Coopération : comment Mohammed VI et Pedro Sanchez bétonnent l'axe Rabat-Madrid

Le souverain marocain et le chef du gouvernement espagnol se sont entretenus à Rabat lors d'une visite de travail de Pedro Sanchez, au cours de laquelle Rabat et Madrid ont précisé le cadre renouvelé de leur alliance stratégique. Au menu de l'entrevue entre le chef d'Etat marocain et le patron de l'exécutif espagnol : Sahara, coopération énergétique et économique, ainsi que la future Coupe du monde 2030 co-organisée avec le Portugal. Revue de détails.
Mounir El Figuigui
(Crédits : DR)

Comme pour ménager l'effet de surprise, la venue de Pedro Sanchez au Maroc, en compagnie de son ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, et de sa « Sherpa » Emma Aparici, n'a fait l'objet d'aucune communication officielle préalable des deux pays. Tout juste une dépêche de l'agence de presse  EFE, parue hier tard dans la soirée, annonçait-elle le déplacement du chef du gouvernement espagnol.

A son arrivée à Rabat, ce dernier a été reçu par son homologue Aziz Akhannouch, avant de se diriger à un déjeuner officiel offert par le roi en son honneur. Plus tard dans l'après-midi, une audience officielle a réuni le roi Mohammed VI et Pedro Sanchez, à l'issue de laquelle un communiqué de l'agence de presse officielle MAP a dévoilé les contours des discussions bilatérales.

Celles-ci ont notamment porté sur la question du Sahara, le chef de l'exécutif espagnol confirmant la position de son pays de soutien à l'initiative de large autonomie promue par Rabat « comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend ». En creux, l'on comprend que les pressions algériennes pour que Madrid revienne sur cette nouvelle position adoptée par l'Espagne en avril 2022 n'ont pas été suivies d'effet. Dernier épisode en date : l'annulation à la dernière minute par le président algérien Abdelmajid Tebboune d'une entrevue avec le chef de la diplomatie espagnole le 12 février dernier, officiellement pour des « contraintes d'agenda », mais derrière laquelle le quotidien El Mundo veut voir un « revers pour la diplomatie espagnole »...

Coopération tripartite Madrid-Rabat-Lagos sur le gaz ?

Au-delà de la question très politique du Sahara, les échanges entre Mohammed VI et Pedro Sanchez ont également porté sur le projet marocco-nigérian de gazoduc géant devant relier les deux pays. Privé du gaz algérien depuis qu'elle soutient le plan marocain d'autonomie pour le Sahara, Madrid cherche désormais à diversifier ses sources d'approvisionnement afin de rétablir l'équilibre de son mix énergétique.

Dans ce cadre, Sanchez a « marqué l'intérêt de l'Espagne pour les initiatives stratégiques lancées par Sa Majesté le Roi (...) pour favoriser l'accès des pays du Sahel à l'Océan Atlantique, ainsi que le Gazoduc Africain-Atlantique Nigéria-Maroc ».

Depuis plusieurs mois, le Maroc veut installer cette nouvelle alliance Afrique-Atlantique pour à la fois désenclaver les pays de l'arc sahélien en leur offrant un accès à la mer et aux débouchés transatlantique, tout en contribuant à construire des infrastructures adossées à cette large façade maritime africaine qui permettraient d'intensifier la création d'emplois, notamment pour les jeunes.

Enfin, les discussions entre le roi du Maroc et le président du gouvernement espagnol ont évidemment porté sur l'organisation tripartite de la Coupe du monde de football 2030, lors de laquelle Rabat, Madrid et Lisbonne se partageront les matchs dans une configuration inédite pour les deux rives de la Méditerranée. Rien n'a cependant filtré sur le contenu de ces discussions, Mohammed VI comme Pedro Sanchez laissant vraisemblablement le soin aux fédération sportives d'avancer sur les pourparlers sensibles relatifs à la localisation des matchs les plus importants.

Maroc-France, prochaine étape ?

De manière générale, cette visite de travail surprise du patron de l'exécutif espagnol se déroule à un moment où Rabat a également entrepris de décrisper ses relations avec Paris. Lundi dernier, l'épouse du président Emmanuel Macron, Brigitte Macron, a reçu à dîner les trois sœurs de Mohammed VI, prenant soin de préciser dans sa communication sur le réseau social Instagram que le président était « venu saluer » les altesses royales et qu'il avait communiqué « récemment » avec Mohammed VI.

De même, la presse s'est fait l'écho d'un déplacement « imminent » du ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné à Rabat - la date du 25 février est évoquée - ce qui semblerait signifier une accélération du calendrier de retour à la normale entre Paris et Rabat. Après plusieurs mois de crise larvée, est-ce à dire qu'une visite officielle d'Emmanuel Macron est à prévoir dans les prochaines semaines ?

Mounir El Figuigui

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Commentaires 2
à écrit le 22/02/2024 à 13:19
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Logique, il semble que le président français est identifié par sa parole ou plutôt par ce qu'il dit, incohérence et la capacité de savoir se tenir ! Et a mon avis, la probité n'étant plus la, ben pas difficile de comprendre que l'axe eurpéen avec l'...

à écrit le 21/02/2024 à 21:44
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Le Maroc et l Espagne main dans la main

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