Télécoms : premier opérateur privé en Ethiopie, Safaricom ramène M-Pesa et ouvre la porte de la concurrence

Après plusieurs années de négociations et face parfois à des concurrents coriaces, Safaricom –l’opérateur à l’origine de la vulgarisation du mobile-money en Afrique- officialise son entrée sur le marché éthiopien des télécoms. Pour l’occasion, le président William Ruto a fait le déplacement aux côtés du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed qui voit ainsi aboutir son stratégique plan de libéralisation sectorielle.
Ristel Tchounand
(Crédits : DR)

Le marché éthiopien des télécoms est officiellement concurrentiel. C'est une cérémonie en grandes pompes qu'ont organisé les dirigeants du groupe kényan et les autorités éthiopiennes pour célébrer le lancement des activités de Safaricom Ethiopia ce jeudi 6 octobre à Addis Abeba. Des festivités qui se poursuivent ce vendredi à coup de feu d'artifices et de spectacles de drones. « La success story de Safaricom est une innovation si durable de la façon dont la révolution technologique contourne les barrières traditionnelles pour offrir une prospérité durable », a déclaré le président William Ruto, estimant qu'il est nécessaire pour les pays africains de saisir l'opportunité que représente la technologie pour décliner « des politiques numériques dynamiques qui ouvriront les économies, en vue d'accélérer la croissance ».

« Etape importante »

« Il s'agit d'une étape importante pour Safaricom », a déclaré Peter Ndegwa, CEO de Safaricom, ajoutant que l'un des objectifs clés de la filiale éthiopienne est de placer la communauté « au cœur de ses services » de manière à « transformer des vies ».

L'ouverture de Safaricom en Ethiopie est l'aboutissement d'un projet lancé il y a cinq ans, en 2018. Abiy Ahmed vient d'accéder à la Primature et voient un certain salut économique dans la libéralisation de certains secteurs dont les télécoms. Très vite, plusieurs géants internationaux se bousculent aux portes ne serait-ce que pour comprendre quel sens l'Ethiopie veut donner à cette industrie sur son sol. Le sud-africain MTN et le français Orange sont parmi les premiers à entretenir un contact étroit avec Addis Abeba pour saisir l'opportunité sur ce marché aux 100 millions de consommateurs. Mais le groupe basé à Paris finira par abandonner le projet proposé par les autorités début 2021, arguant que ce dernier ne cadrait pas avec sa vision stratégique.

Une licence pour déployer M-Pesa

C'est en mai 2021 que Safaricom -à la tête d'un consortium britanno-japono-kényan- a décroché sa licence. Depuis lors, la firme procédait au déploiement de l'infrastructure numérique pour assurer la qualité de ses services.

Pendant la cérémonie de lancement, les autorités éthiopiennes ont également révélé l'octroi à Safaricom d'une licence pour le déploiement de M-Pesa, sa célèbre plateforme de mobile money qui a fait du Kenya le pionnier en la matière dans le monde en 2007. Cette dernière sera déployée dans 25 villes d'Ethiopie d'ici 2023.

Vodacom, actionnaire majoritaire de Safricom- a participé au lancement à Addis Abeba, se félicitant de cette expansion. « Notre investissement dans ce pays au cours de la prochaine décennie -décrit par Son Excellence le Premier ministre Abiy Ahmed comme le plus grand investissement direct étranger en Ethiopie à ce jour, transformera un certain nombre de domaines prioritaires et soutiendra le plan macro-économique du gouvernement éthiopien », a déclaré Shameel Joosub, CEO du Groupe Vodacom qui a rappelé qu'avec Vodafone et Safaricom, le trio des télécoms constituent une plateforme internationale de plus de 300 clients -dont 130 millions en Afrique- sur 21 marchés et 27 marchés partenaires à travers le monde.

« L'Ethiopie est un pays magnifique avec un potentiel inégalé », a pour sa part déclaré Anwar Soussa, CEO de Safricom Ethiopia. « Alors que la demande de réseau augmente, nous resterons déterminés à construire l'un des réseaux les plus modernes au monde pour les Éthiopiens », a-t-il ajouté.

Ethio Telecom, l'opérateur historique jouera sa place dans le cœur des Ethiopiens

Traditionnellement, l'arrivée d'un nouvel opérateur dans un secteur monopolistique a tendance à susciter la curiosité des usagers, surtout quand le nouvel entrant est Safaricom, qui a plutôt le vent en poupe en Afrique de l'Est. D'ailleurs, le projet de liubéralisation d'Abiy Ahmed, à ses débuts, n'avait pas particulièrement plu à Ethio Telecom. Depuis lors, l'opérateur historique a multiplié les réajustements, l'investissement dans les infrastructures et les innovations pour relever son niveau face aux futurs opérateurs privés. M-pesa viendra ainsi concurrencer Telebirr, la plateforme de mobile money de l'opérateur public.

En tout cas, Safaricom Ethiopie s'appuie sur un puissant tour de table, composé de Safaricom Kenya (47,1%), le japonais Sumitomo (environ 23%), l'investisseur public britannique British International Investment -ex-CDC (environ 9,2%), Vodacom (environ 5,2%) et depuis récemment la Société financière internationale (IFC), filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé qui s'est offerte environ 15% des parts de la société en y investissant 160 millions de dollars.

Ristel Tchounand

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