Face à la surproduction, la Côte d'Ivoire lance un audit de la filière cacao

Afin de tirer une leçon des échecs actuels de la filière et de comprendre le phénomène d'effondrement des prix du cacao, les autorités ivoiriennes viennent de décider d'auditer le système de commercialisation du conseil cacao-café. Cet audit sonne l'heure du bilan d'un secteur qui a porté l'économie ivoirienne depuis plus de 20 ans.

La filière cacao de la Côte d'Ivoire est en crise. Une situation qui suscite des inquiétudes autour de la commercialisation de cette denrée stratégique. Afin de dissiper ses doutes, le gouvernement a décidé d'auditer le système de commercialisation.

Les autorités ont pris une série de mesures dont « la mise en place d'un comité interministériel présidé par le Premier ministre en vue d'accélérer le processus de retour à la normalisation et la réalisation d'un audit du système de commercialisation du Conseil du Café-Cacao », a confié le ministre de l'agriculture Mamadou Sangafowa Coulibaly.

Avec une production supérieure aux prévisions et les planteurs qui ne trouvent plus d'acheteurs pour leurs fèves et qui ont dû casser les prix afin de pouvoir écouler leurs productions sur le marché, le ministre est conscient qu'il y a eu un laisser-aller dans la filiale.

« La situation actuelle est essentiellement due aux défauts d'exécution de certains contrats et à la sous-évaluation de la production sur la campagne principale, le tout pour un volume cumulé d'environ 350 000 tonnes », a-t-il poursuivi.

Selon lui, le gouvernement afin d'éviter qu'une pareille situation ne se reproduise, renforcera les contrôles dans le système de prévente et dans le processus d'obtention du droit d'exporter. Des mesures qui seront forcément précédées de l'audit qui permettra de décider quels nouveaux dispositifs il faut prévoir pour la filière.

La situation de crise du cacao a été surtout précipitée par le fait que les planteurs se retrouvent avec le cacao en surplus. Le pays se prépare à une production record de 1,8 million de tonnes, une chose que les exportateurs n'avaient pas prévu alors qu'ils avaient plutôt anticipé une hausse des cours. Une imprudence que le pays va devoir cher payer. On parle d'une perte estimée à 100 millions d'euros pour le Conseil cacao-café.

Une imprudence des planteurs qui plombe toute la filière

 « Le problème est que nous allons avoir sur la campagne 2016-2017 manifestement d'excellentes récoltes, notamment en Côte d'Ivoire, et donc des perspectives d'excédent mondial, ceci se traduisant par la baisse des prix. C'est un peu la première fois que le système de gestion de la filière du cacao en Côte d'Ivoire est confronté à la baisse des prix. Et, manifestement, il y a un certain nombre d'acteurs qui n'ont pas compris que sur un marché les prix pouvaient baisser », a déclaré Philippe Chalmin, fondateur et président de Cyclope, un institut de recherche sur le marché des matières premières, sur Rfi.

Ces dernières années, le marché du cacao a gardé sa prospérité contrairement à tous les autres marchés de matières premières qui ont subi de plein fouet la crise mondiale.

« Alors que la plupart des marchés de matières premières s'étaient fortement infléchis à la baisse et donc en recul à partir de 2014, le cacao avait même eu en 2015 et encore pour une bonne partie de 2016, l'une des meilleures performances », a expliqué Philippe Chalmin.

Une habitude de réussite que les exportateurs locaux ont prise pour acquis. L'audit annoncé devra donc conduire à des réformes du système de commercialisation, depuis la production jusqu'à la vente afin d'amener que les exportateurs locaux à dépasser la spéculation afin d'éviter de mettre en danger la filière.

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