Tunisie : le FMI préconise une dévaluation « douce » du dinar

Face au ralentissement de la croissance, la fonte des réserves de devises ou encore la chute des exportations tunisiennes, le FMI préconise la dévaluation de la devise. Une mesure qui fait craindre à Tunis, le retour des protestants dans la rue alors que le gouvernement peine encore à faire passer les mesures d’austérités décidées en 2016.
Une dévaluation brutale du dinar pourrait rallumer la contestation populaire qui a déjà causé la chute de 8 gouvernements depuis 2011.
Une dévaluation brutale du dinar pourrait rallumer la contestation populaire qui a déjà causé la chute de 8 gouvernements depuis 2011. (Crédits : Reuters)

Le Fonds monétaire internationale (FMI) vient de corréler la relance économique tunisienne et notamment les exportations à la dévaluation du dinar. « Je ne pense pas que nous ayons besoin d'un grand mouvement vers l'équilibre, je pense que nous n'en sommes pas loin et je ne pense pas non plus que nous ayons besoin d'un ajustement brutal », a précisé Björn Rother, chef de mission du FMI en Tunisie.

Un nouveau scénario à l'égyptienne ?

Les prévisions du Fonds indiquent que la Tunisie se dirige vers une forte dépréciation de sa monnaie, les réserves de changes ont ainsi rapidement diminué lors des derniers mois pour s'établir à 4,6 milliards de dollars le lundi 3 avril. Une somme qui couvre seulement 78 jours d'importation. D'ailleurs, le FMI a indiqué que le taux de change réel du dinar était désaligné de 10 à 20% par rapport au taux officiel.

La Banque centrale avait pour rappel précisé le mois dernier, qu'elle ne pourrait pas défendre indéfiniment la monnaie, tout en alertant sur les effets d'une forte dépréciation qui pourrait alimenter l'inflation. Une baisse brutale de valeur du dinar fait également craindre à Tunis, la colère publique dans un pays qui a connu huit gouvernement depuis 2011.

Les marchés peu confiants

Bien que la Tunisie soit considérée à juste titre comme la seule réussite politique du Printemps arabe qui a secoué la région il y'a 7 ans, les luttes partisanes, les grèves, les attaques terroristes ou encore les vagues de recrutement dans le secteur public ont fortement handicapé les efforts consentis par Tunis pour remettre son économie sur les rails. Le gouvernement s'est efforcé à réduire ses dépenses et a graduellement affaiblit sa monnaie depuis que le FMI lui a accordé un prêt de 2,9 milliards de dollars en 2016.

La mise en place de l'austérité a rapidement été suivie par des protestations aux quatre coins du pays. Parallèlement Moody's Investors Service a abaissé la note de crédit de la Tunisie en mars pour la seconde fois en 7 mois. Cette note représente cinq niveaux inférieurs à l'investment grade, elle a été justifiée par la détérioration de la situation budgétaire et de la diminution des réserves qui selon l'agence de notation ne devraient par rebondir significativement dans les prochaines années.

Phosphate et tourisme toujours à la peine

Le FMI estime de son côté que la baisse des réserves tunisiennes serait temporaire et s'expliquerait par les retards dans le prêt du Fonds et à la vente d'obligations internationales. La faiblesse des réserves pourrait faire office d'épouvantail pour les investisseurs, mais ne signifierait pas forcément une crise monétaire imminente à en croire les experts du Fonds. La fin des grèves qui paralysent les exportations de phosphate, l'un des plus important pourvoyeur de devises ou encore la reprise du tourisme pourrait stopper l'hémorragie.

Rother a par ailleurs indiqué une amélioration de la balance commerciale tunisienne, qui pourrait lui permettre « d'évoluer progressivement vers la dépréciation de la monnaie ». Le dinar a vu sa valeur baisser de 19% par rapport à l'euro en 2017, alors que le déficit commercial a diminué de près d'un quart entre janvier et février dernier, par rapport à la même période en 2017. « Si vous voulez attirer des investissements et si vous voulez développer vos exportations, vous devez être plus compétitif dans l'économie mondiale et le moyen plus simple d'y parvenir est de s'appuyer sur un taux de change réellement compétitif », avance le responsable du FMI.

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Commentaire 1
à écrit le 05/04/2018 à 10:37
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Restaurons la démocratie en tuant le FMI.

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