RDC : glissement de Kabila acté, pas d’élections pour la fin 2017

Par Ibrahima Bayo Jr.  |   |  476  mots
Le président Joseph Kabila, lors du lancement du passeport biométrique en RDC en novembre 2015 dans la capitale Kinshasa.
Jusqu’aux dernières minutes de ce 30 septembre, certains Congolais ont guetté la nouvelle d’un communiqué ou d’une annonce de convocation du corps électoral pour les élections générales. Pourtant, du côté du pouvoir comme de la Commission électorale, tous les signaux indiquaient la non tenue du scrutin. Aujourd’hui que le délai de 90 jours entre la convocation du corps électoral et la tenue des élections au 31 décembre est largement dépassé, le feu de la contestation de la légitimité au pouvoir de Joseph Kabila est sur le point de s’embraser. Explications.

«Les paramètres en notre présence nous donnent plus ou moins des raisons de penser qu'en décembre, il ne sera probablement pas possible de tenir [les élections générales, NDLR] à cette date». Dès juillet dernier, Corneille Nangaa, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en avait déjà annoncé les prémices.

Délai dépassé, pas d'élections et des annonces de «mauvaise foi»

C'est désormais officiel, les élections présidentielle, législatives et provinciales n'auront pas lieu avant le 31 décembre 2017. La convocation du corps électoral, ce 30 septembre, qui pouvait permettre de tenir le scrutin à cette date n'a pas été faite par la CENI. Mathématiquement selon la Constitution congolaise, un délai de 90 jours est requis entre la convocation du corps électoral et la date du vote.

Plus de six mois après la signature de l'Accord du 31 décembre parrainé par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) qui devait organiser la transition après l'expiration du second et dernier mandat de Joseph Kabila, faut-il se résoudre à voir «le glissement» acté ?

Rien n'est plus sûr. Pour calmer la colère qui gronde dans les rues congolaises, la Cenco a annoncé la publication rapide d'un nouveau calendrier pour «être le plus proche possible de cette date du 31 décembre 2017». Mais les multiples annonces de l'organe présidé par Corneille Nangaa ont automatiquement été reportées aux calendes grecques poussant même la société civile à dénoncer un «déficit criant de bonne foi».

Vers un glissement Bis de Joseph Kabila

Dans la foulée de l'arrestation d'une dizaine de militants qui manifestaient ce week-end pour la convocation du corps électoral, la Cenco a réitéré son appel à l'application de l'accord de la Saint-Sylvestre qui prévoit un dépassement de six mois du délai du 31 décembre. Les évêques appellent donc la CENI à se ressaisir pour éviter un embrasement.

Pour l'heure, l'on n'est pas loin d'un scénario Bis repetita du 19 décembre, ce jour correspondant à la fin constitutionnelle du mandat de Joseph Kabila où les mouvements citoyens et une partie de l'opposition avaient prévu une journée de protestation pour contraindre le président congolais à quitter le pouvoir sous la pression de la rue.

D'ores et déjà, l'opposition congolaise se prépare à ce qui se présente comme des jours d'incertitudes. Le lancement d'un vaste mouvement citoyen par Sindika Dokolo, suivi de l'annonce du retour de Moïse Katumbi et la tournée d'Etienne Tshisekedi promettent de pimenter les prochains mois. Tous opposants au régime, ils prêchent pour une transition sans Joseph Kabila. Maître du temps, celui-ci joue habilement avec le temps, les divisions de l'opposition et les ambitions de la classe politique. A-t-il seulement abattu sa dernière carte politique ?