« Pays de merde », l’injure de Donald Trump aux pays africains

Par Ibrahima Bayo Jr.  |   |  673  mots
(Crédits : Reuters)
Condescendance de la part du 45ème président de la première puissance mondiale ? Propos déformés ou mal rapportés ? Les questions se posent tant l’insulte adressée par Donald Trump aux pays africains, à Haïti et au Salvador, ne semble pas sortie de la bouche d’un président des Etats-Unis d’Amérique. Mais le Washington Post qui rapporte ces propos est formel. Le successeur de Barack Obama a bien injurié ces pays en les qualifiant de « pays de merde», lors d’une réunion consacrée à l’immigration au Bureau Ovale !

Silence dans les chancelleries africaines basées au pays de l'Oncle Sam et pas (encore) de réactions de personnalités africaines qui ont du poids dans la vie publique. Mais elles ne sauraient tarder. Pour l'heure, la seule réplique aux propos de Donald Trump vient de Laurent Lamothe, l'ancien premier-ministre d'Haïti. Sur son compte Twitter, il a qualifié la  déclaration de Trump d' « inacceptable ».

Limitation de l'immigration en provenance des "pays de merde"

 « Honte à Trump ! Le monde est aujourd'hui témoin d'une nouvelle bassesse avec cette remarque sur les pays de merde. Totalement inacceptable et par ailleurs déplacé, elle [la remarque, ndlr] montre un manque de respect et d'ignorance jamais vu auparavant dans l'histoire récente des Etats-Unis par aucun président! Trop c'est trop!! », réagit Laurent Lamothe.

Mais qu'est-ce qui a déclenché la furie de l'ancien premier ministre haïtien? Jeudi 11 janvier, dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche. Donald Trump reçoit des sénateurs démocrates et républicains afin de dégager un consensus bipartisan autour d'un projet de limitation de l'immigration. Le président est prêt à céder sur le programme Deferred Action for Childhood Arrival (DACA), destiné aux jeunes « Dreamers » souvent arrivés enfants aux Etats-Unis qu'il comptait faire expulser. En échange, l'Administration Trump souhaite réduire de 50%, la loterie pour la Green Card et limiter la politique de regroupement familial.

La discussion qui réunit des protagonistes aux idées opposés s'échauffe. Donald Trump se serait emporté. Parlant des immigrés issus des pays d'Afrique, du Salvador et d'Haïti, il interroge ses interlocuteurs : « Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici [aux Etats-Unis] ? », rapporte le Washington Post qui reconstitue la scène à partir de témoignages de personnes ayant participé à la discussion. Pour le président de la première puissance (encore) mondiale, tels sont les "Shithole countries", quand il s'emporte du moins.

Le manque de discernement, l'autre maladie de Trump

Le président américain aurait aussi mentionné préférer une immigration en provenance de Norvège ou encore d'Asie car il seraient plus bénéfiques à l'économie américaine. Sans nier les propos de Donald Trump, Raj Shah, un porte parole de l'exécutif a réagi dans un communiqué qui semble enfoncer le clou de cette polémique naissante.

« Certaines personnalités politiques à Washington choisissent de se battre pour des pays étrangers, mais le président Trump se battra toujours pour le peuple américain. Comme d'autres nations ayant une immigration fondée sur le mérite, le président Trump se bat pour des solutions durables qui renforcent notre pays en accueillant ceux qui contribuent à notre société, font croître notre économie et s'assimilent à notre grande nation», écrit le communiqué de Raj Shah.

Dans sa relation avec les pays africains, le président américain semble plus intéressé par le « potentiel commercial» du Continent pour concurrencer la Chine, l'installation de bases de drones dans plusieurs pays africains qu'à construire avec ces pays des relations diplomatiques fondées sur le respect. En témoigne ses bisbilles avec Idriss Déby Itno du Tchad, son ping-pong avec Khalifa Haftar de la Libye, sa relation mi-carotte mi-bâton avec Omar El Béchir du Soudan. Le seul président du Continent qui semble avoir les faveurs du milliardaire-président semble être l'Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi.

Après l'annonce de la réduction de l'aide américaine à destination des pays africains, certaines décisions du président américain contenues dans sa liste de promesses lors de la course à la Maison Blanche risquent d'avoir des impacts sur l'Afrique. La première conséquence est cette vision restreinte sur l'immigration en provenance de l'Afrique, née dans la polémique. Les propos de Donald Trump interviennent à la veille de sa première visite médicale. Sans douter de sa santé mentale, les médecins présidentiels diagnostiqueront peut-être une autre maladie : le manque de discernement !