Une nouvelle polémique s'annonce pour le président sud-africain Jacob Zuma. En effet, la presse locale accuse le chef de l'Etat d'être derrière le « chaos » que connaîtrait actuellement les différents organismes d'application de la loi et d'avoir également rendu la justice vulnérable à la manipulation politique. De nouvelles accusations également liées à la famille Gupta, cette dernière aurait exercé une influence sur les nominations et l'attribution de contrats gouvernementaux.
Des actions qui coïncidaient selon les rapports publiés avec des changements dans l'Etat-major de la police, notamment le patron de l'unité d'enquête spéciale connue sous le nom de « Hawks » et le chef de la magistrature. Pour étayer ces accusations, la presse sud-africaine déclare avoir dans sa possession quelques 200.000 courriels qui prouveraient que les Gupta auraient réussi à « pillé des milliards des fonds de l'Etat ».
Des allégations reprises par l'ombudsman et une équipe d'universitaires qui ont fait des constatations similaires. Une situation qui a poussé Hawks à lancer une enquête sur les couriels ayant filtré, alors que les plaintes déposées par l'Alliance démocratique à l'encontre de Zuma, des Gupta, de plusieurs ministres et dirigeants de l'Etat n'ont débouché sur aucune arrestation ou acte d'accusation.
Turn over à la tête de la police
Un manque de réaction des autorités qui serait dû au fait que l'administration Zuma a eu 5 chefs de police permanents ou intérimaires en 8 ans. Le dernier en date est Lesetia Mothiba qui est rentré en fonction ce mois-ci en remplacement de Khomotso Phahlane qui était ciblé par une unité de surveillance de la police dans une affaire de corruption. Ce dernier a été lui-même nommé à la place de Riah Phiyega qui a dû faire face à une commission d'enquête suite à la mort de 34 mineurs, tués par la police anti-émeutes en 2012, lors de manifestations. S'y ajoutent, Bheki Cele qui avait été épinglé par l'ombudsman pour une affaire de détournement de fonds et Jackie Selebi, condamné à 15 ans de prison pour corruption et décédé en 2015.
Un « turn over » qui touche également l'unité Hawks. Preuve en est, le patron actuel, Yolisa Matakata, qui a été nommé en avril dernier, après que la Haute Cour ait invalidé la nomination en 2014 de Berning Ntlemeza pour avoir menti sous serment. Son prédécesseur, Anwa Dramat a été suspendu suite à des accusations à son encontre sur sa participation à l'arrestation et la déportation illégale de 4 zimbabwéens. Une affaire qui a poussé Dramat a déposé sa démission, ce dernier a également déclaré être pris pour cible pour avoir conduit des enquêtes anti-corruption sur des personnes très influentes.
Le corps de la magistrature n'est pas en reste. En effet, les procureurs sud-africains ont eu 4 patrons depuis 2008, alors que le dernier en date Shaun Abrahams est de plus en plus contesté, bien que nommé de manière permanente. En effet, son aptitude à occuper ses fonctions a été remise en question, après qu'il ait décidé de déposer des accusations de corruption à l'encontre de l'ex-ministre des Finances Pravin Gordhan. Ce « turn over » au sein de l'appareil sécuritaire et judiciaire est avancé par Pretoria comme une preuve de l'engagement de l'Etat « à abolir la corruption et à protéger l'intégrité des organismes d'enquêtes ».