« Renaissance du Niger » : venu lever 17 milliards de dollars à Paris, Issoufou en repart avec 23 milliards

Par Ibrahima Bayo Jr.  |   |  431  mots
Là où il s'attendait à recevoir 7 milliards de dollars à titre d'investissements de ses partenaires multilatéraux, le Niger devrait empocher 12,7 milliards de dollars.
Une enveloppe largement au-delà des attentes pour le financement d’un plan de développement quinquennal. Au terme de sa « Conférence de la Renaissance du Niger », Mahamadou Issoufou, le président nigérien est reparti avec plusieurs gros chèques. Au total, la levée de fonds de Paris auprès des organismes continentaux et du secteur privé a permis de récolter 23 milliards de dollars, soit plus que les 17 milliards escomptés.

A Paris, Mahamadou Issoufou et son gouvernement ont « vendu » « les opportunités qu'offre le Niger en matière d'investissements avec une centaine de projets porteurs ». Porteurs dans les domaines de la construction de routes, de la mise en circulation de trains, de ponts, de barrages, de centrales solaires, de gazoducs et d'extraction des richesses du sous-sol du pays.

6 milliards de dollars de plus que l'attente de départ

Au terme de sa « Conférence de la Renaissance», les 13 et 14 décembre 2017, l'exposé du Niger a semble-t-il, convaincu ses partenaires qui ont rivalisé de promesses d'investissements pour dépasser les attentes du pays ouest-africain. Le gouvernement nigérien qui s'est engagé à apporter 10 des 17 milliards de dollars dont il a besoin pour financer son Plan de développement économique et social, est reparti de la capitale française avec 23 milliards de dollars d'engagements.

En attendant le versement de ses promesses, soumis à des accords, le détail des engagements fait ressortir que là où le Niger s'attendait à recevoir 7 milliards de dollars à titre d'investissements de ses partenaires multilatéraux comme la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale, l'Agence française de développement (AFD), Niamey devrait empocher un chèque de 12,7 milliards de dollars. En complément de l'enveloppe, le Niger a aussi enregistré des contributions de la Banque d'investissement de la Cédéao, des fonds saoudien et koweitien mais aussi de pays comme la France, le Danemark, l'Italie ou encore l'Espagne.

Les projets sociaux, les grands oubliés ?

Passée cette étape, les défis sont énormes pour le pays qui veut financer sur cinq ans, un plan pour porter sa croissance à 7% là où le FMI table sur une croissance de 5,2% en 2017 et 2018 notamment en raison d'indicateurs macroéconomiques jugés « satisfaisants ». Pour autant, la sécurisation du pays, pris en étau de la menace terroriste pendant qu'il est un des principaux points de passage pour l'émigration, pèse 15% du budget de l'Etat selon Aichatou Boulama Kané, la ministre du Plan.

Néanmoins, l'adoption d'une vision « sécuritariste » de l'investissement pourrait plomber le financement de la sécurité alimentaire dans ce pays de 20 millions d'habitants à la croissance démographique parmi les plus élevées au monde. Pays pauvre mais au sous-sol riche, notamment en pétrole et en uranium, le Niger veut miser sur leur exploitation pour financer des projets dans l'agriculture ou encore l'élevage. L'enjeu est de taille mais les projets sociaux notamment dans l'éducation, la formation, la santé ou l'énergie ont du mal à se faire une place aux côtés des projets d'infrastructures.