Angola : Rothschild va conseiller l’Etat pour la création d’un « fonds de captation des investissements »

En quête d’IDE et de financements pour ses projets, le président Joao Lourenço veut créer un « fonds de captation des investissements » et a choisi le groupe bancaire français Rothschild & Co. pour le conseiller. Un arrêté présidentiel exécuté par la ministre des Finances officialise la collaboration.
Ristel Tchounand
(Crédits : DR)

Le président Joao Lourenço a officialisé, dans un arrêté datant du 6 janvier, l'ouverture de la procédure simplifiée de passation des marchés pour confier à Rothschild & Co. le projet de création d' « un fonds de captation des investissements directs étrangers (IDE) et de financement de projets spécifiques ». Le président de la République justifie sa démarche par la « nécessité d'acquérir des services de conseil financier international » pour mener à bien un tel projet.

Comme signifié par le président de République, le processus de passation des marchés sera géré par la ministre angolaise des Finances, Vera Daves de Sousa. Elle devra inscrire ce projet au Programme d'investissement public (PIP) et « s'assurer de la disponibilité des ressources financières nécessaires à la bonne exécution du contrat », précise l'arrêté présidentiel. Selon Journal de Negocios, ledit contrat de conseil devrait coûter environ 480 000 euros à l'Etat angolais.

Après une désertion des investisseurs...

Depuis son arrivée au pouvoir Joao Lourenço tente coûte que coûte de redorer le blason économique du pays afin d'attirer le maximum d'investisseurs étrangers qui avaient déserté le pays sous l'ère de son prédécesseur José Eduardo dos Santos. Après avoir mené ce qu'il a qualifié de « nettoyage d'un système corrompu » en faisant notamment tomber la « princesse angolaise » Isabel dos Santos et son frère José Filomeno dos Santos, il a lancé une opération de séduction auprès des bailleurs de fonds et secteur privés européens. Son élan a cependant court-circuité par la pandémie de Covid-19 apparue sur le continent en mars 2020. Entre temps, le gouvernement a multiplié les tentatives pour trouver le moyen de se financer en attendant l'affluence tant recherchée des investisseurs aux portes de Luanda.

Cette collaboration avec Rothschild & Co. résulte de la visite de Lourenço à Paris en mai 2021 pour le Sommet Afrique-France où il avait rencontré plusieurs états-majors français dont Thibaud Fourcade, gérant à Rothschild & Co. depuis l'été 2020 après avoir rejoint le groupe bancaire français en 2017 pour diriger l'activité de conseil aux Etats. Il a notamment accompagné le Sénégal dans la levée de plus d'un milliard de dollars pour le financement de projets agricoles, d'infrastructures et d'énergie.

Rothschild veut (aussi) s'implanter à Luanda

Coté sur Euronext et contrôlé par les branches française et anglaise de la famille éponyme, Rothschild & Co. fait dans le conseil financier, la banque privée et gestion d'actifs, le capital-investissement et la dette privée. D'après les informations révélées à l'issue de la rencontre de Paris, le groupe bancaire français envisage d'ouvrir un bureau à Luanda. « Nous comprenons que le climat économique mondial est assez compliqué et certainement celui de l'Angola aussi, mais il est nécessaire de travailler pour tirer parti du potentiel économique du pays », déclarait Thibaud Fourcade, selon un communiqué de l'Ambassade d'Angola en France.

Des perspectives encourageantes selon la Banque mondiale

Pour l'instant peu d'informations filtrent quant à la nature des projets que financera le futur fonds de captation des investissements directs étrangers. Dans cette économie d'Afrique centrale où la reprise a été extrêmement timide avec une croissance du PIB de 0,4%, après la récession de 2020, l'heure est désormais à l'accélération stratégique. S'appuyant notamment sur la reprise des prix des matières premières et la levée progressive des restrictions liées à la pandémie, la Banque mondiale pronostique une remontée de la croissance du PIB à 3,1% en 2022. Une fois mis en place, le fonds de captation des investissements directs étrangers pourrait représenter une bouffée d'oxygène conséquente.

Ristel Tchounand

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