Guinée : avec un an de retard, des législatives incertaines en novembre prochain

Un conclave tripartite pour faire avancer le calendrier électoral. Pendant cinq jours, une assemblée a réuni à Kindia, à 150 km de Conakry, la Commission électorale nationale indépendante(CENI), la majorité et l’opposition. Si la réunion s’est achevée dans un flou, la commission électorale a annoncé plus tard la tenue des élections législatives en novembre 2019. Le mandat des députés, expiré depuis le 12 janvier 2019, devait être renouvelé en septembre 2018. Aujourd’hui, même si la CENI assure pouvoir tenir le délai, plusieurs obstacles pourraient entraver le respect du timing.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Pour l'heure, tout semble être au stade de chantier. Le budget pour la tenue du scrutin n'a pas encore été débloqué. Pas plus que la révision d'un fichier, dont il faudrait dépouiller de ses anomalies, notamment de ses 1,5 million d'électeurs fictifs, n'a pas encore été entamée.

Et pourtant, la commission électorale guinéenne estime pouvoir organiser les législatives dans les délais en novembre prochain. Cette annonce a été faite au terme de cinq jours (du 1er au 5 mai) de consultations entre la CENI avec la majorité et l'opposition lors d'une rencontre à Kindia, ville située à 150 km de Conakry, sous l'observation des acteurs de la société civile guinéenne et des partenaires étrangers.

Initialement prévues en septembre 2018

«Je tiens à rassurer les populations et les acteurs que nous allons organiser les élections législatives fin novembre», a fait savoir Salifou Kébé. Dans la foulée, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé un chronogramme de plus de 140 activités sur une période de 235 jours. Il comprend des activités et opérations liées à la préparation des scrutins législatif de novembre 2019 et présidentiel de 2020.

Expiré depuis le 12 janvier 2019, le mandat des députés devait être initialement renouvelé depuis septembre 2018, mais plusieurs écueils ont conduit à un glissement dans le calendrier électoral. Mi-avril dernier, le comité de suivi de l'accord politique d'octobre 2012 avait repris du service pour tenter de trouver un consensus entre les partis politiques devant conduire à la tenue d'élections. C'est lors de cette rencontre que le rapport de l'audit du fichier électoral réalisé en août 2018 a été remis aux politiques.

Des mesures pour assainir un fichier truffé d'anomalies

Ce rapport est le fruit d'une analyse d'un comité constitué d'experts de l'Union européenne, de l'Organisation internationale de Francophonie (OIF) et du Programme des Nations unies de développement (PNUD). Le comité avait décelé une série d'anomalies qui doivent être corrigées pour garantir la transparence et la crédibilité des futurs scrutins. Lors de son annonce de la date des législatives, la CENI assure prendre des mesures pour assainir le fichier électoral, notamment la suppression des noms des 25% d'électeurs fictifs. Cela devrait passer par une révision du fichier d'une durée de 45 jours. Le recours à un logiciel est annoncé, mais l'appel d'offres n'a pas encore été lancé.

Du côté de l'opposition, on juge les délais annoncés difficiles à tenir. «On ne peut pas nous donner un temps de 45 jours pour faire l'assainissement du fichier électoral. Nous n'accepterons pas cela, c'est inacceptable... Il faut au moins un minimum de trois mois pour le faire», confie à un média local Sidya Touré, président de l'Union des forces républicaines (UFR, opposition). «Il y a plus d'un million cinq cents mille fictifs dans le fichier électoral, alors il nous faut qu'il soit révisé. Le chronogramme des élections est fonction du fichier électoral, c'est fondamental», conclut-il.

Ibrahima Bayo Jr.

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