Samia Suluhu Hassan est désormais présidente de la République de Tanzanie pour les quatre années à venir. Elle a prêté serment ce 19 mars, promettant le respect de la constitution. Jusqu'à lors Vice-présidente, elle succède ainsi au président John Magufuli décédé le 17 mars des suites d'un arrêt cardiaque.
La nouvelle patronne de la State House de Dar es Salam est une véritable pionnière. Première femme à accéder au pouvoir en Tanzanie et au sein de la Communauté de l'Afrique de l'Est qui rassemble également le Kenya, l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et le Soudan du Sud, Samia Suluhu Hassan était déjà, en 2015, la première femme choisie comme colistière par un candidat à la présidentielle. La victoire de John Magufuli, qui lui a permis de faire un premier mandat avant sa réélection en octobre 2020, avait fait d'elle la première femme numéro deux au sommet de l'Etat.
Née en 1960 à Zanzibar, Samia Suluhu Hassan est par ailleurs la première personnalité originaire de cet archipel emblématique à accéder à la magistrature suprême dans son pays. Une réalisation qui est en réalité le couronnement de 21 ans d'engagement politique. Diplômée en économie de l'Université de Manchester, de l'Université libre de Tanzanie et en administration publique de l'Université Mzumbe, c'est après avoir travaillé dans le domaine du développement, notamment dans la fonction publique, que l'économiste se lance en politique en 2000, sous les couleurs du Chama cha Mapinduzi (CCM), le parti au pouvoir depuis l'indépendance. D'abord membre de la Chambre des représentants de Zanzibar, elle sera deux fois ministre dans le gouvernement de l'archipel sous Amani Abeid Karume. Femme pionnière à ce niveau de responsabilité, l'histoire raconte qu'elle devra notamment faire face à des collègues hommes pas toujours cléments.
Cependant, la politicienne ne lâche rien. Elue en 2010 député de Makunduchi, une ville dans la région de Zanzibar, elle devient ministre d'État pour les Affaires de l'Union sous le président Jakaya Kikwete. Là encore, l'économiste est la première personnalité féminine à diriger ce département qui se veut stratégique à l'époque. Son choix d'évoluer plus tard aux côtés de John Magufuli l'a donc porté au sommet de l'Etat, suite à la disparition de ce dernier. Conformément à la constitution, Samia Suluhu Hassan restera présidente de la République jusqu'aux prochaines élections présidentielles prévues en 2025.
Son investiture ce vendredi a soufflé un vent d'enthousiasme à travers le monde, au moment les femmes qui officient en tant que chefs d'Etat restent très peu nombreuses, notamment en Afrique. Samia Suluhu Hassan rejoint ainsi l'Ethiopienne Sahle-Work Zewde (dont les responsabilités sont symboliques et honorifiques, faut-il préciser) sur la liste ultra-restreinte des femmes présidentes de la République en cours d'exercice en Afrique.
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