A première vue, le manque d'infrastructures routières sur le continent a toujours un impact négatif sur les ventes de voitures de tourisme neuves. Sous le prisme des corrélations statistiques, l'affirmation est certes vraie, mais voilà que le Groupe PSA Peugeot-Citroën s'apprête à battre cette règle en brèche. Selon les sources de La Tribune Afrique, les équipes de Carlos Tavares, le PDG du constructeur français seraient en train de ressusciter un véritable mythe automobile : la 504, dite « reine des pistes ». Contacté à ce sujet par La Tribune Afrique, le service de la communication du constructeur, n'a ni confirmé, ni infirmé cette information, préférant rappeler : « le Groupe PSA a des contrats d'assemblage avec PAN [ndlr. Peugeot Automobile Nigeria], au Nigeria. A ce titre, les véhicules Peugeot 301 et 508 y sont aujourd'hui assemblés (à Kaduna) », avant d'« infirmer totalement » l'information dans un second temps.
Une fois n'est pas coutume, le surnom est loin d'être anecdotique, tapant dans le cœur de cible de ce projet qui est en passe d'être concrétisé : l'Afrique. Développé sur la base d'une 406 améliorée, le futur modèle de la « marque au lion » serait en effet destiné aux automobilistes du continent, où la chaussée se limite dans bon nombre de pays aux centres-villes des capitales et à quelques axes stratégiques. Du coup, la stratégie de Carlos Tavares en la matière se ferait aussi réaliste que lucide, avec des airs de retours sur investissement accélérés, et ce à plusieurs niveaux.
Une Peugeot para nids-de-poule avec un moteur anti-poussière
Les améliorations qui devraient être apportées à la 406 de base, seraient essentiellement des renforcements, l'objectif étant de démultiplier la robustesse et la fiabilité des composants névralgiques du véhicule. Or, pour ce faire, nul besoin d'innovations dernier cri ou de technologies futuristes. Selon nos sources, Peugeot s'appuierait dans la conception de ce modèle sur des technologies largement éprouvées et amorties. A commencer d'ailleurs par les amortisseurs et l'ensemble des composants de liaison au sol, qui seraient renforcés, et la garde au sol rehaussée. Dans la même optique, le filtre à air serait repensé pour encaisser quotidiennement de grandes quantités de poussière, sans entraver les entrées d'air du moteur. De même, les principales fonctions moteur devront être calibrées en conséquence, notamment pour un fonctionnement « normal » en températures élevées.
Un autre paramètre qui devrait être pris en compte sera certainement déterminant, celui du carburant. Souvent de qualité exécrable, celui-ci cause sur la durée des dommages irrémédiables aux élégants, mais fragiles blocs moteurs européens. Du coup, la future « lionne des pistes » devrait se voir dotée d'une double couche de filtre à carburant, l'un classique, à l'admission du moteur, et l'autre, inédit, au niveau-même du réservoir ! Un minimum pour digérer sur la durée, et sans accroc, un carburant à la qualité souvent volatile.
A Made in Nigeria car
En plus de la disponibilité des technologies et de l'accessibilité prix des composants, PSA Peugeot-Citroën pourra également capitaliser sur un « process » industriel et des coûts logistiques optimisés. La clé de cette équation ? Le made in Nigeria ! En effet, selon nos informations, la plus africaine des Peugeot devrait être assemblée dans le pays le plus peuplé du continent. Le Groupe PSA dispose dans ce sens d'une entrée solide dans la puissance économique continentale à travers Peugeot Automobile Nigeria (PAN), qui assemble déjà des Peugeot 301 commercialisées dans la sous-région. Il ne faudra toutefois pas compter sur une forte intégration régionale, le modèle de production reposant sur l'importation puis l'assemblage de pièces en kit.
Pendant que le management cherche le nom de code...
Côté consommateurs, le suspens devrait se focaliser davantage sur l'identité de cette future « lionne des pistes ». A Paris, entre rajouter un adjectif « viril » à la gracieuse 406 et simplement ressusciter la légendaire 504, les savants mercaticiens de Carlos Tavares doivent, à juste titre, ne plus savoir où donner de la tête dans les locaux flambant neufs du géant de l'industrie automobile. Jusqu'au moment d'une éventuelle annonce officielle, le mystère devrait rester bien gardé. En revanche, malgré les muscles et l'endurance qui seront vraisemblablement mis en avant, la « lionne des pistes » ne manquera pas de recevoir une nouvelle parure avec un subtil lifting esthétique. Pendant ce temps, le groupe fait face à la fureur des syndicats. En effet, cette révélation sur les ambitions africaines de PSA coïncide avec l'alerte lancée par la CGT, qui dénonce la destruction prévue de 2.000 emplois. Bien que bénéficiaire, le numéro un français de l'automobile envisagerait de nouvelles réductions d'effectifs via « départs volontaires ».
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