Afrique du sud : le président Ramaphosa signe pour un salaire minimum national

Le président sud-africain a acté, lundi 26 novembre, la loi instaurant pour la première fois dans l’histoire du pays, un salaire minimum national. Pour Cyril Ramaphosa, l’initiative qui devrait bénéficier à plus de six-millions de salariés, vise à corriger les inégalités de revenus sur le marché du travail. A quelques mois des prochaines présidentielles, certains critiquent une surenchère électorale qui risque d’amplifier le taux de chômage dans le pays.
(Crédits : DR)

Les travailleurs sud-africains vont entamer la nouvelle année avec beaucoup d'espoir. La loi sur le salaire minimum national a été promulguée par le président, Cyril Ramaphosa, selon un communiqué publié, lundi 26 novembre, par ses services. Selon la présidence sud-africaine, cette décision du chef de l'Etat vise, « à corriger les inégalités de revenus sur le marché national de travail ».

Selon le texte, publié sur le site de la présidence sud-africaine, la loi sur le salaire minimum national instaure un salaire minimum à 20 rands l'heure (1,45 dollar), soit 3 500 rands par mois.

Bien qu'aucune date n'a été annoncée pour l'entrée en vigueur de cette nouvelle loi, les organisations syndicales s'attendent à ce que le chef de l'Etat fixe la date d'ici les prochaines élections présidentielles de 2019 à laquelle Cyril Ramaphosa se présente comme candidat de l'ANC. D'après le compte établit par la présidence, l'entrée en vigueur de cette loi va bénéficier à plus de six millions de salariés, soit près de la moitié des actifs du pays, dont le niveau de rémunération est actuellement au-dessous de ce taux. Les autorités ont toutefois prévu une période de transition pour les travailleurs des secteurs agricole, forestiers, ainsi que les travailleurs domestiques et ceux de la protection sociale, « en raison de leurs vulnérabilités au sous-emploi ». Ces secteurs sont régis par des législations spécifiques.

L'issue d'un long processus

Après plusieurs années d'attente et surtout d'hésitation, la nation arc-en-ciel franchit donc le pas en adoptant un salaire minimum national. Le processus d'élaboration de la nouvelle législation de travail a d'ailleurs pris quatre ans, après les recommandations du Conseil national du développement économique et du travail (NEDLAC), pour des mesures en faveur de la protection des travailleurs faiblement rémunérés, une concurrence équitable et efficace sur le marché du travail, et une plus grande stabilité du marché de travail. Des faiblesses qui freinent l'économie sud-africaine, la plus grande usine du Continent, et qui engendrent des conflits sociaux à répétition notamment des grèves souvent violentes dans le pays.

Par la suite, un comité consultatif a été mis en place, et a délibéré sur la nature des mesures à adopter. En plus de la loi sur le salaire minimum national, le président sud-africain a également approuvé le projet de loi sur l'emploi et celui sur les relations de travail, qui comportent plusieurs amendements destinés à améliorer la compétitivité du marché du travail sud-africain, en conformant notamment la législation en la matière, aux meilleures pratiques internationales.

L'adoption d'un salaire minimum en Afrique du sud a constitué un long débat cristallisé par des surenchères politiques et des considérations économiques. Si certains estiment qu'il permettra de réduire les inégalités salariales tout en stimulant la croissance avec l'amélioration du pouvoir d'achat, les détracteurs soulignent qu'il risque de rehausser le taux du chômage. Avec un niveau aussi élevé, certains employeurs pourraient réduire ou annuler des recrutements. Dans le communiqué, le président Ramaphosa a d'ailleurs reconnu que «le salaire minimum national ne mettait pas fin à l'inégalité des revenus », bien qu'il constitue, « une base solide à laquelle ont adhéré tous les partenaires sociaux, afin d'accélérer la lutte pour un salaire décent ».

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.