Monnaie unique de la CEDEAO : une nouvelle feuille de route pour accélérer le processus

Du 17 au 20 janvier, une quarantaine d’experts de la CEDEAO sont en conclave à Abuja pour élaborer une nouvelle feuille de route destinée à accélérer la création de la monnaie unique. Malgré les réticences de certains Etats et le retard accusé, l’organisation d’intégration sous-régionale maintien le cap de 2020 comme échéance.
Lors de la réunion de Niamey d’octobre dernier, les chefs d’Etat de la Task force présidentiel ont demandé au comité ministériel de la CEDEAO de «se réunir dans un délai de trois mois afin de proposer une nouvelle feuille de route en vue d'accélérer la création de la monnaie unique en 2020.

Le processus de création d'une monnaie unique au sein de la CEDEAO est en bonne voie. C'est en tout cas ce que montre l'organisation d'intégration sous-régionale qui a réuni, du 17 au 20 janvier à son siège Abuja au Nigéria, une quarantaine d'experts qui se penchent sur les mesures idoines à prendre en vue d'accélérer la création de ladite monnaie. Il s'agit d'une réunion technique préparatoire à celle que devrait tenir par la suite le Comité ministériel sur le Programme de la monnaie unique de la CEDEAO.

Durant les trois jours de travaux, les experts examineront une série de propositions qui devront leur permettre l'élaboration d'un projet consensuel pour une nouvelle feuille de route à soumettre à la réunion du comité ministériel prévue en février 2018 à Accra au Ghana.

La CEDEAO respecte ainsi donc à la lettre les instructions de la 4e réunion de la task force présidentielle pour le programme de la monnaie unique qui s'est tenue le 24 octobre 2017 à Niamey au Niger. C'est d'ailleurs ce qu'a mis en exergue, à l'ouverture des travaux, Mamadou Traoré, le commissaire chargé des Politiques macroéconomiques et de la recherche économique de la Commission.

[Lire aussi : Monnaie unique de la CEDEAO : Issoufou optimiste, Buhari pessimiste et ADO toujours acquis au CFA]

 Les chefs d'Etat en charge du processus avaient en effet demandé au comité ministériel de se réunir dans un délai de trois mois afin de proposer une nouvelle feuille de route en vue d'accélérer la création de cette monnaie. D'après le point fait par le commissaire Traoré, le processus d'intégration monétaire est en bonne voie depuis le nouveau déclic impulsé en 2017. Il a rappelé, entres autres, la tenue l'année dernière des réunions statutaires des institutions régionales, l'organisation de la 4e rencontre de la Task force et de la première réunion entre le président sortant de la Commission de la CEDEAO, Marcel de Souza, les gouverneurs des banques centrales de la sous-région ainsi que les directeurs généraux des diverses institutions chargées de la création de la monnaie. «Ces acquis, a-t-il dit, ont marqué un tournant dans la mise en œuvre des chantiers de l'intégration monétaire au sein de la Communauté ouest-africaine», a déclaré Mohamed Traoré.

Réticences

En dépit des réticences de certains Etats, le retard accusé depuis le démarrage du processus en 1987,  l'échéance de 2020 pour le lancement de la monnaie est maintenue. C'est du reste le vœu qu'avait formulé à Niamey, le chef d'Etat nigérien pour qui le maintien du cap de 2020, est «un signal fort».

«Nous devons aborder la  question de l'échéance de la monnaie unique avec réalisme et responsabilité, car les  remises en question répétitives des dates de l'avènement de notre monnaie unique, même si elles se justifient, peuvent développer une lassitude et installer un scepticisme dans l'esprit de nos concitoyens», avait annoncé Issoufou Mahamadou. Le président nigérien a ainsi plaidé pour que tout soit mis en œuvre «pour le respect de  la date de 2020» malgré les inquiétudes du Nigéria sur le réalisme d'une telle échéance.

Lors de la réunion d'Abuja, les mêmes réticences ont été remises sur la table par le Nigéria qui n'a d'ailleurs jamais fait mystère de son scepticisme sur le respect de l'objectif de 2020 pour la création de la monnaie unique. Le représentant du ministre des Finances du Nigéria, Aliyu Ahmed, directeur du département des Relations économiques internationales, a certes indiqué que son pays tient à la réalisation d'une union économique et monétaire au sein de la CEDEAO. Toutefois, a-t-il aussitôt ajouté, «l'intégration doit être conçue pour combler le fossé entre la vision et les réalisations tangibles».

«Si l'intégration monétaire n'est pas correctement engagée et pertinemment séquencée, elle pourrait aboutir à des résultats regrettables».

Le Nigéria a déjà fait part des mêmes inquiétudes lors de la dernière réunion des Chefs d'Etat de Niamey. Le président Muhammadu Buhari a prôné pour un processus progressif  qui passe d'abord par une plus grande préparation des économies de la sous-région.

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