Zimbabwe : Mnangagwa veut des élections dans « quatre à cinq mois »

Par Ibrahima Bayo Jr.  |   |  452  mots
(Crédits : Reuters)
Le nouveau maître d’Harare veut aller vite. Dans une déclaration relayée par la presse proche du pouvoir, le président zimbabwéen fixe un délai de « quatre à cinq mois » pour l’organisation des élections générales. Très attendu, le scrutin devrait permettre de tourner la page Mugabe et légitimer définitivement Emmerson Mnangagwa.

Les Zimbabwéens sont à nouveau appelés aux urnes entre avril et mai pour des élections municipales, législatives et surtout présidentielle. Le scénario se précise d'une organisation des élections générales dans « quatre à cinq mois », selon un délai annoncé par Emmerson Mnangagwa dans une déclaration à la presse locale depuis le Mozambique où il est en visite officielle.

Premières élections sans Mugabe

« Le Zimbabwe ira aux élections dans un délai de quatre à cinq mois et il nous faudra prêcher la paix, la paix et encore la paix parce que nous savons que cela est bon pour nous et nous ne doutons pas que nous aurons des élections pacifiques », a confié le nouveau président au Herald repris par Reuters.

« Nous ferons en sorte que le Zimbabwe produise des élections libres, crédibles, équitables et indiscutables afin que le pays s'engage dans le monde en tant qu'Etat démocratique qualifié », a ajouté Emmerson Mnangagwa.

Sous les yeux du monde entier, le Zimbabwe s'achemine donc vers les premières élections de son histoire politique auxquelles ne prendra pas part l'ancien président Robert Mugabe, contraint à la démission par un coup de force de l'armée, du parti et de la rue, mené par son ancien vice-président. Pourtant, le calcul politique de ce dernier est bien plus habile que la promotion de la paix ou de la démocratie.

A la recherche de fonds et de légitimité dans les urnes

Après un rétropédalage sur la mesure de redistribution des terres dans le pays, l'homme qui a prêté serment le 24 novembre 2017, souhaite donner tous les gages à la communauté internationale que le coup d'Etat qui l'a porté au pouvoir était selon l'expression consacrée, une « transition assistée».

Face à une opposition qui se cherche et un vote écarté pour la diaspora zimbabwéenne, l'organisation d'élections qu'il est sûr de remporter en s'appuyant sur la machine électorale de la Zanu-PF, devrait permettre de légitimer Emmerson Mnangagwa par les urnes. Dans les nouveaux habits d'un président « élu », le successeur de Robert Mugabe pourra se prévaloir d'avoir remporter la bataille de la légalité institutionnelle.

Les gages ont également des visées économiques. Les bailleurs de fonds et les partenaires au développement ont assujetti le déblocage de fonds au profit du pays à des garanties du pouvoir de respect de la démocratie et d'une restructuration de l'économie et ses composantes. Avec les élections presque anticipées, le locataire du Palais National espère renflouer les caisses de l'Etat et régner tranquillement sur le Zimbabwe. Pour combien de temps ? Seul l'avenir détient la réponse.