Côte d’Ivoire : Simone Gbabgo va-t-elle réapparaître sur le banc des accusés ?

A la surprise générale, les avocats de Simone Gbagbo vont revenir pour siéger au procès pour "crimes contre l'humanité" dont est accusée leur cliente. Deux semaines après la suspension du procès sous l'effet de leur boycott, les robes noires reviennent par la grande porte sans qu'on ne sache vraiment si leur exigence d'entendre des hautes personnalités de l'Etat sera respectée. Au delà, une question se pose : Simone Gbagbo fera-t-elle son apparition sur le banc des accusés?
Ibrahima Bayo Jr.
De l'aveu même de Rodrigue Dadje (à guache), un des avocats de Simone Gbagbo, on doit ce retour au prétoire à la médiation du bâtonnier Me Beugre Adou Marcel avec le procureur général Aly Yéo.

Décidément, ce seront les revirements et des surprises qui vont donner le rythme du procès en Assises de Simone Gbagbo, enlisé dans une querelle de prétoires entre les avocats de la défense et le procureur de la République. Coup de théâtre, ce lundi 28 novembre, deux semaines après un boycott systématique de la salle d'audience du tribunal d'Abidjan, les avocats de l'ex-première dame de la Côte d'Ivoire ont accepté de siéger à nouveau dans ce procès où leur cliente est accusée de « crimes contre l'humanité » et « crimes contre les populations civiles ».

Médiation pour un procès équitable

De l'aveu même de Rodrigue Dadje, un des avocats de la défense, on doit ce retour au prétoire à la médiation du bâtonnier Me Beugre Adou Marcel avec le procureur général Aly Yéo. Auparavant, le collectif des avocats de la défense refusait systématiquement de siéger dans ce qu'elle dénonçait comme un procès inéquitable. Dans leur sillage, la première dame avait aussi décidé d'appliquer de la politique du box des accusés vide en s'absentant du procès.

Le procès s'était enlisé et le juge Boiqui Kouadjo avait décidé de commettre des avocats d'office pour poursuivre le procès sans l'ex-première dame. « On peut très bien se passer de sa présence. Elle s'est longuement exprimée, ses avocats aussi », avait notamment chargé le procureur de la République. « La commission d'avocat d'office par la cour d'Assises est non avenue, car depuis le 1er janvier 2015 conformément à l'article 43 du règlement numéro 5 de l'UEMOA, aucune juridiction ne peut commettre d'avocat d'office. Cela relève exclusivement du bâtonnier de l'ordre des avocats », rappelle aujourd'hui, Rodrigue Dadje et ses collègues qui ont reçu des garanties d'équité du procès de la part du bâtonnier Beugre.

Pour le contexte, Simone Gbagbo purge déjà une peine de 20 ans de réclusion après sa condamnation en 2015 pour « atteinte à la sûreté de l'Etat ». Son nouveau procès ouvert depuis le 31 mai dernier s'éternise devant la multiplication des reports et des contestations de la défense contre l'iniquité supposée du procès pour des crimes supposés commis lors de la crise post-électorale de 2010. Au-delà, les avocats de la première dame réclament l'audition de témoins VIP, hautes personnalités aujourd'hui dans l'appareil d'Etat. C'est justement ce dernier élément qui a constitué le point d'achoppement principal entre la défense et l'accusation.

Vers une audition de témoins VIP ?

Ce retour annoncé du collectif des avocats laisse-t-il entendre que la question des auditions de ces personnalités a été réglée par la médiation du bâtonnier ? La question reste posée dans l'attente de voir à la barre, l'actuel président de l'Assemblée nationale et ancien chef de la rébellion Guillaume Soro, Jeannot Kouadio Ahoussou, l'actuel président de l'Assemblée des régions et districts de Côte d'Ivoire (ARDCI) ou encore Charles Koffi Diby, le président du Conseil économique et social.

A Abidjan comme dans le reste du pays, l'on reste dubitatif sur l'effectivité de voir ces témoins VIP à la barre. Certains vont même jusqu'à laisser entendre que les avocats de la défense auraient accepté la poursuite du procès tout en sachant que ces personnalités ne viendront pas témoigner. Pour seule réponse à ces interrogations et pistes, Me Rodrigue Dadjé réplique : « en revenant, nous montrons notre bonne foi. Nous essayons tous de sauver la face de ce procès ».

Après six mois de procès, plusieurs reports et suspensions, le procès s'ouvre à nouveau ce lundi 28 novembre devant le tribunal d'Abidjan, cette fois-ci avec la présence effective des avocats de la défense qui marquent leur grand retour. En tout cas , plus que la présence des robes noires dans le prétoire, tous les yeux vont tenter de scruter le banc des accusés dans l'attente de voir apparaître la silhouette de la « Dame de fer » !

Ibrahima Bayo Jr.

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