Investiture en Angola : João Lourenço enfile son costume de troisième président

Jour d'investiture en Angola. Dans les couloirs du pouvoir, João Lourenço s'apprête à enfiler son costume de successeur de José Edouardo Dos Santos qui a régné 38 ans sur le pays. Le nouveau va faire son entrée au Palais Rose de Luanda après son investiture devant la Cour Suprême, ce mardi 26 septembre. La fin du règne de Dos Santos, ou le prolongement de sa longévité au pouvoir via un nouveau président qu’il aura « créé » de toutes pièces ?
Ibrahima Bayo Jr.

Face au président de la Cour Suprême, la main gauche sur la constitution qu'il va jurer de défendre et de protéger, la main droite levée... A  partir de ce geste solennel et symbolique, João Lourenço va entrer dans l'histoire comme le troisième président de l'Angola, à la suite d'António Agostinho Neto (1975-1979) et de José Edouardo Dos Santos (1979-2017).

Invités de marques comme témoins du passage du relais

A la tribune de la cérémonie d'investiture, on devrait apercevoir parmi les invités de marques, l'Ivoirien Alassane Ouattara, le Capverdien Jorge Carlos Fonseca, le Bissau-Guinéen José Mario Vaz, l'Equato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema, ou encore le Zambien Edgar Lungu. Ce panel de chefs d'Etat africains devrait être complété, outre par les diplomates en poste à Luanda, par des invités internationaux comme le Portugais Marcelo De Souza, la Britannique Théresa May, le Russe Vladimir Poutine ou encore l'Indien Narendra Modi qui sont sur la liste des invités.

Comme tous ses prédécesseurs avant lui, le nouveau président est issu du Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA), le parti indépendantiste qui a mené le pays à l'indépendance et qui a remporté les législatives du 23 août dernier. Après 38 ans du règne de José Edouardo Dos Santos, l'Angola va expérimenter un "nouveau" mode de gestion. Sera-t-elle différente de celui de Dos Santos dont la fin de règne est émaillée d'allégations de népotisme et d'affairisme et de scandales de corruption?

Lourenço, "marionnette des Dos Santos"...

En tout cas, João Lourenço aura fort à faire pour gommer l'image de "marionnette des Dos Santos" qui lui colle à la peau. A 63 ans, ce père de six enfants est un pur produit du système sur lequel José Edouardo Dos Santos a régné durant 38 ans.

Né en 1954 dans la ville côtière de Lobito, le nouveau président, formé en Histoire à l'Académie Lénine de Moscou, a été d'abord commissaire politique du MPLA avant d'en devenir le Secrétaire général. Un temps écarté du pouvoir pour avoir voulu faire de l'ombre à Filomeno Dos Santos, le fils de José Edouardo, dans un scénario de succession dynastique, il est envoyé à la vice-présidence de l'Assemblée nationale.

Il revient de cette traversée du désert avec sa nomination au poste de ministre de la Défense. En réalité, il a profité de la disgrâce de Manuel Vicente, ancien président de a Sonangol et des ennuis de santé du général "Kopelika" pour remonter dans l'estime présidentielle. De là il s'est imposé comme l'héritier de Dos Santos. Il est devenu son successeur.

... ou incarnation du "renouveau économique"

La campagne électorale de Lourenço menée sur sur le thème du renouveau économique de l'Angola, devrait vite se traduire dans les faits au risque de froisser la rue angolaise. Trop dépendante du pétrole dont la chute des cours ont raboté les recettes de l'Etat, l'économie angolaise est plombée par une dette publique de 70% du PIB, un taux d'inflation qui effleure les 30% et un déficit budgétaire qui dépasserait les 6% du PIB pour une croissance estimée à 1,5% pour les prévisions les plus optimistes.

Le nouveau président devra composer avec une situation difficile, héritage des trois décennies de gouvernance Dos Santos dont la fin est émaillée d'allégations de népotisme, d'affairisme, de corruption et de pillage des ressources du pays.

Lourenço devra être habile entre un Dos Santos qui a pris le soin de verrouiller sa succession et qui conserve encore un pouvoir parallèle à celui du Château, et un peuple qui aspire à des changements sociaux profonds et rapidement palpables. Difficile équilibre pour celui qui doit tout à son prédécesseur. Même si la page Dos Santos est tournée, le grand chamboulement dans la gestion devrait encore prendre du temps.

Ibrahima Bayo Jr.

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