Ebola : l'Ouganda face aux risques de propagation de l'épidémie depuis la RDC

Les autorités ougandaises étaient parées à l’importation de cas depuis la réapparition en 2017 de la fièvre hémorragique Ebola dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC), son voisin avec lequel il partage une frontière de plus de 700 kilomètres. Ce mardi 11 juin, le ministère de la Santé et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont confirmé une dizaine de cas -dont un décès- de personnes infectées ou suspectées d'être infectées par le virus Ebola. La crainte d’une épidémie extraterritoriale à la RDC est de plus en plus accrue.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Tout l'Ouganda est «en mode riposte!». L'annonce est de Ruth Aceng, la ministre ougandaise de la Santé qui en appelle à une collaboration avec «les responsables de la santé, de l'immigration et de la sécurité pour assurer un dépistage efficace afin d'éviter la propagation d'Ebola dans d'autres régions du pays». Des mesures préventives pour contrer les risques posés par la première confirmation d'un cas d'infection à la fièvre hémorragique Ebola.

Un décès, deux nouveaux cas et sept cas suspects

Ce 9 juin, une famille en provenance a traversé le poste-frontière de Bwera pour assister à des funérailles en RDC. Au retour de la cérémonie, la famille sollicite des soins médicaux pour leur garçon de cinq ans dans un hôpital de cette localité située dans l'ouest de l'Ouganda. L'enfant est finalement décédé dans la nuit de mardi à mercredi. Depuis, deux autres nouveaux cas et sept cas suspects sont venus s'ajouter au décès du petit garçon, selon la ministre de la Santé, en visite dans la province de Kasese où les cas ont été découverts

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Ce mardi 11 juin déjà, les craintes des agents de santé ont été confirmées par l'Uganda virus institute (UVRI), le laboratoire national chargé de l'identification des maladies. «Le ministère de la Santé et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont confirmé l'existence d'un cas de maladie à virus Ebola en Ouganda. Bien qu'il y ait eu de nombreuses alertes précédentes, il s'agit du premier cas confirmé en Ouganda lors de l'épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo voisine», révèlent dans la foulée l'Ouganda et l'OMS dans un communiqué conjoint

Le sombre bilan des près de 1 400 personnes mortes sur les 2 062 personnes infectées en RDC a dû faire tressaillir les autorités sanitaires. Voisine de la RDC avec qui elle partage une longue frontière terrestre de plus de 700 kilomètres, l'Ouganda reçoit régulièrement des réfugiés congolais fuyant les conflits en cours en Ituri ou dans les Kivu, ces régions de la RDC. «En prévision d'un éventuel cas d'importation lors de l'épidémie actuelle en RDC, l'Ouganda a vacciné près de 4 700 agents de santé dans 165 établissements de santé, y compris dans l'établissement où l'enfant est soigné», tente de rassurer le communiqué conjoint.

Risques de panique généralisée vers les neuf voisins de la RDC

Entre les lignes, l'objectif est d'éviter une épidémie généralisée dans cette région des Grands Lacs où les déplacements des populations dans tous les sens peuvent accroître la propagation d'une épidémie vers les neuf pays qui partagent avec la RDC une frontière. Sur un ton alarmiste, la plupart des ONG internationales avaient relevé ce risque et appelé à plus de vigilance.

«Si le virus franchissait la frontière [de la RDC], nous serions face à une nouvelle épidémie comparable à celle de 2014 en Afrique de l'Ouest, mais dans une zone frontalière bien plus instable. Ce serait un cauchemar !», avertissait déjà Tamba Emmanuel Danmbi-saa, le responsable du programme humanitaire d'Oxfam en RDC.

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Entre 2014 et 2016, une épidémie d'Ebola avait frappé la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia. Perçus comme la plus grave épidémie en Afrique de l'Ouest depuis la découverte de la maladie en 1976, la fièvre hémorragique et ses ravages dans la région avaient fait quelque 11 000 morts. Cependant, l'espoir est permis avec ce vaccin expérimental inoculé aux personnels soignants et aux membres des familles des personnes infectées ou décédées. De l'efficacité de ce vaccin dépend peut-être l'éradication de cette maladie qui n'a fait que trop de morts.

Ibrahima Bayo Jr.

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