Le Burundi rejette en bloc le rapport onusien sur la situation dans le pays

Les dirigeants burundais ont contesté avec véhémence le contenu du projet de rapport onusien sur la situation sécuritaire dans le pays le traitant de «faux et archifaux». Le document qui sera présenté ce 25 février devant les membres du Conseil de sécurité fait le point sur une situation sécuritaire «calme, mais instable» et une situation socio-économique qui ne cesse de «se détériorer».
En septembre 2017, les membres de la Commission d'enquête indépendante de l'ONU sur le Burundi avaient avancé dans leur rapport qu'ils avaient «des motifs raisonnables» de conclure que des «responsables au plus niveau de l'Etat» ont perpétré des crimes contre l'humanité.
En septembre 2017, les membres de la Commission d'enquête indépendante de l'ONU sur le Burundi avaient avancé dans leur rapport qu'ils avaient «des motifs raisonnables» de conclure que des «responsables au plus niveau de l'Etat» ont perpétré des crimes contre l'humanité. (Crédits : Reuters)

La tension est de plus en plus palpable entre l'ONU et l'Etat burundais. Face à la presse ce samedi 10 février, en marge d'une manifestation organisée par les autorités de la province urbaine de Bujumbura-Mairie abritant la capitale burundaise, les autorités burundaises se sont énergiquement exprimées contre le prochain rapport de l'ONU sur la situation au Burundi, allant jusqu'à désigner son contenu de «faux et archifaux».

«Le gouvernement burundais réfute catégoriquement certaines affirmations sciemment versées dans ce projet de rapport onusien sur notre pays selon lequel la situation politique demeurerait tendue à ce jour. Ces affirmations sont belles et bien fausses comme le prouvent les réalités du terrain, car la paix et la sécurité règnent sur l'ensemble du territoire burundais», a déclaré le porte-parole du ministère burundais de l'Intérieur et de la formation patriotique, Térence Ntahiraja.

Le membre du gouvernement n'a pas hésité à désigner d'infondées les conclusions de l'ONU sur les éventuels dangers du projet de nouvelle Constitution burundaise qui «remettrait en cause les équilibres constitutionnels» instaurés par l'Accord d'Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi (AAPRB).

«Ce projet de rapport onusien sur notre pays renferme des contre-vérités à ce sujet parce que les équilibres de 50% Hutu-50% Tutsi dans les corps de défense et de sécurité, ainsi que de 60% Hutu-40% Tutsi au niveau des postes politiques en ce qui concerne l'administration publique, ont été maintenus dans le projet de nouvelle Constitution qui régira les prochaines élections», a détaillé Térence Ntahiraja.

Sur le plan humanitaire, tel que présenté dans le rapport, le porte-parole également contesté les données du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) qui avancent que «50 000 citoyens burundais pourraient fuir le pays en 2018». Pour Ntahiraja, ces prévisions s'appuient sur des «mobiles politiciens» et ne reflètent «en rien les réalités locales compte tenu du recouvrement de la paix et la sécurité».

Une situation sécuritaire «calme, mais instable»

Le rapport, qui devrait être présenté le 25 février au Conseil de sécurité par le secrétaire général de l'instance, Antonio Guterres, fait le point sur l'évolution de la situation politique au Burundi. Guterres y indique que depuis novembre dernier, le processus de dialogue politique inter-burundais, initié à Arusha en janvier 2016, «reste dans l'impasse et n'a pas progressé de façon notable», que la situation sécuritaire est restée «calme, mais instable», tandis que la situation socio-économique continue de «se détériorer».

Notons que le rapport tient compte de l'état du pays depuis la dernière visite (20 novembre 2017) de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, l'ancien président burkinabé Michel Kafando. D'ailleurs, pour les autorités burundaises, ce dernier serait le premier responsable derrière les «contre-vérités» contenues dans le rapport.

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