Changement climatique : le Maroc en leader africain

A travers les nombreuses initiatives déployées pour s'adapter au changement climatique, la présidence de la COP22, l'organisation réussie de la première édition du « Africa Action Summit », le Royaume, initiateur de ce sommet, se place en leader de la lutte contre le changement climatique sur le continent Africain. Retour sur un succès mérité.

"Une problématique délicate qui doit être abordée avec tout le sérieux et toute la responsabilité nécessaires", c'est en ces termes que SM le Roi Mohammed VI a décrit la problématique du changement climatique dans son discours à l'occasion de la première réunion de "haut niveau" des Etats parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques le 15 novembre à Marrakech.

C'est dire l'importance accordée à cette problématique par les plus hautes instances du Royaume et ce depuis des années. Preuve en est l'annonce faite en ce 17 novembre par le président de la COP22, Salaheddine Mezouar, du lancement du «Prix International Pour le Climat et l'Environnement », à l'initiative de SM le Roi Mohammed VI. Doté annuellement d'un million de dollars, ce prix vise à récompenser une action particulièrement innovante et à fort impact de changement.

Mais aussi l'organisation du «African Action Summit » en marge de la COP22 à l'initiative du SM Le Roi Mohammed VI. Ce sommet, qui en est à sa première édition, est une  opportunité pour les pays africains de coordonner leurs prises de position et de parler d'une seule voix pour défendre leurs intérêts. Sachant que le continent africain est le premier à souffrir des effets néfastes du dérèglement climatique.

La machine en marche

Centrales solaires d'Ouarzazate, projets grandioses de parcs éoliens dans le Sud et le Nord du Royaume, projets de R&D, Plan Maroc Vert, stratégie pour l'eau, réformes législatives... la machine est en marche pour le Maroc qui peut se targuer d'avoir une longueur d'avance au niveau mondial dans la prise en charge des effets du changement climatique. Il a d'ailleurs été un des premiers pays au niveau mondial à avoir soumis sa contribution prévue déterminée au niveau national (Intended Nationnalley Determined Contributions : INDC),  avant la COP 21 tenu l'année dernière à Paris.

La réalisation de la contribution marocaine a demandé un large processus de concertation avec tous les intervenants au lendemain de la COP 19 tenue à Varsovie en 2013.

« Le Maroc enregistre de grandes avancées en matière de lutte contre le changement climatique. Que ce soit en matière d'énergies renouvelables, de gestion de l'eau, de politique agricole, de développement humain...Le plan institutionnel n'est pas en reste puisque le Maroc a légiféré en la matière que ce soit sur le plan réglementaire et juridique afin de donner des bases solides à la durabilité et la résilience dans notre pays », souligne Hakima El Haité, ministre déléguée à l'Environnement et « championne marocain du climat » nommée par les Nations Unies.

L'objectif initial visé par la contribution du Maroc en matière d'atténuation  est de 13% des émissions en 2030 par rapport  aux émissions  projetées à la même année selon le scénario « cours normal  des affaires » : CNA.
La contribution comportait également une réduction additionnelle de 19% dans le cas d'un appui international, ce qui porterait la réduction totale de 32% des émissions en 2030 par rapport aux émissions projetées à la même année, selon  le scénario CNA.
Atteindre cet objectif ambitieux nécessite un investissement global de 45 milliards d'ici à 2030.

Afin de réduire considérablement  ses émissions de gaz à effet de serre (GES)  le Royaume table essentiellement  sur le secteur  de l'énergie. Le programme de transformation prévoit l'installation de 50% de la puissance électrique à partir de sources renouvelables d'ici 2025, la réduction  de 15% de la consommation d'énergie d'ici 2030, la réduction des subventions aux énergies  fossiles, et l'augmentation  de façon  substantielle  de l'utilisation du gaz naturel couplée à la multiplication des projets d'importation du gaz naturel liquéfié.
D'autres stratégies sectorielles proposent des plans d'actions pour faire face au changement climatique que soit au niveau de l'agriculture, l'eau, la gestion des déchets, l'industrie..

Le Triple A

Fortement dépendante de la pluie, l'agriculture subit de plein fouet les dommages collatéraux du changement climatique. A travers l'initiative Adaptation pour l'Agriculture en Afrique plus connu sous le sigle AAA, le Maroc propose une réponse innovante pour réussir l'adaptation des agriculteurs aux changements climatiques. «L'agriculture est aussi porteuse de solutions aux phénomènes des changements climatiques, surtout pour l'Afrique», soulignait Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime lors du side-event organisé le 8 novembre sous le thème de l'adaptation de l'agriculture au Maghreb et en Afrique au changement climatique, par l'Agence de développement agricole (ADA) sous l'égide du ministre de l'agriculture et de la pêche maritime et en partenariat avec l'Agence française de développement (AFD) et le Fonds français pour l'environnement mondial (FFEM).

Applaudie et adoptée par une majorité de pays africains, comporte deux volets ; le premier lié à la négociation CCNUCC qui vise à soutenir le principe d'un financement plus important de l'Adaptation de l'Agriculture Africaine lors de la COP 22. Quand au second, il est relatif à l'accélération du développement des projets africains, en s'appuyant notamment sur quatre programmes : la gestion durable des ressources en sol, la maitrise durable de l'eau agricole, la gestion des risques climatiques et le financement solidaire des petits porteurs des projets.

Le développement d'outils de financement de l'adaptation comme l'assurance sont également prévus. A cet effet, le projet ACCAGRIMAG représente une innovation dans la mise en œuvre de mesures visant à contrer l'effet du changement climatique sur les terrains agricoles.

« Mis en œuvre au Maroc et en Tunisie, il vise principalement le développent de l'assurance agricole indicielle et la diffusion de technologies de réduction de la vulnérabilité des petits agriculteurs au changement climatique », explique-t-on du côté de l'ADA. «Cette assurance doit être déployée en tant qu'outil de promotion de techniques culturales d'adaptation au changement climatique et non pas seulement comme outil de mutualisation des risques », ajoutent-ils.

Energies renouvelables

L'adaptation au changement climatique par les énergies renouvelables est une réalité au Maroc. Que ce soit le projet Noor, une des plus grandes installations solaires à travers le monde, ou encore le grand parc éolien, à Tarfaya, le Royaume s'est engagé depuis 2009 dans un plan de construction de 6 000 mégawatts (MW), répartis à parts égales entre énergie solaire, éolienne et hydraulique. Le programme déployé par le Maroc qui comprend Noor 2,3 et 4, le plan éolien ainsi que plusieurs autres projets dans le photovoltaïque a pour ambition de couvrir 42 % des besoins électriques à l'horizon 2020 et 52 % en 2030.

La feuille de route financière

Cinq axes majeurs composent la feuille de route marocaine pour l'alignement du secteur financier national sur le développement durable. Il s'agit entre autres du développement des instruments financiers durables, de l'extension de la gouvernance, du renforcement des capacités, de la transparence du marché et promotion de l'inclusion financière en tant que vecteur du développement durable. Présenté par Mohamed Bousaid, ministre de l'Economie et des finances lors de la COP22, cette vision prévoit la mise en place d'un cadre réglementaire et incitatif. Ce dernier servira au développement de solutions de financement adaptées aux besoins de l'investissement « vert » et de la lutte contre les changements climatiques. A travers notamment la diversification des instruments financiers offerts, le développement de compartiments «verts» et la création d'un cadre incitatif dédié aux Très petites et moyennes entreprises TPME pour le financement de leurs projets «d'adaptation».

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Commentaire 1
à écrit le 25/11/2016 à 17:40
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