Maroc : un « Citizen lab » pour doper le « work in progress »

Les pouvoirs publics n’ont pas le monopole de la réflexion stratégique. La société civile peut elle aussi mettre en lumière et affronter les défis de la société. C’est exactement ce qu’a entrepris le premier Citizen Lab du mouvement associatif marocain, « Les citoyens », organisé le vendredi 21 janvier à Casablanca.
Mehdi Lahdidi

Education, croissance, emploi, démocratie et droits humains. Il serait presque inutile de mentionner que ce sont ces trois thèmes qui supportent le développement d'un pays. C'est pourquoi, le premier Citizen Lab du mouvement associatif marocain « Les citoyens » organisé le vendredi 21 janvier à Casablanca, a débattu de ces trois questions. Pour en discuter, des personnalités telles que le milliardaire philanthrope anglo-soudanais, Mo Ibrahim, la militante marocaine Aicha Chenna, la nigériane Ndidi Okonkwo Nwuneli ou encore la spécialiste de l'éducation indienne, Seema Bansal se sont succédé sur l'estrade.

Gouvernance encore et toujours

« Les pays africains se sont libéré en même temps que l'Inde, Singapour et d'autres pays. Ce qui veut dire que le colonialisme n'est pas le seul facteur qui explique que l'Afrique demeure pauvre. Le frein au développement de l'Afrique reste la gouvernance. Notre leadership n'a pas su gérer les ressources naturelles et humaines. Nous ne pouvons pas continuer à nous plaindre. Nous devons obliger les dirigeants africains à rendre des comptes », insiste Mo Ibrahim.

Pour lui, la faillite de la gouvernance traduit une insuffisance fondamentale de la gestion de la chose publique au niveau continental. C'est la raison pour laquelle sa Fondation éponyme élabore un index qui classe les performances africaines en termes de gouvernance en se basant sur plusieurs paramètres. L'Afrique enregistre des avancées sur le champ politique, admet-il avant d'étayer que beaucoup reste à faire. L'un des éléments avancés par celui qui a fait fortune dans les télécommunications et l'infrastructure. « Il est absurde que le fait de vendre des ressources et des marchandises nigérianes à la Chine soit moins coûteux que de les faire transiter par Addis-Abeba », regrette-t-il.

Légitimité populaire

 « Ce qui a fait la différence pendant la rédaction de la nouvelle constitution tunisienne est le fait qu'elle comporte des principes comme l'égalité homme-femme ou la liberté du culte, grâce à la veille citoyenne. Pendant cette période difficile de l'histoire de la Tunisie, Ce n'était pas uniquement aux politiques de définir le cap. La rue était présente à chaque moment pour prévenir un dérapage », Ghazi Gherairi.

En livrant les enseignements de la transition démocratique tunisienne après la révolution, Ghazi Gherairi, professeur de droit constitutionnel et ambassadeur de la Tunisie auprès de l'UNESCO a établi la raison pour laquelle la veille citoyenne demeure indispensable pour l'acquisition des droits. « Citoyens et société civile doivent prendre les rênes des changements de leurs sociétés. Dans une petite ville tunisienne dont les citoyens ont eu assez des agissements du gouverneur et après que le pouvoir central se soit attaché à ce politique, le symbolisme et l'innovation dans la protestation pacifique a fini par porter ses fruits. Les habitants de cette ville ont symboliquement quitté le village pour exprimer à Tunis que son pouvoir vient d'eux. Et cela a marché puisque ce gouverneur s'est retiré », conclut le juriste.

L'innovation est la réponse à l'immobilisme, même dans l'éducation

Le débat chez Les Citoyens se fait également en mettant en lumière les exemples innovants, aussi "petits" soient-ils. Au Maroc, où le secteur de l'éducation a encore beaucoup d'améliorations à opérer, certaines initiatives montrent, en effet, que le changement est possible. C'est ce qu'a montré Ahmed Salmi Mrabet, directeur d'une petite école publique dans la région de Tanger (nord du Maroc). Avec les moyens du bords, ce fonctionnaire du ministère de l'éducation nationale a montré un modèle inédit d'éducation. Avec une approche pédagogique qui consacre la moitié de l'emploi du temps aux activité associatives et une ouverture à l'internationale grâce à plusieurs partenariats, l'école « Hjrat Nhal » a reçu plusieurs distinctions en se transformant en un espace où les élèves peuvent réellement s'épanouir et mieux connaitre le monde qui les entoure.

Mehdi Lahdidi

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