L’ex-numéro 2 d’Areva rattrapé par la justice

Par Amine Ater  |   |  564  mots
Les déboires devant la justice, de l’ancien « board » d’Areva continue. En effet, 10 ans après le désastre financier entraîné par le rachat du canadien Uramin, c’est maintenant au tour de Gerald Arbola, ex-numéro 2 du géant minier français, d’être mis en examen. Ce dernier devra répondre aux chefs d’accusation de « diffusion d’informations trompeuses » et « présentation de comptes infidèles ». Cette mise en examen, vient après celle de Anne Lauvergeon ex numéro 1 et de l’ex-directeur financier du groupe.

La justice française vient de décider la mise en examen de Gérald Arbola ancien numéro 2 du directoire d'Areva. Une procédure judiciaire qui porte sur l'enquête sur le rachat en 2007 de la compagnie minière Uramin. Une acquisition qui a coûté 1,8 milliard d'euros à Areva et qui a viré au gouffre financier pour l'entreprise après que l'exploitation des gisements d'uranium racheté à l'entreprise canadienne situés en Namibie, Afrique du Sud et en Centrafrique s'est avérée beaucoup plus difficile que prévu.

Une majeure partie de l'ancien « board » d'Areva dans le box des accusés

Arbola a été convoqué par le juge d'instruction pour les chefs d'accusation de « diffusion d'informations trompeuses » et « présentation de comptes infidèles ». Le rachat d'Uramin a entraîné l'ouverture de deux informations judiciaires en 2014. L'une portant sur les conditions d'acquisition d'Uramin et la seconde sur les provisions inscrites par Areva entre 2010 et 2011 pour couvrir ses pertes. C'est sur la base de cette dernière enquête que l'ex numéro 2 et Anne Lauvergeon, ex-président d'Areva ont été poursuivis.

L'ancienne patronne du géant minier a été mise en examen pour « présentation et publication de comptes inexacts » et pour « diffusion de fausses informations ». Une enquête qui a également mis en cause l'ex-directeur financier du groupe, Alain-Pierre Raynaud, pour complicité ou encore l'ex-coprésident du comité d'audit d'Areva, René Ricol, qui a été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté. L'objectif de la justice française est de déterminer la responsabilité du management du groupe dans la dissimulation de la valeur réelle des actifs rachetés à Uramin.

 Pour l'accusation, cette manœuvre aurait permis aux responsables d'Areva de retarder au maximum l'inscription de provisions dans les comptes de l'entreprise. D'ailleurs, le groupe avait annoncé des lourdes pertes et une provision de 1,5 milliard d'euros sur la valeur d'Uramin fin 2011, soit 6 mois après le départ de l'ex-numéro 1 du groupe. Cette dernière rejette en partie la mauvaise gestion de l'opération Uramin sur la division chargée des mines qui, selon Lauvergeon, n'aurait pas exécuté sa mission de prospection dans les règles de l'art.

Une opération qui s'est soldée par une perte sèche de 3 milliards d'euros

Selon l'AFP, cette dissimulation aurait eu pour but de faciliter à Lauvergeon, un troisième mandat à la tête d'Areva. En clair, l'ex-présidente du groupe aurait évité de rendre publiques les dépréciations nécessaires à l'acquisition des actifs africains d'Uranim, de manière à conserver une « présentation des comptes la plus valorisante », à présenter aux actionnaires du groupe.  Pour rappel, l'affaire Uramin a débuté après le rachat de cette dernière par Areva en 2007. Montant de l'opération 1,8 milliard d'euros, pour une entreprise junior créée en 2005 !

Une opération qui était justifiée à l'époque par un besoin vital de diversification des actifs du groupe français et qui a rapidement tourné au désastre. En effet, il s'est rapidement avéré que les précautions d'usages n'ont pas été prises pour s'assurer de la présence de gisements d'uranium dans les sites acquis, notamment en Namibie. Une acquisition qui entraînera une perte supplémentaire de 3 milliards d'euros de fonds publics, après que l'entreprise ait été obligée d'injecter 1,25 milliard d'euros en investissement dans le gisement namibien.