Soudan : Omar el-Béchir lance un plan d’austérité pour contrer la crise économique

Face à la crise économique qui se veut particulièrement persistante, le président soudanais veut tout essayer pour la contrer. Après plusieurs mesures qui peinent à porter des fruits, Omar el-Béchir annonce un plan d’austérité pour restaurer l’économie soudanaise. Les Affaires étrangères et les importations en seront des points névralgiques.
Ristel Tchounand
Attendu pour la présidentielle de 2020, Omar el-Béchirle serait prêt à briguer un autre mandat à la tête du pays. Une candidature qui serait constitutionnellement irrecevable.
Attendu pour la présidentielle de 2020, Omar el-Béchirle serait prêt à briguer un autre mandat à la tête du pays. Une candidature qui serait constitutionnellement irrecevable. (Crédits : Reuters)

C'est lors de son discours à la nation dans le cadre de l'Aid Al Adha célébré au Soudan du mardi 21 août au samedi 25 août que le président Omar el-Béchir a révélé son nouveau projet pour l'économie nationale. Il a annoncé un plan d'austérité pour contrer la crise économique qui perdure dans le pays, dans lequel la Banque centrale assurera le rôle de superviseur dans la surveillance des comptes des institutions gouvernementales.

«Il y aura une révision des structures de pouvoir au niveau de l'État fédéral ainsi qu'au niveau des institutions publiques, combinant une augmentation de l'efficacité des prestations publiques et une augmentation de la participation en rationnant les dépenses publiques», a déclaré El-Béchir, rapporte l'agence Xinhua.

Affaires étrangères et importations, les points névralgiques

Dans les détails, tout ce que l'on sait pour l'instant c'est que ce plan d'austérité s'articulera, entre autres, autour de la réduction des missions diplomatiques à l'étranger dans le but de réduire les dépenses de l'Etat. Il sera également question de mettre en œuvre des mesures qui permettront de stimuler la production, booster les exportations et rationaliser les importations.

En matière de production et d'exportations, le Soudan ne peut plus vraiment compter sur le pétrole dont 85% de la production provenait du Sud du pays aujourd'hui indépendant. C'est d'ailleurs la sécession du Soudan du Sud en 2011 qui fait perdre au pays 75% de ses recettes pétrolières et le plonge dans la récession avec une croissance du PIB de -2%. Bien que la croissance se soit améliorée à une moyenne de 3,3% entre 2011 et 2017, elle est encore loin de la moyenne de 7,1% de la décennie 2000-2010, selon données de la Banque africaine de développement (BAD).

Désormais Khartoum peut alors miser sur la gomme arabique dont il est le premier producteur mondial et le sucre dont il est le troisième producteur en Afrique, mais aussi l'arachide, le sésame ou encore le coton. Mais pour son agriculture, ce pays d'Afrique du Nord doit le moyen de contourner la menace de la sécheresse. Une équation qui devrait trouver solution dans le plan d'austérité d'el-Béchir si celui-ci se veut efficace.

Pour ce qui est des importations, le Soudan s'approvisionne beaucoup à l'étranger en blé dont il est un grand consommateur, mais aussi en textiles, en produits chimiques, produits manufacturés ou encore en équipements de raffinage et de transport. En 2017, les importations soudanaises auraient grimpé à 8,6 milliards de dollars.

Après plusieurs mesures infructueuses

Ce n'est pas la première fois qu'Omar el-Béchir engagent des mesures pour restaurer les finances et l'économie du pays. En mai dernier déjà, le président ordonnait la fermeture de 13 missions diplomatiques assorties de réduction d'effectifs dans toutes les autres missions diplomatiques du pays, toujours dans l'objectif de réduire les dépenses de l'Etat.

Par ailleurs, le budget 2018 déjà était porteur de mesures qui n'ont jusqu'à lors pas porté les fruits escomptés. Ce budget vise un taux de croissance de 4% pour une réduction de l'inflation à 19,5% prévoit entre autres, la suspension des projets de constructions de bâtiments gouvernementaux ou encore l'interdiction de tout versement de prime ou récompense sans l'approbation préalable du ministère des Finances. En juin dernier cependant, l'inflation a atteint un taux annuel de 63,86%. Face à la dépréciation de la livre soudanaise, le pouvoir d'achat a davantage dégringolé.

La levée des sanctions par les Etats-Unis en octobre dernier laissait présager de meilleures perspectives pour le Soudan, notamment en matière d'attraction pour les investissements. Mais l'intention d'Omar el-Béchir de briguer un troisième mandat lors de la présidentielle de 2020 et ce après 29 ans à la tête du pays, crée des remous à l'intérieur du pays.

Ristel Tchounand

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