Afrique du Sud : le ministre des Finances et gouverneur de la banque des BRICS rattrapé par ses liens avec les Gupta

Par Ristel Tchounand  |   |  519  mots
(Crédits : DR)
C’est le sujet à la une en Afrique du Sud en ce moment. Le ministre des Finances, récemment nommé à la tête de la banque des BRICS, voudrait quitter le gouvernement. Il aurait demandé au président Cyril Ramaphosa de le démettre de ses fonctions après le scandale suscité par ses liens avec les Gupta. Détails.

Nhlanhla Nene, ministre des Finances d'Afrique du Sud aurait demandé au président Cyril Ramaphosa de le démettre de ses fonctions, révèle ce lundi matin Business Daily, citant des sources gouvernementales.

Le ministre est sous pression depuis qu'il a avoué, dans la cadre d'une enquête pour corruption en lien avec les Gupta, avoir eu plusieurs rencontres au domicile de la sulfureuse famille lorsqu'il servait sous Jacob Zuma.

Les excuses qui fâchent

Vendredi dernier, il a publié un communiqué de presse présentant des excuses publiques aux Sud-africains. Mais alors qu'il pensait pouvoir rassurer ses concitoyens par cet acte, celui-ci a plutôt suscité une vive polémique. Et pour cause, lorsque le scandale des Gupta explose il y a plus d'un an, plusieurs responsables gouvernementaux sont amenés à témoigner. Mais à plusieurs reprises, Nene nie avoir eu à faire aux Gupta.

Des révélations qui partagent

A 60 ans, Nhlanhla Nene est l'un des cadres de l'ANC auxquels Cyril Ramaphosa a fait confiance en février 2018 lorsqu'il constituait la nouvelle équipe gouvernementale qui devrait travailler à la restauration de l'économie sud-africaine et de son image internationale après les frasques de son prédécesseur Jacob Zuma.

Pour cet économiste de formation, c'était le retour à un poste qu'il avait en effet occupé trois ans plus tôt. Après avoir servi en tant que ministre délégué aux Finances, Jacob Zuma le nomme ministre le 25 mai 2014, mais le révoque le 9 décembre 2015. Le communiqué officiel ne donne aucune raison de ce limogeage, mais loue le travail du ministre « dans un climat économique difficile » et le « grand respect » dont il jouit « tant que niveau local qu'international ».

Selon les révélations de Nene dans l'enquête en cours, la vraie raison de son limogeage serait le veto émis en 2015 à un accord de 100 milliards de dollars sur l'énergie nucléaire avec la Russie, qui tout en profitant aux Gupta, aurait pu paralyser l'économie sud-africaine. Mais alors qu'une partie de l'opinion publique veut retenir ce point, pour se montrer moins sévère avec le ministre, l'opposition l'accuse d'être impliqué dans des transactions de corruption avec les Gupta entre novembre 2008 et mai 2014, lorsqu'il était vice-ministre des Finances et responsable du fonds de pension de l'Etat. Ce que Nene continue de démentir.

De quoi ternir l'image du pays

Toutefois, ses excuses publiques continuent de faire couler beaucoup d'encre en Afrique du Sud et suscitent maintes interrogations. Pourquoi a-t-il nié avant ? Quel était l'objet réel de ces rencontres répétées ?

Ce scandale entache à nouveau l'image de l'Afrique du Sud qui a obtenu en juin dernier le gouvernorat de la Nouvelle Banque de développement, une institution du groupe des pays BRICS. Et c'est Nhlanhla Nene qui en est devenu le gouverneur. Au travers de ce poste, on voyait déjà l'influence du ministre sud-africain des Finances partie pour s'étendre tant au niveau régional que mondial. Une probabilité désormais hypothéquée. L'ANC a un meeting ce lundi soir où l'affaire Nhlanhla Nene sera certainement à l'ordre du jour.