Migrants africains en Israël : Netanyahu met un coup d’arrêt à l’accord avec le HCR

Pendant un moment, l’on a cru que le gouvernement conservateur avait fini par entendre les clameurs de la protestation contre sa mesure acrimonieuse d’expulsion des « infiltrés ». Seulement, quelques heures après l’annonce d’un accord avec le HCR qui devait permettre d’exfiltrer une partie des migrants africains irréguliers vers des pays occidentaux, Benjamin Netanyahu vient de faire une cinglante volte-face en y mettant un coup d’arrêt. Pour Tel-Aviv, cet accord n'est plus d'actualité. Retour à la case-départ ?
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

L'euphorie, sans doute candide, n'aura duré que... quelques heures ! A contrepied de l'annonce de l'accord que son Bureau a annoncé par un communiqué dont les mots ont été pesés au trébuchet, c'est sur Facebook que Benjamin Netanyahu a opéré sa surprenante pirouette. Après l'annonce d'une suspension de l'accord hier lundi 2 avril, Benjamin Netanyahu a confirmé ce mardi matin, l'annulation pure et simple de l'accord.

Versatile dans la démarche, Netanyahu annule l'accord avec le HCR

« Je viens d'informer les représentants des résidents du sud de Tel-Aviv: nous avons décidé d'annuler l'accord. Malgré les obstacles et les difficultés juridiques et internationales qui s'accumulent, nous continuerons à agir avec détermination pour mettre toutes les options à la disposition des infiltrés », a écrit le Premier ministre israélien sur son compte Twitter (tweet en hébreu).

A vrai dire, le Premier ministre israélien s'est montré très versatile sur la solution alternative à son plan d'expulsion massive des migrants africains, essentiellement des Erythréens, des Ethiopiens et Soudanais, vivant en situation irrégulière pour la plupart dans la banlieue de Tel-Aviv (sud).

A l'expiration d'un ultimatum qui offrait l'alternative entre une expulsion rémunérée ou une incarcération jusqu'à acceptation de l'expulsion, le Bureau du Premier ministre avait annoncé avoir conclu un accord avec le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). L'accord qui prévoyait de déplacer vers des pays occidentaux quelque 16.250 migrants africains sur les 42.000 recensés dans le pays.

Expulser ou emprisonner, retour à la case départ

Benjamin Netanyahu s'était même affiché aux côtés d'Aryeh Deri, son ministre de l'Intérieur pour vanter les mérites de cet accord qualifié de « meilleur possible ». Mais quelques heures après cette annonce, le Premier ministre avait changé d'avis. Il a indiqué suspendre l'accord pour se donner le temps de consulter son ministre de l'Intérieur et les résidents du sud de Tel Aviv, où vivent de nombreux migrants, avant de livrer la prochaine étape.

Le ouf de soulagement n'a été que de courte durée pour les migrants qui ont longuement protesté contre le plan du gouvernement conservateur, avec le soutien d'une partie de l'opinion publique, d'intellectuels et de survivants de la Shoah. Le résultat des consultations du Premier ministre semble avoir conduit à l'annulation pure et simple de l'accord passé quelques heures plus tôt avec le HCR.

Pour l'heure, l'annulation de l'accord est synonyme de retour à la case départ. En l'absence d'une convention qui déterminera le sort des 42.000 « infiltrés » -terme employé en Israël pour désigner les migrants africains irréguliers- le risque est grand de voir l'Etat hébreu recourir à sa solution acrimonieuse d'origine pour traiter cette situation : expulser ou emprisonner !

Ibrahima Bayo Jr.

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