Afrique du Sud : Pretoria envisage la privatisation partielle de SAA et Eskom

L’Afrique du Sud étudie l’option d’une privatisation partielle d’entreprises publiques en difficulté pour soulager le Trésor. Une éventualité susceptible de permettrait à Pretoria de regagner la confiance des investisseurs et agences de notation, mais qui risque aussi de déclencher une crise politique qui pourrait affaiblir le président Cyril Ramphosa.
(Crédits : DR)

Le gouvernement sud-africain envisage la privatisation partielle d'entreprises publiques actuellement en difficulté. Ce mouvement s'inscrit dans le cadre de vastes réformes économiques lancés par le président Cyril Ramaphosa depuis son arrivée au pouvoir.

Moody's offre un sursis à Ramaphosa

Dondo Mogajane, chef du Trésor a parallèlement déclaré que l'Afrique du Sud se situe à la fin d'un cycle de rétrogradation de crédit après que Moody's ait maintenu sa note d'investment grade, tout en relevant ses prévisions le 23 mars. Une notation positive qui serait due au plan de réforme annoncé par Ramaphosa.

« Pour moi, je le vois comme la fin. Les experts de Moody's disent qu'il y'a des choses que nous pouvons faire et ce sont les choses sur lesquelles nous allons nous concentrer », a précisé Mogajane à Reuters. En clair, cela impliquera un maintien des plans de stabilisation de la dette, de réorganisation des entreprises publiques et de stimuler la croissance, notamment dans l'agriculture et le tourisme.

Le retour de Gordhan rassure les marchés

Une baisse de la notation de Moody's aurait pu faire disparaitre l'Afrique du Sud de l'indice World Government Bond de Citi, ce qui se serait traduit par la vente de quelques 100 milliards de rands (9 milliards de dollars) d'actifs détenus par des investisseurs étrangers. L'arrivée au pouvoir de Ramaphosa au pouvoir et la nomination de nouveaux ministres dans des postes clés, avec notamment le retour de l'ex-ministre des Finances Pravin Gordhan au portefeuille des Entreprises publiques a calmé les inquiétudes des investisseurs.

Gordhan a ainsi été chargé de remettre de l'ordre dans les comptes des entreprises étatiques, dont les difficultés récentes ont fortement contribué à l'affaiblissement des finances publiques. Le fort endettement de la compagnie d'électricité Eskom et la situation de South African Airways (SAA) au bord de la faillite, pourraient pousser le gouvernement de Ramaphosa à ouvrir en partie le capital des entreprises en difficulté.

Une manœuvre déjà sous menace

« Il doit y avoir de nouvelles façons de voir ces choses. Parlons-nous de privatisation ? Parle-t-on de partenariat capitalistique ? Donnons d'abord l'occasion aux nouveaux ministre de dévoiler ce que cela signifie », nuance le chef du Trésor. Mogajane a par ailleurs évoqué la possibilité de céder 49% de SAA voire de scinder les divisions production, de transmission et de distribution d'Eskom, pour attirer des investisseurs privés.

Des scénarios qui pourraient déclencher un mouvement social, vu que les centrales syndicales, des sections de l'ANC et les Economic Freedom Fighters dans l'opposition sont opposés à toute privatisation. Cette éventualité pourrait faire reculer Ramaphosa dont la marge de manœuvre reste étroite, alors qu'il cherche à regagner la confiance des investisseurs et reconquérir un électorat marqué par la présidence de Jacob Zuma ou encore maintenir l'unité de l'ANC alors que les élections générales de 2019 se rapprochent. Un scrutin qui sera probablement le plus disputé depuis les élections de 1994 convoquées à la fin de l'apartheid.

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