Protection sociale : le Nigéria négocie un prêt de 500 millions de dollars avec la Banque mondiale

Annoncé en décembre dernier, le programme de protection sociale du Nigéria a besoin d'argent frais. L'ambitieux projet qui cible une réduction conséquente du taux de pauvreté nécessite près de 500 millions de dollars. La Banque mondiale semble prête à soutenir Abuja.

500 milliards de naira. C'est ce que compte investir le Nigeria dans son premier programme national de protection sociale. Visant à stimuler l'économie et servir de filet de sauvetage pour des milliers de familles démunies, le programme prévoit des aides directes aux citoyens les plus pauvres tout en assurant la scolarisation de leurs enfants. Annoncé en décembre, le programme vise initialement environ 1 million de foyers dans huit des 36 Etats de la République fédérale du Nigéria. Pour le financer, le pays le plus peuplé d'Afrique aurait déjà entamé les discussions avec la Banque mondiale pour un prêt de 500 millions de dollars.

Le plan du Nigeria exige que les bénéficiaires remplissent deux conditions: garder leurs enfants à l'école et les immuniser. Le programme prévoit aussi la fourniture de repas scolaires, la formation à court terme pour les diplômés, des prêts aux taux inférieurs au marché pour 1,6 million d'entrepreneurs potentiels ainsi que des subventions pour les étudiants en sciences et en technologie. Pour identifier les bénéficiaires, l'Etat utilisera les systèmes biométriques pour enregistrer les bénéficiaires et fera des transferts aux comptes bancaires ouverts aux aidants familiaux.

La crise n'est pas un frein pour Abuja

La volonté du Nigéria de mettre en place un programme de protection sociale intervient au moment où le pays traverse l'une des pires crises économiques de son histoire. La chute de la production et du prix du pétrole a paralysé la croissance nigériane. Celle-ci a légèrement reculé de 1,6% en 2016, soit sa première contraction depuis 1991. En même temps, la pénurie en dollars, résultant de la baisse des exportations notamment de pétrole, a poussé le taux d'inflation au plus haut. Une situation qui a naturellement poussé plusieurs analystes à douter de la capacité du pays mettre en place un nouveau mécanisme de protection sociale dans ces conditions. Pourtant, le gouvernement compte sur l'impact positif de la réduction de la pauvreté sur l'économie. L'analyse est simple : plus les gens ont de l'argent entre les mains, plus ils vont consommer. Or, quand la consommation augmente, la création de richesse et d'emplois suit.

La Banque mondiale, qui soutient 30 pays d'Afrique dans leur lutte contre la pauvreté extrême, a estimé dans un rapport paru en mai 2016 qu'accorder des aides annuelles de 60.000 naira aux ménages pauvres du Nigeria réduiraient la pauvreté à 27,6 %. Ce chiffre pourrait atteindre les 33 % dans l'année si 80 % de l'argent est consacré à la consommation.

L'Etat de Nigéria veut atteindre 5 millions de ménages bénéficiaires des aides directes dans les cinq ans. Aujourd'hui, ils sont 27.000 nigérians à recevoir 5.000 naira par mois.

Le programme nigérian n'en est qu'aux balbutiements par rapport à des projets similaires dans des pays comme l'Afrique du Sud, qui avec une population correspondante à un tiers des 180 millions de citoyens nigérien, prévoit de consacrer environ 180 milliards de rand (13,8 milliards de dollars) à l'aide sociale.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 23/06/2017 à 12:43
Signaler
Ce vraiment pathétique je pleure pour ce pays massacré pas la corruption

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.