Rwanda  : une blockchain pour traquer le tantale, de la mine à la raffinerie

Régulièrement accusé de mettre sur le marché des minerais mélangés à des ressources en provenance de la RDC, le Rwanda veut lever toute équivoque grâce au recours à la blockchain pour tracer ses minerais. Le pays a présenté un projet pour tracer le tantale, initié par des entreprises sur place : Power Resources Group (PRG) et la startup britannique Circulor. Mais le dispositif est-il efficace pour lutter contre le trafic de minerais qui alimente les conflits, notamment dans la RDC voisine ?
Un sac de tantale scellé, étiqueté et introduit dans le système de traçabilité de la blockchain développée par la jeune entreprise britannique Circulor à Gatumba, dans l'ouest du Rwanda.
Un sac de tantale scellé, étiqueté et introduit dans le système de traçabilité de la blockchain développée par la jeune entreprise britannique Circulor à Gatumba, dans l'ouest du Rwanda. (Crédits : Reuters)

Le Rwanda veut mettre en place le premier projet de blockchain au monde visant à traquer le tantale, de la mine à la raffinerie. Le tantale est notamment utilisé dans les téléphones portables. Par ce mécanisme, le pays espère attirer et rassurer les investisseurs à la recherche de sources de minerais sans conflit. L'information a été donnée à Kigali, le 16 octobre par le patron de l'industrie minière rwandaise, Francis Gatare. En réalité, le projet de blockchain a été initié par le Power Resources Group (PRG), une société spécialisée dans l'extraction et le raffinage au Rwanda et en Macédoine, en association avec Circulor, une startup britannique spécialisée dans la blockchain.

«La Blockchain est l'une des technologies qui ont démontré leurs capacités à fournir un moyen plus efficace d'assurer la traçabilité des produits», explique Francis Gatare, directeur général de l'Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz, dans une déclaration à Reuters.

L'objectif visé par le Rwanda est de prouver qu'il fournit une source de tantale éthique et non liée à des conflits armés ou des situations de violations de droits de l'Homme.

Contre les «critiques sur la traçabilité»

Le pays est parfois accusé d'attiser les foyers de tensions en RDC en favorisant le trafic de minerais en provenance de ce pays frontalier, alors qu'aujourd'hui le gouvernement rwandais cherche à exploiter ses richesses minérales pour stimuler son économie. Les compagnies minières opérant au niveau de ce pays est-africain font également l'objet de nombreux critiques. Elles sont accusées de mettre sur le marché des ressources mélangées à des minéraux provenant de la contrebande. Des «critiques sur la traçabilité» qui ont poussé ces compagnies, en coopération avec les autorités de Kigali, à explorer le potentiel de la blockchain pour convaincre les investisseurs dans une région où les minerais stratégiques sont souvent localisés dans des zones de tensions.

La blockchain : comment ça marche ?

La technologie à la base de cyptocurrency bitcoin ou blockchain permet la création d'une base de données partagée des transactions gérées par un réseau d'ordinateurs sur Internet. Ce qui rend plus difficile la falsification de données détenues par des tiers. Jusqu'à présent, dans le secteur minier, l'unité anglo-américaine De Beers est l'une des rares entreprises à avoir utilisé la blockchain pour contrôler les diamants afin de garantir qu'ils ne sont pas issus de zones de conflits ou du travail des enfants.

Les compagnies productrices de tantale au Rwanda ont précisé que l'entreprise Circulor utilisera le suivi par GPS et la reconnaissance faciale pour aider à prévenir toute corruption du système. Elle comparera également la quantité de chaque lot de matières introduites dans une raffinerie avec le produit final, en recourant à des sacs scellés.

[Lire aussi : RDC : un projet-pilote de traçage électronique pour un «cobalt éthique»]

Des projets sont également en cours pour le traçage de cobalt utilisé dans les batteries. Mais les spécialistes considèrent que le tantale est beaucoup plus difficile à tracer que le diamant. On estime que le repérage des diamants est relativement simple par rapport à la création d'une chaîne de blocs pour un minerai à raffiner, tel que le coltan qui produit du tantale, ou du cobalt. Car le processus de raffinage crée le risque de mélanger des lots propres à d'autres.

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