L’Egypte, futur « grand fournisseur d’hydrogène de l’Europe » ?

Le business entre l’Union européenne et l’Egypte devrait s’intensifier après la tenue ce week-end de leur conférence conjointe sur l’investissement qui a débouché sur des accords de 40 milliards d’euros entre entreprises des deux parties. Si plusieurs secteurs sont concernés, l’hydrogène est regardé comme un domaine de potentielle montée en puissance des Egyptiens sur le marché européen.
Ristel Tchounand
(Crédits : DR)

« L'Égypte peut fournir de l'électricité verte à l'Europe grâce à de nouveaux projets », a déclaré Oliver Varhelyi, commissaire européen chargé des politiques de voisinage et d'élargissement, lors de la conférence Union-Européenne - Egypte qui s'est tenue ce week-end au Caire. En raison de la trajectoire de pays d'Afrique du Nord sur le plan énergétique, le leader européen y voit même un allié clé de Bruxelles sur le long temps. « Nous avons vu le projet de câble sous-marin et nous nous réjouissons de poursuivre la coopération avec l'Égypte dans le domaine de l'hydrogène », a-t-il rappelé, ajoutant que « l'Égypte a un grand potentiel et, grâce à des accords de coopération conjoints, elle deviendra l'un des plus grands fournisseurs d'hydrogène de l'Europe ».

40 milliards d'euros d'investissements

Lors de cette conférence d'envergure, plus de vingt accords d'investissements d'environ 40 milliards d'euros ont été signés entre entreprises européennes et égyptiennes. Plusieurs secteurs sont concernés : l'automobile, l'aviation, les produits chimiques, la construction, la gestion de l'eau, le transport maritime, et surtout l'hydrogène. « La stabilité de l'Égypte est importante pour la région. Dans un monde tourmenté, nous avons approfondi nos relations, en nous appuyant sur nos liens historiques », a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen qui a fait le déplacement au Caire avec une forte délégation incluant des hommes d'affaires.

Expertise et proximité géographique, des atouts égyptiens

En coopération économique depuis plusieurs décennies, l'EU est le premier partenaire économique de ce pays d'Afrique du Nord aux 102 millions d'habitants, avec plus de 27% du total des investissements. Le président Abdel Fattah al-Sissi a souligné le cocktail de crises auquel est confronté l'Egypte tant sur le plan national récemment ou actuellement au niveau de son voisinage, mais a tenu rassurer les investisseurs. « Le climat d'investissement en Égypte est sûr et stable », a-t-il déclaré, soulignant par ailleurs que cette conférence est aussi pour les acteurs économiques de cerner « la promotion de l'Égypte en tant que centre régional des chaînes d'approvisionnement des entreprises européennes et centre de transfert et de circulation des énergies renouvelables et vertes, compte tenu de la proximité géographique et l'emplacement stratégique de l'Égypte ». Et sur ce plan, le pays bouge, puisqu'en marge de la conférence, était conclu un projet de production de 100 mégawatts d'hydrogène vert au port de Sokhna, avec un objectif de production de 13 000 tonnes d'hydrogène vert par an.

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Cette rencontre d'envergure fait suite au nouvel accord de partenariat signé par Bruxelles et Le Caire en mars dernier. D'un total de 7,4 milliards d'euros, l'accord s'articule autour du commerce, de l'énergie, des infrastructures, des transports durables, de l'agriculture, de la sécurité alimentaire, de la transformation numérique, de la sécurité de l'eau, les réseaux d'eau et d'assainissement, les PME et autres. « Notre partenariat stratégique a ouvert de nombreux domaines d'intérêt mutuel [...] Nous attendons avec impatience davantage de travail commun et de nouvelles opportunités pour les investissements et le commerce du secteur privé », a déclaré Rania Al Mashat, ministre égyptienne de la Coopération internationale.

Des échanges à revigorer

De nombreuses entreprises européennes sont engagées sur le grand marché égyptien et vice-versa. Mais alors que les échanges connaissaient une bonne dynamique ces dernières années, elles ont connu une décélération considérable l'an dernier. En effet, les exportations égyptiennes vers l'UE (qui concernent en priorité les combustibles minéraux, les huiles, les engrais, les plastiques, les équipements électriques et électroniques, le fer, l'acier, l'aluminium, mais aussi les produits agricoles ...) ont chuté d'environ 32% à 11,8 millions de dollars en glissement annuel. A une moindre mesure, les exportations européennes (faites de produits agricoles, produits industriels, équipements de transports, bien manufacturés...) vers l'Egypte ont reculé de 9% à 19,4 milliards de dollars. En cause, le contexte régional et international qui prévaut depuis.

Si cette accélération de la coopération politique et économique n'est pas sans critique, notamment en provenance des organisations des droits de l'homme, l'UE et l'Egypte entendent construire un partenariat qui bénéficie à tous. La question des réformes économiques étant très importante, Bruxelles s'est engagé à soutenir le gouvernement d'al-Sissi à hauteur de 1 milliard d'euros.

Ristel Tchounand

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Commentaire 1
à écrit le 06/07/2024 à 1:19
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Le dihydrogène, l'avenir...?

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