Zimbabwe : cure d’austérité pour le premier budget post-Mugabe

Le nouveau gouvernement zimbabwéen a présenté ce jeudi 7 décembre au Parlement son premier budget après l'ère Mugabe et qui se caractérise par son austérité. Entre réduction du train de vie de l’Etat, rigueur financière et réformes destinées à attirer les investisseurs, certaines mesures risquent de provoquer des tensions sociales. Sauf que pour le gouvernement, celles-ci sont nécessaires pour relancer une économie mal en point depuis des années.
Le ministre des Finances Patrick Chinamasa, après la séance de présentation du budget 2016 devant les parlementaires, le 26 novembre 2015 à Harare, la capitale du Zimbabwe.

Le président intérimaire du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, qui a succédé à Robert Mugabe, avait promis de relancer l'économie du pays, ce qui devrait se traduire par de nouvelles mesures budgétaires ainsi que des réformes parfois douloureuses. C'est ce qui transparaît à travers le projet de loi de finances 2018 qui a été présenté ce jeudi 7 décembre au Parlement par le ministre des Finances Patrick Chinamasa.

D'un montant de 5,1 milliards de dollars, le projet contient des mesures destinées tout d'abord à réduire le train de vie de l'Etat, une manière d'opérer un changement radical avec l'ancien régime connu pour les dépenses dispendieuses du couple présidentiel. Ainsi, le gouvernement prévoit, entres autres, de supprimer les voyages officiels en première classe sauf pour le chef de l'Etat et les vice-présidents, le gel des embauches de fonctionnaires ainsi que le départ à la retraite obligatoire pour les plus de 65 ans.

Le ministre des Finances a également annoncé le licenciement de près de 3 400 jeunes officiers déployés à travers le pays et qui sont soupçonnés d'avoir persécutés les opposants sous le règne de Mugabe ainsi que la réduction au strict minimum des missions diplomatiques. Le projet de budget a toutefois fait la part belle au ministère de la Défense avec une enveloppe de 420 milliards de dollars, plus que celle allouée au secteur de la santé qui est de 408 millions, alors que pour les prochaines élections qui devront se tenir en 2018, une somme de 132 millions a été inscrite dans le projet de loi des finances.

Signal fort aux investisseurs

A côté de ces mesures d'austérité, le ministre Patrick Chinamasa a également annoncé d'autres réformes envisagées par le gouvernement pour plus de rigueur dans la gestion des finances publiques à travers un renforcement de la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics.

Le gouvernement s'est également engagé à stabiliser le cadre macroéconomique du pays à travers des réformes financières afin notamment de contenir l'inflation, résorber les déficits et relancer la machine économique en panne depuis des années comme en témoignent les indicateurs presque tous au rouge.

«Notre économie ne fonctionne pas au rythme de son potentiel et ne répond pas aux attentes des citoyens, comme en témoignent les faibles niveaux de production et d'exportation ainsi que les niveaux élevés de chômage qui en résultent en plus d'une détérioration continue de la stabilité macroéconomique», a déclaré Patrick Chinamasa.

L'une des mesures phares de ce budget qui ne manqueront pas de provoquer quelques réactions, c'est celle de la révision de la loi dite «d'indigénisation» instaurée sous Mugabe, laquelle limitait à 49% la part des intérêts étrangers dans le capital des entreprises opérant dans le pays. Le gouvernement prévoit de l'adoucir et désormais, ce seuil ne s'appliquera plus qu'aux mines de diamant et de platine. Pour les autres secteurs de l'économie du pays, « ils seront désormais ouverts à tous les capitaux quel que soit leur pays d'origine», a indiqué le ministre des Finances.

A travers cette mesure, le gouvernement envoie un signal fort aux investisseurs et le ministre des Finances a d'ailleurs annoncé que le pays va renouer avec les partenaires internationaux, notamment les principaux bailleurs de fonds afin d'attirer davantage d'IDE.

Dans ses prévisions, le nouveau gouvernement table sur une  croissance de 4,5% en 2018 en misant notamment sur la dynamique qui sera insufflée au secteur agricole, ainsi que le secteur minier dans lequel le pays dispose de véritables niches de croissance. Cependant, avec un taux de chômage de près de 90%, une dette estimée à plus de 5 milliards de dollars et une inflation qui a atteint des proportions inquiétantes, la reprise risque de prendre du temps et dépendra surtout de la stabilité politique pour le prochain exercice budgétaire et les élections déjà prévues pour tourner définitivement la page Mugabe.

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