Serveurs informatiques : le marché africain peine à décoller

Même si le marché mondial est en baisse, la logique veut qu'en Afrique, dont la majeure partie des pays sont toujours en phase d'équipement, suive un rythme haussier. Or, ce n'est toujours pas le cas.
Mehdi Lahdidi

La baisse des ventes des serveurs s'est poursuit en 2016. Le chiffre d'affaires des fournisseurs sur le marché mondial des serveurs a reculé de 4,6% d'un exercice à l'autre pour s'établir à 14,6 milliards de dollars au quatrième trimestre de l'année dernière. Même si elle est toujours en phase d'équipement, l'Afrique n'est pas épargnée par ce recul. Les revenus des ventes de ces équipements indispensables pour les développements de l'« Internet local » ont décliné dans le continent de 7,5 %, selon le Data Tracker, l'indice du cabinet spécialisé des TIC, l'IDE. A titre de comparaison l'Amérique latine a enregistré une baisse relativement faible de 1,1%. Les États-Unis ont connu une diminution de 7,6% d'une année à l'autre. L'Europe, ainsi que l'ensemble des pays du Moyen-Orient et l'Afrique (EMEA) ont affiché une baisse de 12,9%. Seule la Chine a connu une croissance des revenus de 18,8% à 2,7 milliards de dollars.

Cette baisse généralisée, géographiquement, des ventes touche presque tous les segments de produits. En effet, dans les détails, le volume et les revenus des équipements de moyennes gamme (dits midrange en anglais, utilisé principalement pour les grands sites Internet, des intranets et des extranets des moyennes et grandes entreprise), ont reculé respectivement de 3,3% et de 6,1% au quatrième trimestre, pour se chiffrer à 11,2 milliards de dollars et 1,4 milliard de dollars. Parallèlement, la demande de systèmes haut de gamme a également reculé de 10,7% d'un exercice à l'autre pour s'établir à 2 milliards de dollars.

Qu'est ce qui conduit une telle baisse ?

Selon les explications des experts du cabinet, la croissance globale du marché des serveurs a freiné en partie en raison d'un ralentissement de la propagation des grands Datacenters et de la poursuite de la baisse des ventes de serveurs haut de gamme, utilisé principalement par le secteur financier. Concernant l'Afrique, les experts estiment que la plupart des pays sont en phase d'équipement. A l'exception des banques, la transformation digitale se fait, principalement, à travers des clouds publics. Les opérateurs et les investisseurs en datacenters ne trouvent, toujours pas, que le moment est propice pour l'implantation de nouveau datacenter, et cela pour deux principales raisons. Beaucoup considèrent qu'à l'exception de l'Afrique du Sud, le Kenya, le Nigéria, le marché « entreprises » n'a pas encore atteint une taille critique. De plus, ce genre de services impliquant la garantie d'une alimentation en électricité qui soit continue, ce qui n'est pas toujours évident dans un grand nombre de pays. Mais cette tendance ne devrait pas durer. Les experts estiment qu'à partir de 2020, les ventes de ce type d'équipements reprendront, surtout en Afrique. Cela concerne principalement les serveurs haut de gamme, dont la grande capacité de calcul les rend indispensables pour des opérations d'analyses de données et de datamining, deux fonctions sur lesquelles misent les entreprises actuellement.

En même temps, les chiffres de l'IDC révèlent une reconfiguration des grands fournisseurs. Même si Hewlett Packard Entreprise (HPE) demeure le numéro 1 sur le marché mondial des serveurs avec 23,6% de part de marché, ses revenus ont diminué de 12,2%. Une contreperformance étonnant vu que la part d'HPE inclut les revenus de sa joint-venture chinoise H3C qui a pourtant le vent en poupe... Quant au numéro 2 mondial, Dell Technologies, il a su maintenir sa position avec 17,6% de part de marché. Sa performance peut être considérée comme stable, voire même positive, puisqu'il a arrivé à stabiliser ses ventes, qui ont augmenté de 0,1% d'une année sur l'autre, dans un contexte de baisse de régime. IBM a repris sa troisième place, contrôlant 12,3% du marché, alors même que les revenus des fournisseurs ont diminué de 17,1% d'une année sur l'autre. Lenovo et Cisco sont à égalité en 2016.  L'ex-numéro 1 mondial et le challenger chinois ont ensemble chuté à la quatrième position de marché avec 6,5%, et 6,3% de part du marché. Le chiffre d'affaires de Lenovo a diminué de 16,7% à 947 millions de dollars, tandis que celui de Cisco a baissé de 1,3% pour atteindre 916 millions de dollars.

Mehdi Lahdidi

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Commentaire 1
à écrit le 25/03/2017 à 19:22
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Merci pour cet article intéressant. Je mettrais également la baisse des revenus des hydrocarbures qui plombe les budgets de pays producteurs de pétrole et ralentit les investissements. Le développement d'internet est également un critère qui doit, à ...

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