Le feuilleton du procès de Simone Gbabgo a connu hier son épisode le plus houleux. Très attendue, l'ex-première dame ivoirienne a fait une entrée théâtrale vers 11 heures, ce mardi 29 novembre dans le prétoire du tribunal d'Abidjan avant de prendre place dans le box des accusés. La « Dame de fer » qui comparaissait pour « crimes contre l'humanité » et « crimes contre les populations civiles », s'est même prêtée aux photographies de presse, selon nos confrères du site Koaci. La suite est plus fracassante.
La « Dame » croise le fer avec le juge
Alors que le procès venait de s'ouvrir depuis une demie heure après un enlisement d'un mois, Rodrigue Dadjé, l'avocat principal de l'accusée quitte avec fracas le prétoire. La robe noire s'est ébouillantée d'entendre le juge Boiqui Kouadio lui demander de faire « son travail correctement » parce qu'il s'était trompé dans la rédaction d'une des citations à comparaître destinés aux témoins que la défense souhaite voir attraits à la barre.
La suite est encore plus spectaculaire. A la suite de son avocat, Simone Gbagbo se lève de son siège du box des accusés pour imiter son avocat dont les deux assistants sont restés dans la salle d'audience. « Asseyez-vous », ordonne le juge à l'inculpée ce qui n'a pas manqué d'offusquer l'ex-première dame connu pour sa verve d'ex-syndicaliste. « Je ne m'assois pas », réplique la prévenue à l'injonction du juge Kouadio. « Si vous avez décidé de me juger, arrêtez de me fatiguer. Je voudrais que justice soit faite. Je vous demande de respecter les droits de la justice », a-t-elle poursuivi.
Mais l'ex-première qui tentait de claquer la porte de la salle d'audience est rattrapée par les officiers chargés de l'ordre à la demande du juge. Le reste du collectif d'avocats de la défense interviennent pour ramener l'ex-première dame à la raison. Mais la « Dame de fer », ou « de sang » (selon le sujet) envoie sa réponse de « la bergère au berger ». :« C'est de la foutaise ! Vous croyez que parce que vous êtes juge vous avez le droit de faire n'importe quoi dans ce pays ? Si vous voulez me condamner, condamnez-moi mais ne me fatiguez pas ».
La poursuite du procès compromise ?
Le procès s'est-il enlisé à nouveau ? On serait en tout cas tenté de le croire. La défense estime toujours que ses droits à un procès équitable sont bafoués. Et la décision du juge d'annuler les citations à comparaître suite à son échange musclé avec l'ex-première dame n'arrange en rien les choses. C'est justement ce point qui avait provoqué le blocage du procès depuis son ouverture le 31 mai dernier.
Depuis cette date, les reports succèdent aux reports. La défense tout comme sa clientèle ayant choisi comme stratégie le boycott du procès. Elle refusait de siéger tant que Guillaume Soro, l'actuel président de l'Assemblée nationale et ancien chef de la rébellion, Jeannot Kouadio Ahoussou, l'actuel président de l'Assemblée des régions et districts de Côte d'Ivoire (ARDCI) ou Charles Koffi Diby, le président du Conseil économique et social, ne seraient pas cités en tant que témoins au procès. Mais le juge avait rejeté leur requête.
Les choses étaient toutefois rentrées dans l'ordre avec la médiation du bâtonnier Me Beugre Adou Marcel avec le procureur général. Les avocats avaient accepté de siéger à nouveau. Mais avec l'audience houleuse de ce mardi, les probabilités de voir la défense revenir dans le prétoire s'amenuisent. Celle de voir Simone Gbagbo apparaître à nouveau dans le box des accusés encore plus. Le procès de l'ex-première dame pourrait se poursuivre avec des avocats commis d'office. L'ancienne première dame serait alors jugée par contumace !
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