Respecter la loi ou quitter le pays, l’ultimatum du Burundi aux ONG

Par La Tribune Afrique  |   |  402  mots
(Crédits : Reuters)
Plus que dix jours pour se conformer aux nouvelles règles de fonctionnement des ONG étrangères. Ces dernières ont jusqu’au 31 décembre 2018 pour répondre à l’injonction des autorités de Bujumbura. Elle tient en une phrase : respecter la loi ou quitter le pays. Certaines ONG s’y plient, d’autres tentent de faire la résistance. Mais le temps presse.

Pour ne pas heurter ses valeurs, l'ONG belge, Avocats sans frontières, a décidé de fermer son bureau à Bujumbura et de quitter le pays. Ce n'est pas le cas d'une soixantaine d'autres ONG qui se sont pliées à l'injonction assortie d'un ultimatum de Bujumbura.

Une chasse aux ONG étrangères?

Fin septembre 2018, les autorités burundaises avaient décidé de suspendre du 1er octobre 2018 au 1er janvier 2019, l'activité de toutes les ONG étrangères. Leur redémarrage était conditionné à un respect scrupuleux de la nouvelle réglementation mise en place par l'Etat. Cette période de latence était, dit-on du côté des autorités, accordée aux ONG pour qu'elles respectent une loi promulguée depuis janvier 2017.

Cette dernière leur impose un contrôle strict de leurs dépenses administratives et de leurs comptes financiers dont les ONG doivent déposer un tiers auprès de la Banque centrale. Pour se conformer à la législation sur les quotas ethniques, les ONG doivent également employer 60% de Hutus et 40% de Tutsis.

Dix jours seulement séparent les ONG encore présentes de l'ultimatum lancé en septembre 2018 par le Conseil national de sécurité, un organe décisionnel présidé par le président Pierre Nkurunziza. En musclant la législation, ce dernier a lancé une chasse aux ONG internationales, accusées d'exagérer la situation sociale du pays pour en véhiculer une mauvaise publicité à l'international.

Le sablier égrène les derniers jours de l'ultimatum

Désormais, c'est l'attitude du gouvernement que l'on observe à mesure que le sablier égrène les derniers jours de l'ultimatum. Sur les 130 ONG, essentiellement d'obédience religieuse ou basées aux Etats-Unis, une soixantaine se sont empressées de se conformer à la nouvelle loi pour ne pas voir un coup de frein venir interrompre leurs activités. Une cinquantaine d'ONG, encore dubitatives sur la marche à suivre, reçoivent une simple injonction: respecter la loi ou quitter le pays.

Et pourtant le départ de certaines ONG humanitaires pourrait affecter sérieusement la vie de certaines communautés rurales. Le Burundi est traversé par une crise politique qui s'estompe pour laisser place à une crise économique, sociale et humanitaire, exacerbée par les sanctions budgétaires de l'Union européenne. Qu'à cela ne tienne ! Pierre Nkurunziza est décidé d'appliquer le règlement mis en place avec toute sa rigueur. Son ultimatum expire d'ailleurs le 31 décembre 2018 à minuit.