Espionnage de l’UA par la Chine : Moussa Faki Mahamat vole à la rescousse de Pékin

Presque mot pour mot et sans contre-enquête. En visite en Chine pour le renforcement des relations sino-africaines, Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine (UA) a adopté la même rhétorique que la diplomatie chinoise sur l’affaire d’espionnage supposé du siège de l’institution panafricaine « gracieusement » offert par l’Empire du Milieu. Une deuxième charge contre les révélations du quotidien français Le Monde pour ébranler la thèse de son enquête, présentée par la Chine et désormais par le président de la Commission de l'UA comme un travail de sape de l’avance chinoise en Afrique.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Un allié de taille pour la Chine dans sa riposte contre le journal français Le Monde, sur l'espionnage présumé du siège de l'Union africaine (UA) par la Chine. La voix de Moussa Faki Mahamat va sans doute porter au milieu du tumulte.

C'est d'ailleurs en visite à Pékin que le président de la Commission de l'institution s'est joint à Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise, pour apporter un démenti virulent aux accusations d'espionnage supposé du siège de l'UA à Addis-Abeba par l'Empire du Milieu.

Lire aussi : Espionnage : le siège de l'UA à Addis-Abeba, cheval de Troie de la Chine en Afrique

Rhétorique contre les « jaloux » empruntée à la diplomatie chinoise

« L'Union africaine est une organisation internationale qui ne traite pas de dossiers secret-défense. Je ne vois pas quel intérêt a la Chine d'offrir un tel bâtiment puis à l'espionner. Ce sont des allégations totalement mensongères. Les relations entre la Chine et l'Afrique sont inébranlables (...) Nous sommes en plein débat pour le renforcement de cette coopération et aucune manœuvre ne le fera dérailler », a asséné le président de la commission de l'UA devant la presse chinoise, ce jeudi 7 février.

Sa rhétorique, Moussa Faki Mahamat n'a pas eu à chercher loin pour s'inspirer. Presque dans des termes similaires, Kuang Weilin, l'ambassadeur de la Chine auprès de l'Union africaine (UA) avait dénoncé au lendemain des révélations du journal Le Monde, une histoire «complètement fausse et absurde ». Entre les lignes, l'un des seuls diplomates d'une puissance étrangère représentée auprès de l'UA avait même insinué un travail de sape des relations sino-africaines. Il dénonçait le timing de publication de l'article intervenu à la veille de l'ouverture du 30ème sommet de l'UA.

Une position reprise à son compte par Wang Yi d'une manière beaucoup plus explicite. Le ministre chinois des Affaires étrangères met les révélations du journal français sur le compte de « jaloux de la coopération sino-africaine » dont le volet commercial s'est chiffré à 150 milliards de dollars en 2016. Pour prolonger sa contre-offensive, la Chine n'a pas fait dans la dentelle.

L'UA prête à renforcer sa coopération avec la Chine, sans « distraction »

La visite de Moussa Faki Mahamat, première du genre depuis son élection à la commission de l'UA, coïncide avec le 7e dialogue stratégique Chine-UA, une rencontre au sommet pour ébaucher une feuille de route dans l'approfondissement des relations sino-africaines. En marge de cette rencontre, Moussa Faki Mahamat a inauguré le siège de la représentation permanente de l'UA en Chine. Un niveau de représentation égale à celui que détient Pékin à Addis-Abeba, au siège même qu'elle est accusée d'espionner.

Pour l'heure, la rhétorique de la Chine comme de l'UA est organisée autour d'un argumentaire de démentis sans éléments à décharge. Pourtant avec ses révélations sur un système de redirection des données informatiques vers Shanghai et des micros planquées à même les murs du siège de 20 étages, construit et financé par la Chine à hauteur de 200 millions de dollars, le journal Le Monde citait des sources au sein de l'institution panafricaine.

Difficile pour l'heure de dire si la position très tranchée de Moussa Faki Mahamat sur la question, sans contre-enquête au préalable, est destinée à choyer un partenaire dont l'une des stratégies les plus appréciées sur le Continent est la non-ingérence et le traitement d' «égal à égal». Dans le cas contraire, cette position est le signal donné que la Chine, qui creuse son avance sur les autres puissances à vocation africaine, a damé leur a indéniablement damé le pion.

Pour preuve, la dernière réplique de Moussa Faki Mahamat est sans appel. « A présent, nous sommes prêts à coopérer davantage avec la Chine pour bénéficier à la population africaine, et de telles rumeurs ne pourront pas nous distraire ».

Ibrahima Bayo Jr.

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