Compétitivité, logistique, financement... les enjeux pluriels des entreprises francophones

Les entrepreneurs francophones ont tenu leur rencontre annuelle pour la deuxième fois en Afrique voici quelques jours, sous l’égide de l'Alliance des patronats francophones et de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). De Marrakech à Montréal ou de Paris à Abidjan, l'enjeu est de créer des liens et d'amplifier les relations d'affaires.
Ristel Tchounand
(Crédits : DR)

La rencontre des entrepreneurs francophones, qui s'est tenue à Marrakech fin mai a connu un « succès retentissant » de l'aveu même de l'Alliance des patronats francophones (APF). L'objectif n'était pas moindre : porter le business francophone à une nouvelle dimension d'impact. En effet, les 54 pays francophones représentent 20% du commerce mondial des marchandises et près de 16% du PIB de la planète, quand le Commonwealth - avec ses 54 pays membres - représente plus de 30% du commerce mondial. Des données que les patrons francophones veulent voir évoluer, ont-ils exprimé lors de leur conclave qui se tenait pour la deuxième fois en Afrique après le Paris, Abidjan et Québec. Plus de 1.000 chefs d'entreprises et 35 organisations patronales étaient dans la ville ocre pour consolider la coopération intra-francophone qui est l'un des « deux objectifs [qui] guident les actions de l'OIF dans la mise en œuvre de sa stratégie économique », comme l'a souligné Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF).

« Dans un monde où les logiques de blocs régionaux s'accentuent, il est essentiel et urgent de trouver des passerelles pour resserrer nos liens et intensifier notre compétitivité », indiquent - dans la Déclaration de Marrakech publiée à l'issue de la rencontre - les organisateurs que sont l'Alliance des patronats francophones (APF) et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), respectivement présidées par Geoffroy Roux de Bézieux et Chakib Alj.

« Optique très offensive »

Contrairement au Commonwealth où le volet économique est très ancré, ce forum économique francophone est récent et a été inspiré d'un constat. « Il y a quatre ans, on s'est rendu compte qu'on ne tirait pas parti de cette communauté [francophone] qui traverse le monde », expliquait le président du MEDEF, Patrick Martin sur TV5 Monde avant s'envoler pour Marrakech, soulignant que les patronats francophones « veulent travailler ensemble dans une optique très offensive, en parallèle de ce qui existe de longue date sur le plan culturel ».

Concrètement, la REF de Marrakech a débouché sur près de 500 rendez-vous B2B, ainsi que des partenariats, des contrats et des projets d'investissements dans divers secteurs, selon l'APF. Composée majoritairement de PME et TPE, l'Alliance estime que les enjeux auxquels les économies font face ces dernières années constituent une raison supplémentaire pour booster la coopération entre les entreprises des pays francophones et ainsi contribuer à renforcer la résilience de ces économies.

En présence de plusieurs personnalités politiques dont Mohcine Jazouli, ministre marocain délégué chargé de l'investissement, de la Convergence et de l'Évaluation des politiques publiques, et Franck Riester, ministre délégué, chargé du Commerce extérieur, de l'Attractivité, de la Francophonie et des Français de l'étranger, le président du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn, a tenu à souligner l'important rôle que doivent jouer les Etats francophones pour une véritable montée en puissance du business. « Les gouvernements dans l'espace francophone doivent investir massivement dans le capital humain et les infrastructures, deux paramètres déterminants pour la compétitivité des entreprises francophones », a-t-il déclaré.

Le Maroc se positionne

Pays hôte de la REF 2024, le Maroc a mis en avant son expérience au sein de l'espace francophone, revendiquant près de 2 milliards d'euros d'investissements par les entreprises marocaines dans les pays francophones en 2023, soit 75% des investissements directs marocains à l'étranger. Pour le président de la CGEM, Chakib Alj, « le challenge est de pouvoir travailler pour faire de cette langue commune un vrai centre de business » et que les entrepreneurs francophones investissent davantage au sein de l'espace.

Des défis à relever

Pour y arriver cependant, certains défis restent à relever, dont la libre circulation des hommes d'affaires, la problématique du financement ou encore la logistique qui ont occupé une bonne partie des échanges. Des questions qui reviendront certainement au menu de la cinquième édition à Brazzaville. En attendant, les résultats de la REF de Marrakech devront être davantage valorisés lors du Sommet de la Francophonie en octobre prochain à Paris, lequel sera justement axé sur l'innovation et l'entrepreneuriat.

Ristel Tchounand

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