Qui est Obi Emekekwue, le communicant par excellence d’Afreximbank ?

Depuis fin février dernier, Obi Emekekwue est directeur et responsable mondial du département des communications et de la gestion événementielle de la Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank). Qui est-il ?
Ristel Tchounand
(Crédits : DR)

Calme, éloquence et enthousiasme, trois aptitudes qui frappent tout de suite à l'écoute d'Obi Emekekwue. Des aptitudes qui ne sont certainement pas étrangères à la nouvelle reconnaissance qu'il a récemment reçue au sein de l'une des plus importantes organisations financières panafricaines.

Nerf de sa mission, l'image d'Afreximbank

Depuis fin février 2018 en effet, Obi Emekekwue officie en qualité de directeur et responsable mondial du département des communications et de la gestion événementielle de la Banque africaine d'Import-Export (Afreximbank) basée au Caire. Avec son statut d'organisation internationale, Afreximbank est une institution multilatérale panafricaine financière fondée en 1993 par les gouvernements africains, les investisseurs privés et institutionnels africains et les investisseurs non africains. Sa mission principale : financer et promouvoir le commerce intra et extra-africain.

Obi Emekekwue est donc la «voix» interne et externe du top management d'Afreximbank. Il définit et met en oeuvre la stratégie de communication de la Banque et manage tous les événements qu'organise l'institution à l'instar des ses assemblées annuelles qui se tiennent chaque fois dans une capitale du Continent. L'édition en cours de préparation aura lieu du 11 au 14 juillet prochain à Abuja au Nigeria. Obi et ses équipes y travaillent depuis des mois et sont actuellement, entre autres, dans la phase d'enregistrement des participants. Pour le directeur des communications et responsable mondial de la gestion événementielle, le moindre détail est important, car c'est «l'image de la Banque» qui est en jeu. Cette phase implique donc de nombreux allers-retours entre Le Caire et Abuja notamment.

«Je dois m'assurer que tout se passe comme il faut et que les informations concernant la Banque et l'événement sont transmises de la façon la plus correcte qui soit», déclare-t-il dans un entretien avec "La Tribune Afrique".

30 ans de carrière à sillonner le globe

Obi Emekekwue, c'est plus de trente années d'expérience dans le domaine de la communication. Diplômé en communication de masse de l'Université du Nigeria à Nsukka, il est également titulaire d'un master en arts en relations internationales de l'Université St. John's de New York où il a également obtenu un certificat de cycle supérieur en droit international et diplomatie

Emekekwue a fait ses armes dans le secteur des médias au Nigeria où il a notamment pendant plusieurs années dirigé le bureau des Nations Unies à l'agence de presse du Nigeria. En 2012, il rejoint Afreximbank après avoir travaillé pendant 18 ans au siège des Nations Unies à New York, d'abord en tant que spécialiste des communications, puis spécialiste de plusieurs programmes onusiens dans onze pays d'Afrique de l'Ouest et centrale avant d'être consacré attaché de presse senior auprès des Nations Unies.

«Je pense que l'une des choses les plus marquantes de ma carrière est l'opportunité que j'ai eue de rencontrer et d'interagir avec des personnalités de très haut niveau», confie Emekekwue.

En mémoire, parmi tant d'autres, il garde sa rencontre d'avec l'ancien président sud-africain Nelson Mandela après sa sortie de prison, alors que celui-ci se rendait à New York pour s'adresser à la commission spéciale des Nations Unies contre l'apartheid. Il a fait d'autres rencontres «enrichissantes» avec le prince Philip -l'époux de la Reine Elizabeth II-, l'ancien président malien Alpha Oumar Konaré, ou encore l'ancien président nigérian Olusegun Obasandjo (photo).

Emekekwue et Obasandjo

Papouasie-Nouvelle-Guinée, l'expérience la plus challengeante

«En plus, travailler pour des organisations internationales m'a permis de rencontrer des gens de différentes cultures, de différents backgrounds, et dans un tel contexte, on apprend beaucoup. Cela permet d'acquérir une certaine ouverture d'esprit», explique ce communicant qui, au fil des années, a développé le profil d'un expert en la matière.

Cette «ouverture d'esprit», Obi Emekekwue l'estime être la «first skill» d'un bon communicant. «Cela pousse à aller au-delà des zones de confort», assure-t-il. Viennent ensuite la formation et l'habilité à bien écrire, des aptitudes bien développées chez cet ancien journaliste qui garde comme «role model» Nnamdi Azikiwe, ancien président du Nigeria (1963-1966) et fondateur du West African Pilot, un journal célèbre en Afrique de l'Ouest à partir des années 1940.

Au bout de cette trentaine d'années dans le monde de la communication, la mission la plus difficile qu'Emekekwue ait eue à accomplir -« tout dépend de ce que l'on entend par difficile », souligne-t-il- remonte aux années 2006-2007. Il est alors spécialiste des communications au sein du PNUD en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

«Il y avait un énorme manque d'équipements pour le travail. C'était très difficile. Mais paradoxalement, cela a été une expérience très intéressante en ce sens que lorsque vous devez travailler avec le minimum, vous devez improviser et produire le meilleur», confie-t-il, lui qui, au final, s'en est si bien sorti qu'il a été promu un an plus tard.

« La communication, un métier clé pour le développement»

Pour Obi Emekekwue, «la communication est un métier très important» et occupe une place de choix dans le développement d'une entreprise et même d'une nation. Ce maître communicant déplore cependant qu'en Afrique, le métier reste encore peu valorisé et ceux qui s'y orientent peu équipés.

«Malheureusement, dans beaucoup d'initiatives africaines, les outils ne sont pas autant disponibles comme cela devrait l'être. Du coup, il est difficile pour un bon communicant d'opérer dans la dimension qu'il s'est tracée comme objectif», explique-t-il, soulignant que l'improvisation reste souvent la seule alternative.

Emekekwue estime également que la formation à la communication à travers le Continent est «encore limitée». Résultat : «beaucoup de communicants en Afrique n'ont pas une formation solide. Parfois, cela fait qu'ils ne comprennent pas toujours les standards éthiques qui doivent s'appliquer à la profession», explique-t-il avant d'ajouter :

«Tout gouvernement, toute entreprise devrait réaliser que la réussite et le succès de ses actions dépend largement de sa capacité à les communiquer, donc à les faire comprendre aux gens. Cela veut dire que la communication doit être considérée jusqu'au plus haut niveau par les leaders du Continent et les personnes qui gèrent la communication devraient être conscientes des impératifs qu'implique la fonction».

Aux jeunes générations qui se rêvent en maître de la com' dans quelques années, son conseil :

«La communication, c'est très glamour, mais cela ne devrait pas être la première motivation des jeunes qui rêvent d'une carrière de communicant. Ils doivent comprendre que le rôle le plus important de la communication est qu'elle contribue grandement au développement. Ils doivent donc être motivés par l'idée de participer à ce développement».

Ristel Tchounand

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