Zimbabwe : pour pousser Mugabe au départ, l’armée joue la mobilisation populaire

Par Amine Ater  |   |  506  mots
L’armée maintient la pression sur Robert Mugabe pour le pousser au départ, en témoigne la manifestation appelant au départ de ce dernier qui se tient ce samedi à Harare. Encadré par les militaires, cette manifestation a été convoqué par la Zanu-PF et les vétérans de la guerre d’indépendance. Parallèlement, Robert Mugabe serait "prêt à mourir" plutôt que de "légitimer le putsch militaire".

La capitale zimbabwéenne, Harare abrite aujourd'hui samedi une manifestation appelant au départ de Robert Mugabe. Un rassemblement pacifique a débuté la matinée du samedi 18 novembre, à Hatfield un quartier populaire en périphérie. Le choix de Hatfield n'est pas anodin, sachant que le parti de la Zanu-PF y a été fondé. L'appel à manifester a était lancé par le parti présidentiel et les vétérans de la guerre d'indépendance.

Mugabe ne lâche rien

Plusieurs milliers de personnes ont pour l'heure répondu présent à l'appel de la Zanu-PF. Encadrés par l'armée, les manifestant se massent au centre-ville acclamant au passage les militaires et portant des pancartes portant des messages comme : « Merci l'armée » et « merci au général Chiwensa ».  L'armée qui organise ce rassemblement a empêché les manifestants d'approcher le palais présidentiel.

Le président zimbabwéen Robert Mugabe et la première dame auraient déclarés être « prêts à mourir pour ce qui est correct et n'ont pas l'intention de démissionner pour légitimer le coup d'Etat militaire de cette semaine ». Une déclaration rapportée à Reuters par Patrick Zhuwao, le neveu du président, réfugié actuellement en Afrique du Sud.

Le président est actuellement assigné à résidence dans le complexe de « Blue Roof » à Harare. Ce dernier a perdu lors des 3 derniers jours le soutien de la ZANU-PF qui a lancé une procédure d'expulsion à son encontre. Robert Mugabe a par ailleurs fait une apparition publique le vendredi matin lors d'une cérémonie de remise de diplômes universitaires.

Les militaires à la manœuvre

Au niveau continental, Alpha Condé, président en exercice de l'Union africaine (UA) dénonçait un « coup d'Etat » et appelait les militaires à mettre un terme immédiat à leur action. Un avis qui n'est pas partagé par Alassane Ouattara, président de la Côte d'Ivoire. Pour ce dernier, « il faut que le président Mugabe puisse quitter ses fonctions dans la dignité. C'est le message que j'ai transmis au président de l'UA ».

Le président ivoirien a également signalé « qu'à son âge et compte tenu de la durée de ses fonctions, tout le monde est conscient qu'il est temps que le président Mugabe cède son fauteuil à une nouvelle génération ».  Pour l'heure, le président ne semble pas prêt à céder sa place, alors que l'armée accentue la pression sur Mugabe. Les militaires semblent déterminés à décrocher le départ de Mugabe dans les plus brefs délais, de manière à maintenir l'image d'une « transition assistée » et non un coup d'Etat.

Un souci de légitimité qui pourrait pousser l'armée à envisager une mise en accusation, si Robert Mugabe maintient sa position. Un haut responsable de la Zanu-PF a déclaré à Reuters que si le président « se montre têtu, nous ferons en sorte qu'il soit renvoyé dimanche. Quand cela sera fait, c'est la mise en accusation dès mardi prochain ».