La guerre très « spéciale » des Etats Unis en Afrique

L’Afrique est depuis dix ans le deuxième théâtre d’opérations des forces spéciales américaines dans le monde après le Moyen-Orient. Ce sont pas moins 1 700 soldats d’élite qui sont déployés dans le Continent, un effectif appelé à s’agrandir avec l’administration actuelle. Des unités d’élite qui agissent discrètement en Somalie, dans le bassin du lac Tchad, en Centrafrique ou encore en Libye. A «commandos», le Pentagone préfère l’appellation de «conseillers militaires» et laisse à l’armée française et ses opérations lourdes l’attention médiatique.
Amine Ater
Officiellement présentes en Afrique pour la formation et le conseil militaire, les unités spéciales de l'armée américaine mènent en réalité une guerre secrète qui s'intensifie depuis 2006 et qui fait du Continent la seconde zone de conflit de ses unités d'élite, après le Moyen-Orient.
Officiellement présentes en Afrique pour la formation et le conseil militaire, les unités spéciales de l'armée américaine mènent en réalité une guerre secrète qui s'intensifie depuis 2006 et qui fait du Continent la seconde zone de conflit de ses unités d'élite, après le Moyen-Orient. (Crédits : Reuters)

Pour beaucoup, intervention militaire occidentale en Afrique rime avec armée française voire les casques bleus, alors qu'il est rarement fait cas de présence américaine sur le continent, hormis la base de Djibouti. Une perception qui semble être voulue par Washington qui axe sa communication militaire sur ces opérations en Irak, en Afghanistan, au Yémen, en Syrie ou encore sur ces mouvements de troupes en Europe de l'Est.

Loin des objectifs

Un désintérêt américain pour l'Afrique au niveau militaire qui a été nuancé par des documents militaires récemment dévoilés. De nouvelles informations qui évoquent une montée en régime des opérations militaires américaines en Afrique, notamment menées par les corps d'élite de l'US Army : Navy SEALs, bérets verts,... Des unités qui auraient réalisé près de 100 missions sur le Continent, selon les documents de l'Africom récemment déclassifiés, suite à une autorisation obtenue par TomDispatch via la Freedom of Information Act (Loi sur la liberté d'information).

Conformément à ces documents, les commandos américains déployés en Afrique sont passés de 1% des effectifs déployés à travers le monde en 2006, à 3% en 2010 pour atteindre 17% des Forces spéciales déployées hors territoire américain en 2016. A ce jour, seul le Moyen-Orient concentre plus d'éléments de forces spéciales que l'Afrique, le commandement d'opération spéciales en Afrique (Socafrica), relevant de l'Africom dispose d'un effectif de 1 700 personnes, réparties entre 20 pays africains, pour des missions «d'assistances aux armées alliées dans leur lutte contre le terrorisme et l'extrémisme».

Selon le rapport interne de Socafrica récemment déclassifié suite à une action en justice, cette structure conduit «à tout moment» 96 activités dans 20 pays. Une « suractivité » justifiée par l'Africom par le fait que «les défis de l'Afrique pourraient créer une menace qui surpasse celles auxquelles les Etats-Unis font actuellement fait face en Afghanistan, en Irak ou en encore en Syrie». Des menaces qui englobent des réseaux illégaux en constance expansion, des sanctuaires terroristes, de tentatives de fragiliser les gouvernements en place. Des structures «hostiles» dont les recrues et les ressources seraient en constance augmentation selon l'US Army.

Missions SOF

Une situation dont la solution pour Socafrica passe par une accélération des missions SOF (Forces spéciales). Un attrait pour les unités d'élite qui s'explique par la discrétion et la mobilité par rapport aux contingents «réguliers». Des missions SOF dont les objectifs et la couverture géographique devraient s'étendre dans les années à venir. Pour éviter toute mention de guerre, d'opération et d'intervention qui pourraient alerter l'opinion publique américaine ou attirer les foudres du Sénat, le haut commandement américain a décidé de nommer les zones où les commandos opèrent «Grey zone» (zones grises).

Des zones qui ont la particularité de connaître une absence de gouvernement, comme la Somalie où les missions SOF contre le groupe Al-Shabab se multiplient. Un renforcement de la présence des soldats d'élite en Somalie que Socafrica préfère désigner comme des «conseillers militaires» ont débouché sur la mort au combat d'un Navy SEALs, alors que deux autres membres du même corps ont été blessés lors d'affrontement avec les Shebabs, à quelques kilomètres à l'ouest de Mogadiscio lors de ce même mois. Des opérations qui semblent condamnées à monter en régime après la décision de Donald Trump d'annuler les restrictions aux opérations offensives en Somalie qui datent de l'Administration Obama.

Un dispositif qui se renforce constamment

Cette levée des limites offre aux forces américaines plus de discrétion et de marge de manœuvre pour mener des missions SOF et d'avoir en prime une meilleure couverture aérienne. Ce qui devrait agrandir considérablement la zone d'opération active de ses «conseillers militaires» en Somalie. Une intensification des opérations en corne d'Afrique qui a été confortée par la demande faite par les militaires américains aux ONG travaillant dans le pays d'indiquer l'emplacement de leurs unités sur le terrain en avril dernier.

En plus du terrain somalien, les missions SOF sont en augmentation dans le bassin du lac Tchad, où le pays éponyme, le Nigeria, le Niger et le Cameroun mènent la guerre contre Boko Haram. Washington a, rappelons-le, fourni 156 millions de dollars pour soutenir l'effort de guerre de ces pays en 2016. Un soutien qui est loin de se limiter à des financements et de la formation. Preuve en est la demi-douzaine de raids par mois effectués par les Navy SEALs dans la région. Les missions SOF couvrent également la Centrafrique (dernière opération connue en avril dernier) et la Libye.

Cette discrète recrudescence des opérations militaires américaines en Afrique est justifiée par la conviction du Pentagone que la situation en Afrique risque d'empirer sans leur assistance. A cette idée s'ajoute l'autonomie élargie accordée par l'Administration Trump en termes de décisions militaires. Contrairement à son prédécesseur qui serrait la bride à ces généraux, le locataire actuel de la Maison-Blanche a opté pour une plus grande marge de manœuvre du Pentagone. Une approche qui signifie que l'Africom et par ricochet le Socafrica sont appelés à gagner en puissance lors des cinq années à venir.

Amine Ater

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Commentaire 1
à écrit le 21/05/2017 à 2:32
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