Dépouillement des votes : pourquoi Internet est coupé en RDC…

Officiellement le pouvoir en place a reconnu, sans communiqué officiel, avoir volontairement coupé Internet pour éviter la publication parallèle de faux résultats des élections générales du 23 décembre. A l’heure du dépouillement des bulletins, les opérateurs de télécoms du pays ont reçu instruction de restreindre la connectivité à Internet. Ce qui ne manque pas de rappeler des pratiques en vogue avant la publication de résultats souvent controversées.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Pour les pays occidentaux, la condamnation est unanime. Internet doit être rétabli sans délai. C'est en tout cas le message qu'ils ont adressé à Kinshasa au lendemain de la reconnaissance à demi-mots d'une coupure volontaire de la connectivité en RDC.

Black out depuis le 31 décembre

« Nous demandons au gouvernement de ne pas bloquer les moyens de communication et notamment l'accès à Internet ainsi que les médias», précisent dans un communiqué commun les Etats-Unis et certains pays de l'Union européenne. Une mise en garde complétée par Mike Hammer, l'ambassadeur des Etats-Unis en RDC, qui a malicieusement glissé sa réclamation de la restauration d'internet dans son message de vœux pour le Nouvel An.

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D'abord une rumeur relayée, la restriction puis la coupure d'Internet, ainsi que celui du signal de plusieurs médias radiodiffusés, n'avaient jusque-là pas été confirmées par une annonce ou un communiqué officiel des autorités congolaises. Pourtant depuis ce lundi 31 décembre 2018, la connectivité aux services Internet et même SMS, a d'abord été perturbée avant un black-out total constaté par les utilisateurs lors de l'échange des vœux de fin d'année.

Il a fallu attendre la prise de parole d'Aubin Minaku, secrétaire général de la majorité présidentielle et président de l'Assemblée nationale pour mettre des justifications sur cette coupure soudaine d'Internet dans le pays. Au micro de nos confrères de RFI, il justifie la coupure d'Internet par des mesures sécuritaires. « S'il y a eu coupure, c'est qu'il y a un soubassement. Un processus électoral se gère notamment dans le maintien de l'ordre public et de la sécurité de toute la République », justifie-t-il

Soulèvement populaire ou contestation électorale

D'autres explications, parfois officieuses, avancent la menace d'un soulèvement populaire dans le pays, attisé par la publication parallèle de résultats non officiels. Dans les deux cas, depuis ce lundi 31 décembre 2018 vers midi, Internet est perturbé voire coupé. Cette décision que les autorités reconnaissent volontairement, intervient au moment même où le dépouillement des votes se poursuit pour une annonce officielle des résultats prévus le 6 janvier prochain.

Du côté de l'opposition, on dénonce une mesure liberticide destinée à préparer un trucage massif des résultats des élections présidentielle, législatives et provinciales du 30 décembre dernier. En tout cas, bien souvent en Afrique, la coupure d'Internet au beau milieu d'un processus électoral sert à camoufler des manquements lors d'un scrutin. La même mesure avait prévalu dans plusieurs scrutins litigieux sur le Continent.

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Dans l'attente des résultats, cette coupure d'Internet alimente un faisceau de soupçons de fraudes sur le verdict des urnes. Pour l'heure, les deux camps ont investi les médias pour défendre leurs positions. Tous les voyants tendent vers une contestation électorale qui devrait rythmer l'actualité politique du pays.

Ibrahima Bayo Jr.

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