Usine PSA au Maroc : ces lignes de montage qui portent l'ambition africaine du constructeur automobile

Par Ibrahima Bayo Jr.  |   |  680  mots
(Crédits : MAP)
C’est le 19 juin 2015 que les signatures ont été apposées sur l’Accord d’implantation de l’écosystème industriel du Groupe PSA dans l’immense zone franche de la ville marocaine de Kénitra, à 45 km au nord de la capitale Rabat. Quatre ans plus tard, presque jour pour jour, après deux ans de travaux, lors d’une cérémonie d’inauguration en grande pompe, le roi Mohammed VI a lancé l’unité industrielle d’où va sortir le premier des 200.000 véhicules lorsqu’elle atteindra dès 2020, sa pleine capacité. Depuis Kenitra, le constructeur français va produire sa toute nouvelle 208 et compte s’appuyer sur la position du Maroc comme nouveau hub automobile aux portes du Continent pour la conquête de marchés où ses ventes sont en berne.

L'Atlantic Free Zone de Kenitra, à 45 km au nord de Rabat. Comme une empreinte dans cette immense zone franche de 350 hectares, c'est d'ici que des lignes de montages marocaines vont assembler dès début juillet, le premier véhicule PSA (ex-PSA Peugeot Citroën) «Made in Morocco». Ce sera d'abord la toute nouvelle 208, dévoilée en exclusivité lors de la cérémonie d'inauguration de ce jeudi 20 juin. D'autres modèles notamment P301 ou encore la Citroën C-Elysée devraient suivre.

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Quatre ans jour pour jour après l'accord d'implantation signé le 19 juin 2015, le roi Mohammed VI a lancé ce jeudi 20 juin à Kenitra, le démarrage de la production des 100.000 véhicules par an dans l'usine ultramoderne du premier constructeur automobile français

Une cadence de 200.000 véhicules dès la mi-2020!

«Les infrastructures, l'usine de PSA et les usines de ses sous-traitants ont été réalisées dans les conditions convenues et les délais impartis», souligne Moulay Hafid Elalamy, le ministre marocain de l'Industrie dans son discours livré devant des hauts responsables marocains et étrangers, dans l'immense chapiteau dressé pour l'occasion dans le complexe. Dans la foulée de cette inauguration en grande pompe, le souverain marocain a aussi lancé les travaux d'extension du complexe industriel qui va porter la cadence à 200.000 unités an dès la mi-2020. C'est une avance de trois années sur l'objectif initial!

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La portée stratégique de l'écosystème industriel, trouve tout son sens dans les chiffres qui lui sont associés. Il aura fallu deux années de travaux et 557 millions d'investissements pour voir l'usine de production d'automobiles (thermiques et électriques) de Kénitra jaillir au milieu de l'Atlantic Free Zone(AFZ). L'écosystème qui vient se greffer au complexe industriel a permis de générer 19.100 emplois directs avec le Chinois Dicastal (jantes), le Français Faurecia (intérieur) et la joint-venture maroco-nippone AGC-Induver (vitrage).

«Le Maroc est au cœur de la stratégie de croissance du Groupe PSA qui est aujourd'hui un des constructeurs automobiles les plus performants au monde», souligne Jean-Christophe Quemard, le vice-président exécutif de PSA pour la région Moyen-Orient-Afrique du Nord qui a comblé l'absence très remarquée de Carlos Tavares, le patron du groupe français, signataire pourtant de l'Accord d'implantation en juin 2015.

Des lignes de montage marocaines qui portent l'ambition d'un groupe international

La production de l'usine de Kenitra sera écoulée à 80% sur le marché Afrique-Moyen-Orient, région dans laquelle le constructeur français envisage d'écouler 6 millions de véhicules à l'horizon 2025. Même si elles sont à mettre en perspective dans le plan de la vingtaine d'usines que PSA envisage d'implanter dans la région pour parvenir à cet objectif, les lignes de montages de Kenitra devraient être les premières à porter cette ambition.

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D'abord parce que le projet intègre un Centre de recherche et développement de 2 300 ingénieurs (85%) et techniciens qui devrait permettre d'envisager les expérimentations dans la mobilité du futur. En plus, avec un taux d'intégration dépassant les 60%, «les achats de PSA de pièces fabriquées au Maroc, ont atteint 700 millions d'euros pour l'année 2018, bien au-dessus des prévisions», signale le ministre marocain de l'industrie. Suffisamment convaincant pour que le constructeur place la barre de son objectif à un milliard d'euros avant 2025.

Au delà de l'aspect stratégique, la nouvelle usine PSA place le Maroc comme un hub continental de l'industrie automobile sur le Continent au même titre que le Rwanda ou encore le Ghana. Comme un aimant, le royaume nord africain attire de plus en plus de constructeurs automobiles et de leurs partenaires périphériques. Pour la quatrième année d'affilée, le secteur automobile est resté le premier pôle des exportations du Maroc. Et la tendance semble emprunter le chemin d'une progression encore plus soutenue.