RDC : la riposte de l’opposition face au probable glissement de Kabila

Presque coup pour coup, l’opposition congolaise réplique aux manœuvres du pouvoir. La désignation au sein d’une aile dissidente de l’UDPS de Joseph Olenghankoy comme président du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) par les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat risque d’exacerber la crise politique. Le courant de Felix Tshisekedi annonce déjà des journées « villes mortes » et même un appel à la « désobéissance civile » pour contraindre le pouvoir à organiser les élections et éviter d’acter le glissement de Joseph Kabila.
Ibrahima Bayo Jr.

« On ne peut pas dire que c'est une responsabilité que je prends avec joie ». Joseph Olenghakoy a raison de s'inquiéter de sa désignation controversée, lors du conclave présidé par les présidents de l'Assemblée et du Sénat, comme président du Conseil national de suivi de l'accord.

Calendrier électoral ou calendrier du départ de Kabila, à quel temps se vouer

Sans le consentement de la Cenco et avec le haro général de l'opposition, la désignation de Joseph Olenghakoy pour présider cette organe chargé d'appliquer le fameux arrangement particulier de l'accord de la Saint-Sylvestre, risque de jeter de l'huile sur le feu de la division de l'opposition. Et la « mission » déjà décriée avant l'« entrée en fonction » de ce dissident de l'UDPS face au courant de Félix Tshisekedi, démarre sur des chapeaux de roues.

Deux calendriers vont désormais se chevaucher dans une course contre la montre. Pour se conformer à l'horloge électorale, la date d'un scrutin- et donc son calendrier- doit être annoncée au moins quatre-vingt-dix jours auparavant. Et avec la remise en cause de la personnalité du « président » du CNSA, difficile d'entrevoir une annonce, le 30 septembre prochain, d'une date pour la tenue des élections générales le 31 décembre 2017. Au-delà du 30 septembre, les élections devront se tenir en 2018 pour respecter la loi électorale.

Sourd à cette perspective, le Rassemblement d'opposition sous la direction de Felix Tshisekedi a diffusé un calendrier pour le départ de Joseph Kabila du pouvoir, élection ou pas. Première démonstration de force, les 8 et 9 juillet avec des « journées villes mortes ». Un remake du 3 avril dernier quand l'opposition avait organisé une « journée ville morte » largement suivie, à Kinshasa en tout cas, quelques jours avant le discours à la Nation de Joseph Kabila.

Villes mortes, manifestation et désobéissance civile pour éviter le glissement

Pour faire pression sur le Palais de la Nation, le Rassemblement d'opposition va jouer la carte d'un rassemblement, le 20 août prochain, dans 25 provinces du pays. Au même moment, quatre manifestations spontanées devraient se tenir à Kinshasa. La RDC risque de se retrouver dans une situation similaire à celle du 19 septembre 2016, lorsque des manifestations réclamant, 90 jours avant la fin du mandat de Kabila, la convocation de nouvelles élections, avaient été violemment réprimées avec un bilan de 53 morts selon l'ONU, plus selon les opposants.

Si toutes ces actions ne trouvent pas écho auprès du pouvoir, l'opposition va jouer une dernière carte pour empêcher le « glissement », cette capacité de Joseph Kabila à trouver un prétexte pour se maintenir au pouvoir après expiration de son mandat. L'opposition congolaise lancera alors un appel à la désobéissance civile le 1er octobre prochain en refusant de payer les taxes, les impôts, les factures dus à l'Etat.

« A défaut d'avoir convoqué le corps électoral le 30 septembre, Joseph Kabila ne sera plus reconnu président de la République à partir du 1er octobre », a prévenu François Muamba, dans une déclaration publique pour le compte du Rassemblement.

« Le Rassemblement sous le contrôle du peuple exige la publication sans tarder du calendrier électoral en tenant compte du fait que les élections doivent être organisées en 2017. Le Rassemblement exige également la publication des résultats des opérations d'enrôlement des électeurs le 30 juillet », a listé le rapporteur de l'opposition.

L'exécutif reste sourd aux menaces de l'opposition à qui il avait déjà envoyé des éléments de réponse via cette déclaration surprenante de Corneille Naanga. Lors de son séjour à Paris, le président de la Ceni avait remis en cause la possibilité de pouvoir tenir les élections à date échu c'est-à-dire le 31 décembre. Dans le sillage d'un Joseph Kabila qui a indiqué à Der Spiegel, n'avoir « rien promis du tout », il semble que le pouvoir veuille plus que jamais finir l'année 2017 sur le constat du glissement.

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaires 3
à écrit le 13/10/2017 à 23:33
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C'est ce Rassemblement de Félix Tshisekedi qui a accepté le glissement de Kabila sans fixer les dates des élections dans l'Accord du 31/12/2016. C'est ce que le Rassemblement voulait, le glissement !!! Qu'il reste calme puise que sa volonté se réa...

à écrit le 25/07/2017 à 9:58
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Le Clan Kabila trouve pretexte d,organiser mieux le processus electoral de la RDC pour s,eterniser au pouvoir et la communauté internationnale le poursuive égallement. Je me demandes, pourquoi durant tout ce temps que le fammeux kabila est au pouvoir...

à écrit le 25/07/2017 à 9:45
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Le Clan Kabila colonise la RDC et c,est triste pour l,ellite congolaise que se fait marginalisés juste pour d,interêts du pouvoir ou personnel. Nous savons tous qui est kabila, je ne parviens pas comprendre comment l,ellite intellectuel de la RDC se ...

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