d'ailleurs alerté les autorités dans un rapport intitulé «State of the Economy» sur les implications qu'aurait une hausse des coûts de l'entretien des 15,1 milliards de dollars de dettes sur les finances publiques et sur la croissance économique, notamment sur la capacité étatique à mobiliser des investissements.

Sur les dix dernières années, l'Ouganda a multiplié les emprunts à l'international, notamment en provenance de Chine. Des crédits dédiés au financement de projets d'infrastructure : routes, centrales électriques, réseaux câblés ou encore une expansion aéroportuaire. Pour rappel, la dette ougandaise ne dépassait pas les 6 milliards de dollars en 2015.

La hausse de l'intérêt inquiète

Le niveau de dette actuel représenterait pour l'Ouganda, «un risque d'exposition plus élevée ou de non-respect des obligations de la dette extérieure en cas de volatilité des taux de change et de croissance lente des exportations». Un constat partagé par le ministère des Finances qui a exprimé son inquiétude sur les remboursements d'intérêts lors de l'année fiscale 2018-2019 qui devraient consommer 17,3% des dépenses de l'Etat.

L'Ouganda fait partie d'un certain nombre de pays africains ayant eu recours à des crédits «bon marché» pendant la période d'assouplissement quantitatif et qui doit maintenant faire face à la hausse des coûts d'intérêts au fur et à mesure que les taux des marchés développés grimpent. Le Ghana, le Mozambique, l'Angola, le Tchad et le Gabon font également face à la même situation. Les difficultés enregistrées en 2017 par l'économie ougandaise (faible production agricole et ralentissement des exportations...) ont fait passer le taux de croissance de 4,8% en 2016 à 3,9% en 2017.

La découverte de pétrole non loin de la frontière avec la RDC, dont les champs seront exploitables en 2020, pourrait soulager à terme la pression des créanciers internationaux sur Kampala. En attendant, le gouvernement a annoncé son intention d'augmenter sensiblement ces niveaux d'emprunt intérieurs par rapport à ses prévisions budgétaires initiales, pour pouvoir s'acquitter du paiement des salaires des fonctionnaires, suite au déficit enregistré au niveau des recettes publiques.

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