Quel bilan pour le Sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg  ?

Entre renforcement des partenariats économiques, effacement d'une partie de la dette et plaidoyer pour une meilleure représentativité de l'Afrique dans le concert des nations, Vladimir Poutine a multiplié les annonces pour séduire les 49 délégations africaines qui s'étaient rendues en Russie, les 27 et 28 juillet derniers.
Azali Assoumani, président des Comores et président en exercice de l'Union africaine, et Vladimir Poutine, président de la Russie, lors du 2e Sommet Russie-Afrique.
Azali Assoumani, président des Comores et président en exercice de l'Union africaine, et Vladimir Poutine, président de la Russie, lors du 2e Sommet Russie-Afrique. (Crédits : DR.)

« Je tiens tout particulièrement à souligner les très bonnes conditions qui ont été créées pour faire de ce sommet un véritable succès », a déclaré Azali Assoumani, président des Comores et président en exercice de l'Union africaine (UA), ajoutant : « Quand la Russie gagne, l'Afrique gagne », en conclusion du Sommet Russie-Afrique, le 28 juillet.

En effet, bien que le nombre des chefs d'État africains était moins important qu'à Sotchi (17 présidents en 2023 contre 45 en 2019) et malgré quelques grands absents (Alassane Ouattara ou Félix Tshisekedi qui s'apprêtait à inaugurer les Jeux de la Francophonie), la présence de 49 délégations africaines manifeste de la bonne tenue des relations russo-africaines. « Le chiffre du commerce de la Russie avec les pays d'Afrique a augmenté en 2022 pour atteindre presque 18 milliards de dollars américains », avait d'ailleurs souligné le président russe dans une missive adressée aux délégations africaines, le 24 juillet, à quelques jours du Sommet.

Vladimir Poutine a profité de ce Sommet pour appeler au rapprochement de la ZLECAf (zone de libre-échange continentale africaine qui compte près de 1,3 milliard de consommateurs) avec l'Union économique eurasienne (UEE) qui réunit la Biélorussie, le Kazakhstan, la Russie et l'Arménie et qui représente un marché de plus 184 millions consommateurs.

Le volume du commerce extérieur entre l'Union africaine (UA) et les pays de l'UEE a « augmenté de 60 % en sept ans » pour atteindre près de «19 milliards de dollars (...) Dans le même temps, les exportations de l'UEEA vers les marchés africains ont augmenté de 74%, les importations de 15,5% », s'est félicité Dmitry Volvach, vice-ministre du Développement économique, lors de la session « UEEA-Afrique : horizons de coopération », programmée au cours du forum économique.

Plus d'une centaine d'accords signés à Saint-Pétersbourg

Si les stands dédiés à l'armement ont connu un certain succès, Vladimir Poutine a cherché à s'extraire du « tout militaire ». L'heure est à la diversification des partenariats russo-africains. Plus de 120 contrats et mémorandums d'entente ont été signés pendant ces 48 heures de rencontres et un plan d'action triennal a été mis en place pour développer la coopération économique, politique et culturelle entre l'Afrique et la Russie.

De l'aviation civile au Burkina Faso aux douanes en Ethiopie, en passant par le Comité olympique en Eswatini, les partenariats concernent tous les secteurs d'activités. L'Ouganda et la Russie ont notamment annoncé la signature d'un accord pour la construction d'une centrale nucléaire (en 2019, l'Ouganda signait un accord intergouvernemental avec Moscou, pour renforcer les capacités d'exploitation de la technologie nucléaire).

Parallèlement, la question de la dette des pays africains s'est invitée dans les débats. « La Russie participe aux efforts visant à alléger le fardeau de la dette des pays africains », déclara Vladimir Poutine lors de son intervention en plénière, ajoutant que « le montant total de la dette annulée s'élève à 23 milliards de dollars ». Dès le 27 juillet, la Russie accordait un allègement de 684 millions de dollars à la Somalie dont la dette s'élève à près de 4,6 milliards de dollars. Vladimir Poutine annonça également le déblocage de 90 millions de dollars d'aide au développement.

Enfin, sur le plan de la sécurité alimentaire, le président russe a promis, dès l'ouverture du Sommet, « des livraisons gratuites de 25 000 à 50 000 tonnes de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l'Érythrée ».

L'Afrique attend plus de coopération avec Moscou

« Malgré l'excellence de leurs relations politiques, l'Afrique et la Russie ont encore des efforts à faire pour donner un contenu plus consistant à notre coopération économique », a déclaré le président sénégalais Macky Sall, non sans rappeler « le potentiel » d'un tel partenariat. « L'Afrique, c'est 30 millions de Km2, plus d'un 1.3 milliard d'habitants. La Russie, c'est plus de 17 millions de km2 et plus de 144 millions d'habitants. Ensemble, notre continent et votre pays constituent un géant démographique et disposent de l'essentiel des ressources naturelles de la planète. Nous avons donc de quoi coopérer dans quasiment tous les domaines : agriculture et agroalimentaire, infrastructures, hydrocarbures, mines, transport, industrie et TIC pour ne citer que quelques secteurs », a-t-il ajouté.

En 2019, la Russie ambitionnait de doubler le volume de ses échanges avec l'Afrique. Quatre ans plus tard, la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont bouleversé les prospectives russes et les résultats sont en deçà des attentes. Le commerce entre l'Afrique et la Russie n'avait progressé que de 7 % l'an dernier et l'influence russe en Afrique s'est surtout illustrée sur le terrain militaire à travers la présence grandissante de la milice Wagner, et dans le domaine de la guerre informationnelle 2.0 qui oppose Paris à Moscou.

Enfin, le président russe est largement revenu sur la place de l'Afrique dans le concert des nations (eu égard à la mission d'intermédiation de juin dernier sur le conflit qui oppose l'Ukraine à la Russie), plaidant pour une meilleure représentativité internationale des pays africains et appelant à l'instauration d'un « ordre multipolaire » dépourvu de « colonialisme ».

Au terme de cette rencontre, les pays participants au Sommet Russie-Afrique ont adopté une déclaration commune dans laquelle ils ont convenu d'élargir leur coopération politique, sécuritaire, commerciale, économique et climatique.

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