Tchad, Déby joue la carte du fédéralisme

Par Ibrahima Bayo Jr.  |   |  531  mots
Idriss Déby Itno, président du Tchad
Le Tchad pourrait bientôt rejoindre le Nigéria, les Comorres, l'Ethiopie et dans une moindre mesure l'Afrique du Sud sur la liste des Etats fédéraux africains. Le décret portant le projet de la transformation de l'Etat unitaire en Etat fédéral, a été rendu public. Mais il fait resurgir le débat sur la paternité de la proposition de fédéraliser le pays. Explications

C'est peut-être la concrétisation d'une promesse d'Idriss Déby Itno lors de la campagne pour la présidentielle de 2016. Selon un décret rendu public, mardi au soir, le Tchad pourrait devenir au terme de la réforme constitutionnelle confiée à un comité spécial, un Etat fédéral. C'est au Haut comité chargé des réformes institutionnelles (HCRI) qu'il revient la tâche d'effectuer cette transition de la forme républicaine actuelle à la concrétisation d'une fédération.

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 Dans le détail, c'est une révision constitutionnelle qui devrait permettre d'entériner le passage vers la nouvelle forme de l'Etat. Une révision émanant de propositions issues d'un forum national de validation des réformes, placé sous la supervision du HCRI, selon une source à la primature tchadienne qui s'est confiée à l'Agence panafricaine de presse (APA). Plusieurs éléments seront intégrés dans la révision constitutionnelle notamment la limitation du nombre de mandats présidentiels et l'adoption d'un nouveau code de procédure pénale et civile. D'après le décret, cette révision constitutionnelle a pour objectif « d'améliorer l'administration publique pour la rendre plus performante ».

Promesse présidentielle ou proposition opposante ?

Le projet de faire du Tchad un Etat fédéral est une idée qui fait son chemin dans ce pays enclavé d'Afrique centrale grand de 1,2 million de kilomètres carrés pour 12,4 millions d'habitants. Cinquième pays le plus vaste du continent, le Tchad compte aujourd'hui 23 régions, 61 départements et plusieurs cantons. Mais en remontant le cours de l'histoire, en 1993 déjà une conférence nationale avait exacerbé les débats entre les partisans, l'actuel président en tête, d'un Etat unitaire décentralisé face les défenseurs d'un Etat fédéralisé.

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 Si la première forme l'a emporté sur la seconde, l'idée de fédéraliser le Tchad a été d'abord exhumé par un groupe de partis politiques dont les opposants Neatobeye Bidi Valentin, le président du Parti africain pour la paix et la justice (PAP/JS) ou encore Ngarledji Yorongar, le dirigeant du parti Fédération Action pour la République (FAR). L'idée a ensuite été récupérée par Idriss Déby Itno alors candidat à un cinquième mandat sous les couleurs de président du Mouvement patriotique du salut (MPS), le parti au pouvoir.

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Alberto, de son surnom présidentiel, avait fait de la transformation du Tchad en Etat fédéral, une promesse lors de la l'élection d'avril 2016 avant même l'ouverture de la campagne. Le président réélu a-t-il concrétisé une promesse de campagne ? Ou a-t-il plutôt enclenché le processus pour la concrétisation d'une proposition de l'opposition ? Il semble que l'homme fort du Tchad semble vouloir en faire une victoire personnelle puisqu'aucun membre de l'opposition n'est pour l'heure associé au Haut comité chargé des réformes institutionnelles, missionné pour conduire la réforme.