En lançant un Atlas, l'ONU et la BAD cartographient l'énergie en Afrique

Les Nations Unies et la BAD viennent de publier un Atlas africain de l’énergie. Un document voulu comme un guide pratique pour les gouvernements africains et les investisseurs potentiels, de manière à dynamiser la mise à niveau du secteur. En effet, la production en énergie reste loin de couvrir les besoins en électricité africain. Le continent reste fortement dépendant du pétrole qui représente 42% de sa consommation, suivi du gaz et du charbon avec respectivement 28 et 22%. Publié en marge de Forum économique mondial qui vient de fermer ses portes à Durban, cet Atlas met également en garde contre les effets secondaires liés à l’utilisation massive de la biomasse à des fins domestiques.
Amine Ater

Le programme des Nations Unies pour l'environnement (UNEP) vient de rendre public, un Atlas sur la production en énergie du continent. Dévoilé en marge de la dernière édition du Forum économique mondial qui a fermé ses portes, le 5 mai dernier à Durban (Afrique du Sud), cet ouvrage est un travail conjoint entre l'UNEP et la Banque africaine de développement (BAD). L'objectif principal de cet Atlas est de dresser une cartographie réaliste de la production, consommation et nature de l'énergie en Afrique.

Un accès loin d'être suffisant

Selon cette étude, la production en énergie actuelle en Afrique reste loin de couvrir une demande en expansion continue. Près d'un tiers de la population africaine n'aurait aucun accès à l'électricité, là où 53% des africains dépendraient de la biomasse pour la cuisson et le chauffage. En plus de permettre une meilleure compréhension de la situation sur le terrain, cet Atlas devrait également faciliter la mise en place de services énergétiques fiables et abordables.

L'Atlas permet ainsi d'identifier le potentiel, mais aussi la fragilité des ressources énergétiques du continent, dont le développement socio-économique reste tributaire. En effet, selon cette enquête, l'Afrique aurait le niveau de consommation d'énergie par habitant le plus bas au monde. Bien que le continent abrite 16% de la population mondiale (1,18 milliard de personnes sur 7,35 milliards), il n'absorbe que près de 3,3% de l'énergie primaire mondiale.

Dépendance aux énergies fossiles

Le mix énergétique africain est composé essentiellement de pétrole avec 42% de sa consommation totale en énergie. Le gaz naturel suit avec 28%, suivi du charbon (22%), de l'hydroélectricité (6%) ou encore d'énergie renouvelable (1%) et de nucléaire (1%). D'ailleurs, l'Afrique du Sud représente à elle seule, 94% de la production de charbon en Afrique et en est le septième producteur mondial.

Niveau énergies renouvelables, bien qu'elles soient encore balbutiantes, elles restent assez diversifiées. Les ressources africaines en la matière sont énormes en quantité. Preuve en est, le potentiel solaire presque illimité du continent (10 TW), sources hydroélectriques abondantes (350 GW), l'éolien (110 GW) et le géothermique (15 GW). Il n'empêche que les énergies renouvelables restent inégalement réparties. En termes d'énergies fossiles, les estimations tablent sur l'existence de réserves de 115,34 milliards de barils de pétrole et de 21,05 trillions de mètres cubes de gaz, techniquement récupérables en Afrique subsaharienne.

Défaillance structurelles

Une abondance de ressources renouvelables qui est loin d'être exploitée à sa juste mesure. Les agglomérations africaines sont toujours tributaires de réseaux électriques défaillants et qui peinent à répondre à la demande (ménagère ou industrielle). Ce qui se traduit par une distribution électrique peu fiable. Résultat des comptes, près de 60% des réfrigérateurs utilisés dans les centres hospitaliers ne sont pas à 100% fonctionnels à causes des coupures de courant intempestives. Ce qui compromet le stockage sécurisé des vaccins et des médicaments. Selon l'UNEP, la moitié des vaccins seraient ainsi impropres à l'utilisation en raison du manque de réfrigération.

L'Atlas a également mis en garde contre l'utilisation domestique de la biomasse, qui représente près de 30% de l'énergie consommée en Afrique. Un taux qui grimpe à 80 % dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne. Cette situation inquiète les experts de l'ONU, vu que la pollution intérieure causée par la cuisson à la biomasse pourrait causer des décès, « plus que le paludisme et le sida combiné ».

Un guide pratique de l'énergie

En plus de dresser un portrait de l'utilisation domestique de l'énergie, cet Atlas a également pour objectif de servir de guide aux opérateurs énergétiques souhaitant investir en Afrique. A ce jour les réserves de charbon, de gaz naturel et de pétrole représentent respectivement 3,6%, 7,5% et 1,6% des réserves mondiales. Des ressources qui devront faire face à une population croissante, une industrialisation soutenue ou encore à une urbanisation galopante qui implique une demande exponentielle en énergie au niveau local.

Pour l'heure, seule une fraction insignifiante du potentiel énergétique existant a été exploité. Une situation qui se traduit par une faiblesse d'accès à l'énergie qui se conjugue à un manque de fiabilité de sa distribution, notamment en Afrique subsaharienne. Des défaillances structurelles dont les premières victimes, restent les secteurs de production et de fabrication, qui peinent à tourner à plein régime où voient tout simplement leur trésorerie fortement sollicitées pour assurer l'approvisionnement continu en fuel ou en gaz nécessaires au fonctionnement des groupes électrogènes.

Cet ouvrage de l'UNEP se revendique ainsi comme un outil permettant de faciliter l'accès à l'information et aux données relatives au secteur de l'énergie, en faveur des opérateurs économiques, des bailleurs de fonds, des gouvernements africains et de la communauté des donateurs. Un guide qui pourrait dynamiser la mise en place ciblée d'infrastructures adaptées aux conditions locales et assurer une variété du mix énergétique local, à grand renfort de graphiques, de cartes et de données satellitaires.

Amine Ater

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