Bénin  : l'opposant Sébastien Ajavon condamné à vingt ans de prison pour trafic de drogue

Par Emmanuel Atcha  |   |  398  mots
Richissime homme d'affaires, Sébastien Ajavon était candidat à la présidentielle du Bénin de mars 2016. (Crédits : Reuters)
Sébastien Ajavon a été condamné ce jeudi 18 octobre 2018 à une peine de vingt ans de prison par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme. Le candidat malheureux à l'élection présidentielle dernière est accusé de trafic de cocaïne à l'échelle internationale. Pour le conseil des avocats de l'accusé, ce procès n'est qu'un «simulacre de justice».

Sébastien Ajavon, homme politique, président de l'Union sociale libérale (parti de l'opposition) et richissime patron des patrons du Bénin, vient d'être condamné par la justice béninoise à vingt ans d'emprisonnement ferme. La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, qui juge l'affaire, a également émis contre Ajavon un mandat d'arrêt international. Il est accusé de trafic de cocaïne à l'échelle internationale après la découverte d'environ 18 kg de cocaïne pure d'une valeur estimée à 9 milliards de francs CFA (14 millions d'euros) dans un conteneur destiné à l'une de ses sociétés en octobre 2016.

Actuellement en France, l'homme d'affaires ne s'est pas présenté au procès et a dû apprendre sa condamnation de loin, dénonçant un coup monté.

«Un simulacre de justice»

« Aujourd'hui, nous pouvons dire qu'il n'y a plus d'Etat de droit au Bénin», a déclaré à l'AFP Me Julien Bensimhon, l'un des dix avocats d'Ajavon dénonçant au passage de graves irrégularités dans le système judiciaire. L'avocat révèlera également qu'il lui était impossibilité d'accéder au dossier de son client ou de prendre la parole pour le défendre lors d'une audience qui a duré moins d'une heure. Selon ses dires, lui et ses collègues ne savaient pas de quoi Ajavon était accusé jusqu'à la première convocation le 4 octobre et n'ont également pas eu  droit à la parole, le juge ayant exigé la présence physique du prévenu comme condition pour sa défense.

«Tous les avocats sont muselés, sauf les avocats de la partie civile», s'est indigné Me Bensimhon ajoutant que «ce qu'il s'est passé est inadmissible. Cela fait 34 ans que je suis avocat, et je n'ai jamais eu à vivre une telle situation », dénonçant «un simulacre de justice».

A Cotonou, cette condamnation était pour l moins inattendue : non seulement l'homme en question bénéficie d'une très grande popularité, mais il est aussi connu pour son engagement dans des actions de mécénat. Beaucoup y voient un montage politique contre celui qui est devenu aujourd'hui aux yeux de la presse locale «l'opposant numéro 1 de Patrice Talon ». Les deux hommes s'étaient pourtant rapprochés pour faire tomber le dauphin du président, Yayi Boni, aux élections présidentielles. Depuis lors, leurs relations se sont dégradées.