BAD : l’explosion démographique en Afrique, une opportunité, mais aussi une bombe à retardement

Les gouverneurs des régions d'Afrique du Nord et de l’Est de la BAD se sont réunis cette semaine au siège de l’institution panafricaine afin d’échanger sur les perspectives de développement du Continent. A l’issue de leur conclave, ils ont rappelé l’urgence de certains défis prioritaires de l’heure, notamment la problématique de la jeunesse. A cet effet, ils ont plaidé pour une accélération de la stratégie de développement du Continent en misant notamment sur la hausse des investissements, un objectif auquel s’attelle la BAD afin de combler le déficit du Continent en infrastructures.
Selon la Division Population de l'ONU, l'Afrique devrait avoir plus de 840 millions de jeunes d'ici à 2050.
Selon la Division Population de l'ONU, l'Afrique devrait avoir plus de 840 millions de jeunes d'ici à 2050. (Crédits : Reuters)

Ce n'est pas une nouvelle étude de la Banque africaine de développement (BAD) qui le rappelle, mais plutôt l'avis partagé par des gouverneurs de l'institution financière pour l'Afrique de l'Est et l'Afrique du Nord. A l'issue d'un conclave de deux jours qui vient de se tenir à Abidjan, en Côte d'Ivoire, les ministres des Finances de ces deux de régions, gouverneurs au titre de leurs pays, ont analysé les perspectives de développement du Continent.

A l'occasion, ils ont de nouveau plaidé pour «la nécessité de prendre des mesures urgentes pour faire face à la croissance démographique et au chômage des jeunes». S'ils ont reconnu que «la forte progression de la population du Continent, notamment sa jeunesse, est un moteur de croissance potentielle pour le monde», les gouverneurs de la BAD ont toutefois alerté que «l'explosion démographique en Afrique est une bombe à retardement».

Il va falloir agir vite donc pour offrir des opportunités à ces jeunes qui viendront s'ajouter sur le marché du travail et qui auront besoin également d'accès aux services. «Le plus grand défi pour l'Afrique aujourd'hui est la création d'emplois, un enjeu de stabilité et un levier pour tirer la croissance économique vers le haut» a par exemple souligné le ministre algérien des Finances, Abderahmane Raouia, pour qui il faudrait «offrir aux jeunes des opportunités d'emploi pour les convaincre de rester ici, sur le Continent».

Investissements et industrialisation

Le défi est donc de taille, même si selon le président de la BAD, «la bonne nouvelle est que la solution est à notre portée et nécessitera des investissements». Akinwumi Adesina a échangé avec les gouverneurs sur la meilleure stratégie pour combler le déficit d'investissements dans les infrastructures en Afrique, estimé à près de 170 milliards de dollars.

Afin de combler ce déficit, assurer la croissance inclusive et créer des emplois pour la population du Continent, la réunion a d'ailleurs approuvé le principe d'organiser l'«African Investment Forum» sous l'égide de BAD. L'évènement va se tenir du 7 au 9 novembre 2018 à Johannesburg, en Afrique du Sud et servira de plateforme pour mobiliser des investissements à fort impact, notamment dans le secteur industriel. «Les emplois viendront de l'industrialisation : la nouvelle approche consistant à utiliser le Forum africain de l'investissement pour réduire les risques et attirer les investisseurs est la voie à suivre», a ainsi estimé Kiplagat Rotich, ministre kényan des Finances.

Pour son homologue marocain de l'Économie et des finances, Mohamed Boussaid,  «une augmentation de capital n'est pas un choix, c'est une nécessité». La preuve, a-t-il fait remarquer par le cas du royaume, «aujourd'hui, le premier secteur d'exportation au Maroc n'appartient plus aux secteurs traditionnels tels que les phosphates, mais à l'industrie automobile».

Selon les statistiques officielles, près de 13% de la population mondiale vit aujourd'hui en Afrique subsaharienne, un chiffre qui devrait plus que doubler d'ici à 2050. D'après les chiffres de la Division de la population de l'ONU, quatre milliards de personnes, soit 36% de la population mondiale, pourraient vivre dans la région d'ici à 2100. L'Afrique devrait avoir plus de 840 millions de jeunes d'ici à 2050, le Continent ayant la population la plus jeune sur Terre.

Lire aussi : Investissements : «High5», la liste des priorités de la BAD

Selon Adesina, «il nous reste 12 ans pour réaliser les Objectifs de développement durable. Et si l'Afrique n'atteint pas ces objectifs, le monde ne les atteindra pas non plus». Ainsi, avec sa nouvelle stratégie des «High 5» la BAD entend accélérer le développement de l'Afrique. «Nous approfondissons nos réformes, nous avons porté nos décaissements à leur plus haut niveau l'année dernière et nous mobilisons davantage de ressources pour l'Afrique», a assuré le président Adesina.

Ainsi, grâce à une augmentation substantielle de capital, la Banque sera en mesure d'exécuter son programme d'investissements avec des opérations d'un montant de 15 milliards de dollars rien que pour cette année. «Les perspectives pour 2018-2020 sont brillantes, avec 50,3 millions de personnes qui devraient bénéficier d'un accès amélioré au transport contre 14 millions en 2017. En outre, plus de 35 millions de personnes devraient bénéficier de connexions électriques nouvelles ou améliorées, contre 4,4 millions en 2017», a enfin rappelé a BAD dans un communiqué.

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