Abdoul Azizou Garba : « Au Niger, l’exploitation de l’or pose un sérieux problème de sécurité dans certaines localités »

Le 6 novembre, une attaque terroriste au Burkina Faso contre des bus transportant des travailleurs de la mine de Boungou, appartenant à la compagnie aurifère canadienne Semafo a fait 38 morts et près de 60 blessés. Un mois plus tard, c’est au tour de son voisin nigérien de subir l’une des attaques les plus meurtrières de son histoire. Le 10 décembre, l'assaut du camp d'Inates dans l'ouest du Niger par des jihadistes a fait 71 morts et 12 blessés. Un climat d’insécurité globale dans cette région du Sahel qui fait planer une menace permanente sur les industries extractives, notamment au Niger. Entretien avec Abdoul Azizou Garba, directeur adjoint du Centre national d’études stratégiques et de sécurité (CNESS) du Niger, en marge de l'Africa Security Forum tenu début décembre dans la capitale marocaine, Rabat.
Garba Abdoul Azizou est directeur adjoint du centre national d’études stratégiques et de sécurité (CNESS) du Niger.
Garba Abdoul Azizou est directeur adjoint du centre national d’études stratégiques et de sécurité (CNESS) du Niger. (Crédits : dr)

La Tribune Afrique - Dans le Sahel auquel appartient le Niger, les sites miniers sont de plus en plus visés par des attaques terrorismes qui ont ciblé en novembre la compagnie minière Semafo au Burkina Faso. Quelle est la stratégie adoptée par le Niger face à ce type de menaces ?

Abdoul Azizou Garba - L'exploitation minière s'accompagne toujours défis de sécuritaires. Dans nos pays par exemple, l'exploitation aurifère se fait souvent de manière artisanale. Au Niger, l'exploitation de l'or pose un sérieux problème de sécurité dans certaines localités. Nous en avons fait l'expérience tout récemment dans la zone désertique du nord qui s'appelle le Djado, [vallée fossile de l'extrême nord-est du Niger, à environ 470 kilomètres de Tagharaba, ndlr]. Une mine d'or découverte a été exploitée par des mineurs artisanaux et cela a créé une certaine insécurité, poussant le gouvernement à décréter la fermeture de la mine. Le but, c'est de mettre un terme à l'anarchie sur ces sites, donc de réorganiser le secteur en vue d'une exploitation plus moderne et rentable pour l'Etat A ce niveau, nous réfléchissons sur la manière de parvenir à développer un système d'exploitation minière plus sécurisé. Une meilleure réglementation de ce type d'activités permet de prévenir des conflits, la création de zones d'insécurité, susceptibles de générer des mouvements terroristes.

En termes de sécurité, le Nigeria voisin doit faire face à des revendications et sabotages sur ses installations pétrolières. Le Niger aspire à rehausser son niveau de production pétrolière d'ici 2020. Que propose le pays pour prévenir un scénario à la nigériane ?

La situation du Nigeria est différente de celle du Niger. Il est vrai que le Nigeria a été confronté à ce type d'insécurité dans l'exploitation pétrolière, qui se ne pose pas au Niger. Les deux pays sont certes voisins, mais ils restent différents, bien que nous ayons aussi au Niger des problèmes liés au terrorisme. Qui dit terrorisme dit également risque à tous les niveaux. Mais je pense que nos installations pétrolières sont assez sécurisées pour éviter ce genre d'attaques. Le Niger est devenu producteur de pétrole en 2011. [Le pays qui produit actuellement 20 000 barils/jour, devrait atteindre 110 000 barils/jour en 2021 et devenir exportateur de pétrole brut, ndlr]. Le Niger a au fil des années su s'adapter à l'environnement, aux menaces sécuritaires qui pèsent dans la région.

A votre avis, Comment les autorités ont réussi à relever ce défi ?

La stratégie du Niger est simple, depuis son élection en 2011, l'actuel président Mahamadou Issoufou a toujours alerté l'opinion internationale sur les conséquences de l'effondrement de l'Etat libyen. Aujourd'hui l'histoire lui a complètement donné raison. En ayant déjà cette vision, cette analyse, le pays a pu anticiper sur des solutions, faisant que le Niger se porte un peu mieux que d'autres pays. Mais cela a aussi un coût. [En 2018, l'Etat a consacré 19% de ses ressources budgétaires à la sécurité, ndlr]. Depuis sa réélection, le président a renforcé l'engagement du pays sur les différents fronts sources de menaces pour le pays, aux frontières maliennes, nigérianes ou libyennes. Le Niger a déployé d'importants moyens pour la sécurité et a noué des partenariats internationaux dans le domaine sécuritaire.

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