Algérie : les signes d'une reprise des expulsions de migrants se multiplient

Par Ibrahima Bayo Jr.  |   |  461  mots
La grande vague d’expulsion de septembre-octobre 2017 avait provoqué un tollé dans les pays d’origine des migrants africains expulsés. Cette fois-ci, les autorités algériennes ont tenté de faire discret. Depuis ce mercredi 24 janvier, l’Algérie procède à une grosse opération d’arrestations de migrants issus du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Liberia, de la Guinée et du Niger. Regroupés dans un camp à Zéralda, dans la banlieue ouest d’Alger, ils risquent l’expulsion vers le Niger.

Le scénario est resté le même en Algérie. Une escouade de policiers effectue des descentes dans les chantiers, les transports en commun et les lieux publics. Le but de cette opération de grande envergure menée depuis ce mercredi 24 janvier ?

Contrôle de régularité ou rafles contre les migrants subsahariens ?

Des opérations de contrôle d'identité selon certains. Des rafles ciblées contre des migrants subsahariens qui ont été transportés dans des commissariats pour un relevé d'empreintes et des vérifications d'identité et de la régularité du séjour. C'est en tout cas ce que confirme une source humanitaire jointe au téléphone par La Tribune Afrique.

Depuis quarante huit heures, près d'une centaine de migrants originaires du Niger, de la Guinée, du Cameroun, de la Côte d'Ivoire et du Liberia ont été interpellés lors de ces opérations de police pour être conduits dans le camp de Zeralda, dans la banlieue ouest d'Alger. Difficile de décrire avec précision leurs conditions de confinement dans ce camp surveillé par des gendarmes algériens, sous assistance du Croissant Rouge. Qu'y risquent-ils ?

Au mieux, d'être relâchés avec un ordre de quitter le territoire algérien lorsqu'ils sont en situation d'irrégularité. Au pire, leur sort sera le même que les 2000 migrants subsahariens expulsés en octobre 2017. Embarqués dans des bus, ils seraient alors expulsés vers le Niger qui ne peut refuser au nom des règles de libre circulation des personnes au sein de l'espace CEDEAO.

Des arrestations qui annoncent une autre vague d'expulsions

Les autorités n'ont encore fourni aucune explication officielle. Mais la vague d'expulsions d'octobre 2017, guidée par un « profilage ethnique » en violation des droits de l'Homme  selon Amnesty international, avait été justifiée par des raisons sécuritaires. Le traitement des migrants lors de ces expulsions avait motivé les protestations du Mali qui avait réclamé une enquête auprès des autorités algériennes.

Lire aussi : Expulsion de 2.000 subsahariens d'Algérie : un « profilage ethnique », selon Amnesty International

Même si d'autres raisons sont à invoquer, la reprise de ces expulsions corrobore également les raisons qui ont guidé le rappel d'Ousmane Diao Baldé, l'ambassadeur de Guinée à Alger. Une mesure diplomatique décidée par Alpha Condé en protestation d'expulsions d'Africains par un autre pays africain.

Même si peu de bruits notamment dans la presse, entoure ces arrestations de migrants subsahariens, l'affaire devrait être discutée dans les coulisses du 30ème Sommet de l'Union africaine (UA), prévue ce week-end. Alger fournira peut-être à ce moment des explications et des garanties au moment où l'UA veut mettre sur les rails, le projet de libre circulation sur le Continent.